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Les relations financières entre l'état et les collectivités territoriales


par Sandrine Cesbron
Université de Bordeaux  - M2 Droit des collectivités territoriales  2020
  

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A. Un encadrement indirect passant par les dotations forfaitaires

Les dotations de l'Etat représentent 30% des ressources des collectivités territoriales. Ce sont des « prélèvements opérés sur le budget de l'Etat et distribués aux collectivités »57.

Il existe toute sorte de dotations, comme des dotations de compensation, qui compensent les transferts de compétences de l'Etat aux collectivités territoriales, ou encore les exonérations et les dégrèvements dont il décide. Mais, la contribution la plus importante de l'Etat est la dotation globale de fonctionnement.

Créée en 1979, son montant n'a cessé de baisser ces dernières années, reflétant ainsi la nouvelle politique de l'Etat, à savoir une diminution de ses concours financiers. Ainsi, elle était de 40 milliards d'euros en 2014, et est passée à 26 milliards en 201958. Et pourtant, beaucoup s'accordent à parler d'une stabilité de la DGF.

Si le mouvement de décentralisation ne semble pas connaitre de ralentissement, les contributions de l'Etat en faveur des collectivités territoriales se font de plus en plus rares. Or, de telles décisions ne peuvent qu'avoir des conséquences sur les budgets des collectivités territoriales, et surtout leurs dépenses.

En effet, en agissant sur leurs ressources, l'Etat pourra inciter les collectivités à réduire leurs dépenses. Dès lors, si leurs dépenses augmentent, mais que leurs ressources baissent, elles vont devoir trouver des solutions, et bien souvent, c'est vers une restriction de leurs dépenses d'investissement que tendent leurs choix.

57 Franck WASERMAN, « Contractualisation financière et libre administration des collectivités territoriales », Constitutions, 2018, p. 271

58 PLF 2019, Jaune budgétaire

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Ainsi, comme l'a remarqué la Cour des comptes, « la réduction des dotations de l'État a eu un effet plus puissant et immédiat sur les dépenses d'investissement, qui ont reculé de 11 % entre 2013 et 2017, que sur les dépenses de fonctionnement qui ont seulement été ralenties. »59

En réalité, et comme elle le souligne également, « la baisse de la DGF a provoqué une inflexion sensible de l'évolution des dépenses de fonctionnement », puisque les collectivités paraissent orienter leurs efforts vers l'équipement local, perçu comme une véritable variable d'ajustement.

Par ricochet, et afin de permettre aux collectivités de se soumettre à leur règle d'or, la réduction de la part forfaitaire de la DGF a eu pour effet d'augmenter la part des dotations de péréquation (B).

B. Un encadrement direct passant par les dotations de péréquation

Selon l'article 72-2 de la Constitution, « la loi prévoit des dispositifs de péréquation destinés à favoriser l'égalité entre les collectivités territoriales. »

La péréquation est donc un principe à valeur constitutionnelle, qui consiste à atténuer les disparités de ressources entre les collectivités territoriales. Pour les communes, l'article L2313-1 du CGCT fixe une liste de onze ratios sur lesquels doit se fonder l'Etat pour leur garantir une adéquation entre leurs ressources et leurs charges. Il peut s'agir de contraintes géographiques, humaines, ou économiques.

Ces dernières années, la part de la DGF consacrée à la péréquation est en constante croissance, ce qui peut s'expliquer par la baisse de sa part forfaitaire. En effet, les communes ont pu bénéficier d'une hausse de la dotation de solidarité urbaine, tandis que le département a bénéficié d'une dotation de péréquation urbaine, et d'une dotation de fonctionnement minimale.

Il convient de distinguer la péréquation horizontale, grâce à laquelle l'Etat verse une somme à une collectivité, après l'avoir prélevé à une autre, de la péréquation verticale, dans laquelle le montant de la dotation est calculé en fonction de ses potentiels financier et fiscal.

Le potentiel fiscal est le rapport de l'ensemble des impositions par habitant, tandis que le potentiel financier est constitué des ressources propres auxquelles on ajoute la DGF.

Pour la péréquation horizontale, comme l'argent passe toujours par un fonds national, il n'y a pas de tutelle exercée par une collectivité territoriale sur une autre. Ce fonds a été créé par la loi du 28 décembre 201160 qui impose aux communes et EPCI dont le potentiel financier est nettement supérieur à celui de leur strate de l'alimenter.

Légitimement, la péréquation semble être une contrainte pour les collectivités les plus riches. Comme le résume Frédéric LAFARGUE, celles-ci sont « amenées à être dépossédées d'une partie de leurs ressources »61 au bénéfice des autres. Pour ce Professeur, le dispositif va à l'encontre même du principe d'autonomie financière.

59 Cour des comptes, « Les finances publiques locales 2019, Fascicule 2 », Rapport sur la situation financière et la gestion des collectivités territoriales et de leurs établissements publics, septembre 2019

60 Loi n° 2011-1977 du 28 décembre 2011 de finances pour 2012

61 Frédéric LAFARGUE, Maître de conférences HDR en Droit public, à la Faculté de Droit de Pau, « La Constitution et les finances locales », Nouveaux cahiers du Conseil constitutionnel (n°42), janvier 2014

En effet, les libertés locales se retrouvent entravées en ce qu'il revient à l'Etat de définir les modalités de la péréquation, ne laissant aucune marge de manoeuvre aux collectivités territoriales.

La seule limite, apportée par le Conseil constitutionnel lors d'une QPC en date du 29 juin 201262, réside dans la restriction des ressources des collectivités au point de dénaturer leur principe de libre administration.

En réalité, les efforts de péréquation n'ont pas permis de réduire les écarts de situation des collectivités territoriales. Pire encore, les espoirs de réduction des dépenses portés par l'Etat ont été anéantis. Voilà pourquoi il a dû adopter des stratégies contraignantes, afin de mieux gérer le budget des collectivités territoriales (Section 2).

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62 Conseil constitutionnel, décision n°2012-255/265 QPC, 29 juin 2012, considérant 7

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Section 2 : L'odyssée malmenée des collectivités territoriales face aux stratégies et contraintes de l'État

Les collectivités territoriales disposent de nombreuses ressources. Si la plupart sont définitives (les taxes, les concours financiers de l'Etat, et les ressources propres), d'autres sont au contraire temporaires. En ce sens, les collectivités doivent les rembourser : il s'agit des ressources issues de l'emprunt. La spécificité de l'emprunt tient en ce qu'il ne peut être utilisé que pour des dépenses d'investissement. Elle permet d'avancer que l'Etat peut limiter la liberté de dépenses des collectivités, en ce qu'il peut les obliger à attribuer telle ressource à un type de dépense donné.

D'ailleurs, si les origines de leurs ressources sont nombreuses et variées, elles disposent de moins en moins de marges de manoeuvre, puisque l'Etat souhaite les soumettre à sa politique de réduction des dépenses publiques.

Pour ce faire, et parce qu'il ne peut pas limiter plus encore la section investissement, l'Etat a décidé d'inciter les collectivités territoriales, par le biais d'un mécanisme financier contraignant, à réduire leurs dépenses de fonctionnement.

Ainsi, les budgets des collectivités territoriales se retrouvent entravés par la maitrise de leurs emprunts par l'Etat (I) d'une part. D'autre part, elles sont également limitées dans leurs dépenses, notamment avec la contractualisation (II).

I. L'amputation des budgets locaux par la maitrise de l'emprunt

L'emprunt ne doit couvrir que des dépenses de la section investissement des collectivités territoriales. Pour s'assurer de cela, l'Etat exerce un contrôle sur les collectivités territoriales, notamment par le biais de ses représentants (A). En parallèle, il régularise les situations des collectivités territoriales qui en montrent la nécessité et qui n'ont pas su gérer leur liberté d'emprunter correctement (B).

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard