WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La responsabilité pénale du médecin traitant dans le système pénal camerounais

( Télécharger le fichier original )
par René Serges Maran ASSOUMOU René Serges Maran
Université de Douala- Cameroun - DEA 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

A- Les exigences éthiques dans la pratique de la médecine.

Il est interdit au médecin d'accorder toute facilité à quiconque se livre à l'exercice illégal de la médecine. Cette disposition de l'article 14 du Code de déontologie médicale du Cameroun rappelle le principe selon lequel la médecine est une profession qui obéit au respect des règles édictées par la loi, et l'inobservation de ces règles expose celui qui y contrevient à

135 La sanction disciplinaire vise la punition résultant de l'inobservation de dispositions éthiques et déontologiques, tandis que la sanction pénale recherche la préservation, la réparation de l'acte du médecin ayant préjudicié à son patient et faisant donc de celui-ci un danger pour la société.

des poursuites judiciaires. La médecine, comme nous l'avons vu plus haut, est constituée d'une multitude de spécialités. Il existe des médecins généralistes et des médecins spécialistes. C'est la raison pour laquelle, parce que chaque praticien a une sphère de compétence qui est la sienne, il ne saurait intervenir sur des questions techniques qui ne ressortissent pas de son champ de compétence.

Ainsi en est-il du jugement No 223/CRIM rendu par le Tribunal de Grande Instance (TGI) du Wouri, affaire NDEUMENI NOUBEVAN Charles Dechateau du 23 Décembre 2004. Dans cette espèce, le sieur NDEUMENI, chirurgien dentiste de son état, s'est engagé à opérer l'un de ses patients qui souffrait d'hémorroïdes. L'issue de l'opération s'est révélée tragique dans la mesure où, n'étant pas habilité à effectuer une telle intervention, il a gravement mutilé les organes de base du patient qui a dû par la suite faire recours à des sondes pour pouvoir excréter.

Dans cette espèce, les parties demanderesses à savoir : l'Ordre National des Médecins du Cameroun (O.N.M.C.) et, le sieur NKOUAMO Charles séraphin, se sont constituées partie civile. L'un des griefs reprochés par l'O.N.M.C. au sieur NDEUMENI est << l'atteinte de l'image de la profession du médecin ». Ce dernier contrevenait à l'article 18 du Code de déontologie médicale qui dispose que : << Sont interdites toutes supercheries propres à déconsidérer la profession, en particulier toutes les pratiques de charlatanisme ».

En outre, le médecin dans l'exercice de son art, peut délivrer des certificats, attestations ou documents dans les formes règlementaires. La délivrance d'un rapport tendancieux et d'un certificat de complaisance constitue une faute grave136. Cette pratique, qui est condamnable sur le plan éthique, l'est également sur le plan pénal car, le Code pénal dans son article 259, intitulé << Faux certificat médical », il est énoncé en l'alinéa 1 que : << est puni (...) le médecin, (...), qui pour favoriser ou nuire à quelqu'un, certifie faussement ou dissimule l'existence d'une maladie ou infirmité ou certifie faussement l'existence ou le résultat d'une vaccination ou fournit des indications mensongères sur l'origine d'une maladie, la durée d'une incapacité ou la cause d'un décès ».

Au Cameroun, dans les centres hospitaliers, très souvent, les certificats sont établis avec légèreté, au mépris des dispositions légales. Plusieurs plaintes sont déposées à l'aide des certificats médicaux complaisants qui lorsqu'ils sont découverts entraînent généralement la rétractation des parties poursuivantes. Dans le cadre, des certificats médicaux permettent également d'attribuer des << jours d'incapacité » injustifiés cela avec la complicité de certains

136 Cf. article 21 Code de déontologie médical.

personnels hospitaliers. Il apparaît donc que dans bien des cas, la délivrance de certificat médical, qui devrait servir à la découverte de la vérité, est plutôt utilisée dans un but de fabrication de preuve. D'où la question sur le fondement même de l'établissement des règles éthiques. Il ressort que, si le Code de déontologie est un code de conduite, le but qu'il recherche est la garantie des droits du patient qui passe par une bonne administration des soins.

B- Le fondement de l'établissement des règles éthiques et déontologiques : le renforcement des droits du patient.

Le Code de déontologie est un code de conduite qui accompagne le médecin dans l'exercice de son art. Dans son contenu, nous prenons connaissance des comportements que doivent adopter les médecins avec pour souci premier << le respect de la vie », et les précautions dont ils sont tenus de s'entourer pour une meilleure prise en charge du patient. Les règles éthiques et déontologiques gagneraient à être connues du médecin et du patient, car y sont contenues pour le patient, dans le cadre de ses relations avec le médecin, des garanties telles : le libre choix du médecin par le malade, la liberté de prescription par le médecin et le règlement des honoraires par le malade137.

Dans la pratique de la médecine, le patient, qui est un profane, devrait être tenu informé des droits qui sont les siens, tout comme des obligations auxquelles il est tenu. Malheureusement au Cameroun, le manque criard du personnel médical ne contribue pas à améliorer cet état des choses138.

En effet, les indicateurs de performances actuellement disponibles montrent que notre système de santé est << malade » et devrait être remis en état pour mieux répondre aux besoins de santé publique du pays. On constate par exemple que 15°/° seulement des camerounais ont accès aux soins.

S'agissant de l'offre de soins, elle représente de très grandes insuffisances dans toutes ses composantes, à savoir : les ressources humaines, les infrastructures et les équipements. Le déficit de personnel de santé est une réalité tant sur le plan qualitatif que quantitatif ; on compte un médecin pour 10 000 habitants et un infirmier pour environ 2200 habitants139.

137 Art. 5, Code de déontologie médicale du Cameroun.

138 STRATEGIE SECTORIELLE DE SANTE 2001-2010 du Ministère de la Santé Publique de la République du Cameroun, op.cit., p.3 et suiv.

139 Ibid p.3

Le patrimoine d'infrastructures et d'équipements a connu d'importantes dégradations pendant que les nouveaux investissements ont été limités du fait de la récession économique ; la gestion et le développement de toutes ces ressources s'effectue sans aucune référence normative.

Ces lacunes devraient-elles justifier le « mystère » que constitue pour le profane le corps médical au Cameroun ? En effet, l'absence criarde de personnel et d'infrastructures n'est pas propice à l'exercice de la médecine dans de bonnes conditions, tant pour le professionnel, que pour le patient. Il n'en demeure pas moins que, le patient est lié à son médecin en vertu d'un lien contractuel et, en se référant aux règles du droit des obligations, les parties à un contrat sont tenues d'être informées de leurs droits et de leurs obligations réciproques. Par conséquent, tout patient devrait être informé de ses droits lorsqu'il se rend dans un établissement hospitalier, ainsi que de ses obligations et ceux du médecin. Cette tâche devrait revenir concurremment aux pouvoirs publics et aux établissements hospitaliers.

En définitive, nous pouvons dire que, au vu de la complexité des aspects dont elle fait l'objet, le médecin dans l'exercice de son art peut être sous le coup de plusieurs infractions. Ces infractions, qui peuvent avoir un caractère volontaire (le meurtre) ou involontaire, sont susceptibles de porter atteinte à l'intégrité physique, et même à l'honneur du patient, tout comme aux principes éthiques et déontologiques. Certes, les atteintes à l'intégrité physique ne sont pas seulement applicables aux médecins, d'où leur aspect général développé dans le Code pénal. Seuls sont spécifiques au corps médical les errements allant contre l'éthique et la déontologie. Le constat est clair : Le médecin est un citoyen comme les autres, bien que, lorsqu'il recherche la santé du patient, ses actes soient couverts par l'article 286 du code pénal. Cette disposition ne le met pas à l'abri des poursuites judiciaires lorsque son action est motivée par l'intention de nuire, ou lorsque son abstention a entraîné des conséquences dommageables pour le patient. Le médecin est tenu d'une obligation de moyens et non de résultat. En vertu de cette obligation, il doit justifier qu'il a mis tout son savoir-faire en prodiguant des soins attentifs et consciencieux, et conformes aux données acquises de la science pour apporter la santé à son patient sans toutefois la garantir.

Tout acte médical n'ayant pas satisfait à ces exigences peut entraîner la mise en oeuvre de la responsabilité du praticien.

58

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius