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La responsabilité pénale du médecin traitant dans le système pénal camerounais

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par René Serges Maran ASSOUMOU René Serges Maran
Université de Douala- Cameroun - DEA 2006
  

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Paragraphe II : Les autres innovations envisageables.

Etre comptable du bien-être des êtres humains, de leur santé et de leur vie est une énorme responsabilité pour celui qui y est assigné, en l'occurrence le médecin. De ce fait, des innovations significatives devraient être opérées au cours de la formation de médecins et dans la pratique de la médecine au Cameroun (A), tout comme le législateur gagnerait à créer un cadre propice à la protection des patients (B).

A- Les innovations propres à la formation des médecins et à la pratique de la médecine au Cameroun.

La médecine ou l'art de guérir est enseignée au Cameroun tant dans les institutions universitaires publiques (Facultés de médecines et de sciences biomédicales) que privées. Nombreux sont également les pays étrangers dans lesquels nos médecins vont se former. Bien qu'il s'avère impérieux d'améliorer les conditions de travail de nos praticiens (2), il est déplorable de savoir que dans la formation locale, << le droit humain »184 soit insuffisamment enseigné (1).

1- L'enseignement du « droit humain » dans les facultés de médecine.

Dans sa politique de formation des médecins, l'Etat doit former plus et mieux les

praticiens. Le nombre des médecins étant très réduit, on compte au Cameroun un médecin

184 ELONG NGONO (S), << Droits des malades, devoirs des médecins », op.cit.

pour 10 000 habitants. De ce fait, le nombre de médecins doit être accru. Bien que les facultés de médecine aient été créées dans plusieurs universités d'Etat, le constat qui se dégage et qu'il faudra attendre plusieurs années pour avoir des médecins opérationnels, et plus d'années encore pour que la moyenne soit conforme aux exigences de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

En outre, un accent particulier devrait être mis sur la formation des médecins qui s'avère lacunaire. Lorsqu'il est opérationnel, le médecin doit assurer la continuation de sa formation universitaire, doit sans cesse se recycler. En effet, << l'enseignement de la médecine légale n'est pas suffisamment dispensé dans nos facultés et écoles de médecine >>185.

Dans le quotidien national Cameroon Tribune du 20 Novembre 2007, M. MUNA, président du Conseil de l'Ordre national des médecins du Cameroun a formulé des blâmes à l'encontre de plusieurs de ses confrères. Ces sanctions avaient pour cause : la survenance des résultats fatalement imprévus au cours d'une intervention chirurgicale et, la délivrance de certificats médicaux complaisants. Les auteurs de ces méfaits connaissaient-ils les dispositions légales qui encadraient leurs agissements ? Comment peut-on savoir délivrer un certificat médical alors qu'on ne l'a pas appris et qu'on n'en connaît pas les dispositions légales ? Bien sûr, l'article 75 du Code pénal Camerounais dispose que nul n'est censé ignorer la loi.

De ce qui précède, il ressort qu'au Cameroun, les médecins ne sont pas suffisamment formés quant en ce qui concerne le domaine de leur responsabilité, et notamment les dispositions légales qu'ils devraient respecter dans l'exercice de leur profession. Un accent devrait dès lors être mis sur ces différents aspects au courant de leur formation. Mais ne perdons pas de vue que l'efficacité de la médecine passe aussi par l'amélioration des conditions de travail des médecins.

2- L'amélioration des conditions de travail des médecins.

La médecine telle que pratiquée par HIPPOCRATE et telle que présentée dans son très célèbre serment s'apparente à un sacerdoce. La vie des patients et leur bien-être devrait primer sur l'appât du gain ; le médecin ne devrait pas se livrer à ce que la jurisprudence française qualifie de << médecine en série >>186.

185 ELONG NGONO, << Devoirs de médecins >>, op.cit.

186 Tribunal correctionnel de Marseille, 24 Février 1977, G.P. 1978.1.79, note P.J. DOLL.

Parce que << le médecin n'a que des devoirs vis-à-vis du malade >>187, il faudrait que la société pour laquelle il travaille améliore ses conditions de travail en le protégeant contre les actes de ceux qui peuvent nuire à ses devoirs. De ce fait, le médecin Camerounais devrait être exempté d'un certain nombre de servitudes, en l'occurrence, les barrages routiers sur son itinéraire professionnel, les pénalités de stationnement en cours d'activités, ou encore des contraintes de péage en mission sanitaire.

Si les garanties de l'efficacité de la médecine au Cameroun passent par les innovations dans la formation des médecins et dans l'amélioration de leurs conditions de travail, la mise en place d'un cadre propice en vue de la protection des patients s'avère opportune.

B- La mise en place d'un cadre propice en vue de la protection des patients.

Le patient qui se rend dans un centre hospitalier a pour souci premier la quête de la guérison, du soulagement. Il se confie dès lors entièrement au corps médical dont l'accueil, selon qu'il est professionnel ou pas est déterminant pour la suite du traitement de celui-ci. Ils sont nombreux les médecins qui au Cameroun ne connaissent pas les textes qui régissent leur profession. C'est la raison pour laquelle la création d'un corps de règles à l'exemple d'un Code de la Santé publique semble être plus qu'impératif (1), bien que pour l'heure, le problème qui se pose avec acuité est celui de l'assainissement des comportements dans nos hôpitaux (2).

1- La mise sur pied d'un Code de la Santé Publique.

Le caractère épars des textes relatifs à la santé publique dans un pays qui connaît une inflation législative ne contribue pas à encourager les usagers et même les professionnels à les connaître. La mise sur pied d'un Code de la Santé Publique qui contiendrait tous les textes régissant l'organisation, le fonctionnement du corps médical s'avère nécessaire. Un tel instrument serait d'une grande utilité pour le citoyen qui pourrait s'en imprégner, et surtout pour les médecins car il constituerait un code de conduite plus complet.

Si la mise en place d'un Code de la Santé Publique s'avère indispensable, une politique d'assainissement et de réglementation des pouvoirs publics des comportements dans les hôpitaux serait d'un très grand intérêt.

187 ELONG NGONO, << Devoirs de médecin >>, op.cit.

2- La nécessité d'assainir les comportements et la réglementation dans les hôpitaux.

L'accès aux soins dans les établissements hospitaliers est soumis à une pluralité d'exigences pour le patient. Il faut s'acquitter de ses frais de consultations ou les honoraires des médecins lorsqu'ils exercent en clientèle privée. A côté de ces exigences se sont greffés dans la pratique hospitalière camerounaise des comportements aussi déplorables les uns que les autres. Il s'agit en l'occurrence du phénomène de corruption qui a cours dans ces structures (monnayage divers pour rencontrer le praticien, abandon des malades indigents, vol de médicaments, recommandations chez des pharmaciens pour l'achat des médicaments, vente des médicaments par les infirmières). C'est la raison pour laquelle pour une meilleure qualité de soins, il serait important de procéder à l'organisation des contrôles à propos de la qualité des soins dans les hôpitaux. Ces contrôles pourraient être faits par des agents du Ministère de la Santé Publique ou par voie de sondage sur les usagers, et dont les résultats seraient rendus publics.

Bien que salutaire, cette mesure gagnerait à être appréciée par les usagers eux-mêmes par la création au sein des établissements hospitaliers, à l'exemple des cellules anticorruption érigées dans les différents ministères, des cellules de protection des droits des patients qui auraient pour rôle de recenser les plaintes des patients suite aux mauvais traitements dont ils auraient pu être victimes, et s'assurer que ces derniers rentrent dans leurs droits.

En définitive, parce qu'il comporte une pluralité d'aspects techniques, la procédure de mise en oeuvre de la responsabilité pénale du médecin est complexe. Elle est similaire que toutes les procédures en matière pénale en tant qu'elle va de la constatation de l'infraction au prononcé du jugement en passant par la phase d'information. Il faut rappeler que face à la complexité de l'établissement des faits, il est souvent fait recours à l'expertise. L'expertise a pour but d'apporter des éclaircissements face à une question technique qui survient au courant de la procédure. Toutefois, il s'avère nécessaire de mettre en oeuvre un cadre approprié en vue de la protection du patient. Cela passe par les innovations dans le domaine la procédure de mise en oeuvre de la responsabilité pénale du médecin. Il s'agit notamment de la spécialisation des officiers de police judiciaire dans la constatation des infractions en matière médicale, et du recours à l'expertise à la phase de l'enquête préliminaire. Quant aux autres innovations envisageables, elles devraient s'appesantir sur la formation continue des médecins,

notamment, dans son aspect pratique ; d'où la nécessité de mettre en place un cadre propice de protection des droits des patients dans nos centres hospitaliers.

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