WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La responsabilité pénale du médecin traitant dans le système pénal camerounais

( Télécharger le fichier original )
par René Serges Maran ASSOUMOU René Serges Maran
Université de Douala- Cameroun - DEA 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Paragraphe I : La constatation de l'infraction et la mise en oeuvre des

poursuites pénales.

La date du 27 Juillet 2005 restera mémorable dans l'histoire des institutions du Cameroun comme celle de la promulgation du tout premier Code de procédure pénale. En effet, le législateur camerounais a en vertu de la loi No 2005/007, voté la loi portant Code de procédure pénale. Loi de procédure, elle est venue harmoniser la procédure applicable dans les parties francophone et anglophone du territoire national en abrogeant les dispositions du Code d'Instruction Criminelle (CIC)162 et du << Criminal Procedure Ordinance »163.

Le Code de procédure pénale est présenté comme un instrument ultramoderne mis sur pied pour assurer la célérité de la procédure pénale tout en garantissant une meilleure protection des droits du justiciable. C'est ainsi que de la constatation de l'infraction (A) à la mise en oeuvre des poursuites pénales (B), la procédure à suivre doit obéir à un formalisme bien particulier, bien que parsemé d'obstacles.

A- La constatation de l'infraction pénale en matière médicale.

Le Code de procédure pénale édicte le formalisme requis dans la constatation des infractions pénales. S'il est vrai que les principes par lui énoncés sont généraux pour toutes les infractions, force est de constater que, en matière médicale les obstacles tant de fait que de droit constituent une entorse à la manifestation de la vérité.

Contenue dans le Livre II du Code de procédure pénale, intitulé << DE LA CONSTATATION ET DE LA POURSUITE DES INFRACTIONS »164, il ressort que l'infraction pénale est soit directe (flagrant délit), soit secondaire à une plainte ou à une dénonciation.

162 Ordonnance du 14 Février 1838 portant Code d'Instruction Criminelle.

163 Cap. 43 of the Laws of Nigeria 1958.

164 Art. 59 et suiv.

La recherche des éléments constitutifs de l'infraction peut se faire ainsi, soit dans le cadre d'une enquête préliminaire au cours de laquelle les actes pratiques, dans le cadre de cette enquête ne s'imposent pas à l'intéressé, en dehors de la garde à vue ; soit dans le cadre de l'enquête de crime ou de flagrant délit.

Comment s'effectue dès lors cette phase dans le domaine médical ?

<< L'acte du médecin est un acte salvateur, autorisé par la loi et consenti par le malade >>165. Hormis les cas oh il est surpris en train d'exercer illégalement la médecine, il n'est pas évident pour le profane de dire à quel moment le médecin contrevient aux exigences de sa profession et partant, de le prendre en flagrant délit. Ceci s'explique par le fait que le médecin est couvert par l'article 286 du Code pénal. Ce dernier peut donc invoquer cette disposition pour justifier son intervention.

Le médecin doit prodiguer des soins attentifs et consciencieux, conformes aux données acquises de la science. L'expression << données acquises de la science >> doit tenir compte de plusieurs facteurs. En effet, elle s'apprécie différemment en fonction de l'environnement dans lequel on se trouve. Au Cameroun par exemple, les médecins des campagnes ne disposent pas de mêmes moyens techniques que leurs confrères des grands centres urbains. Ils exercent dans des conditions spéciales dont il faut tenir compte : l'isolement, la distance à parcourir, l'équipement réduit, les conditions sociales de la clientèle qui rendent la tâche incontestablement plus délicate. Ils ne peuvent pas dès lors être soumis aux mêmes exigences que leurs confrères des grands centres urbains.

Par exemple, le médecin qui en campagne procède à un accouchement hors de son centre hospitalier, parce que cela est courant à cause de l'éloignement des centres hospitaliers, pourra t-il se voir reprocher d'avoir méconnu les données acquises de la science ? Au vu de l'environnement pauvre et précaire dans lequel il exerce, le médecin de campagne ne dispose pas toujours de tous les médicaments, de tous les instruments adéquats, du courant électrique, de l'eau stérilisée, du linge, des chaussures, des masques lui permettant d'entreprendre une intervention chirurgicale en toute sérénité. Pourra t-on dès lors parler d'exercice illégal de la médecine dans la mesure oh les soins prodigués par le médecin ne le sont pas dans un cadre approprié? Nous répondrons par la négative car, le médecin, en vertu de son devoir d'humanité se doit de tout mettre en oeuvre pour apporter un soulagement à son patient.

En outre, lorsqu'un patient porte plainte à un médecin, il revient à l'officier de police

judicaire dans le cadre de l'enquête préliminaire de réunir les indices qui contribueront à la

78

165 AKIDA (M), op.cit. p.382.

manifestation de la vérité. Il revient donc à ces officiers de police judiciaires d'entendre à la fois la partie qui accuse et le médecin qui est soupçonné d'avoir commis une faute. De quels moyens dispose l'officier de police judiciaire au Cameroun pour vérifier les déclarations du médecin lorsqu'on sait que la nomenclature médicale est hermétique et pas toujours accessible à l'enquêteur ? S'il est évident que l'interrogatoire est le moyen le plus usité pour la collecte des indices, il serait loisible de faire aussi état de la perquisition.

L'article 107 du Code de procédure pénale dispose que << les perquisitions dans un cabinet de médecin ... ou au bureau de toute autre personne tenue au secret professionnel, sont faites en présence du magistrat compétent et, le cas échéant, de l'intéressé et du représentant de son organisation professionnelle s'il en existe une ».

De ce qui précède, il ressort que la constatation de l'infraction commise par le médecin n'est pas aisée. Cela a pour conséquence qu'il est très rare que le médecin soit poursuivi pour des coups mortels. C'est surtout lorsqu'il y a mort d'homme que l'on cherche généralement à retenir la responsabilité de ce dernier. Pour les premières infractions (les coups mortels), il paraît presque impossible d'établir le lien de causalité entre le coup et la conséquence surtout si le drame intervient dans un intervalle de temps assez long de sa commission. L'officier de police est donc limité dans la constatation des infractions relatives au médecin de par les moyens limités dont il dispose et surtout des aspects techniques qui interviennent dans la détermination de la faute du médecin.

Ces difficultés sont elles aussi rencontrées dans la mise en oeuvre des poursuites pénales ?

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote