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E-Presse : Presse en danger ou complément de l'information


par Thierry Schiltz
Université de Bordeaux 3
Traductions: en Original: fr Source:

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4.7 Etat actuel de la rentabilité des quotidiens sur la toile.

En effet comme on l'a vu auparavant pour qu'un journal se rentabilise et fasse des bénéfices grâces à la publicité, il a besoin d'une forte audience ce qui n'est pas encore le cas d'Internet.

Il y a un ou deux ans les quotidiens pensaient que leurs sites, grâce à la richesse qu'offre le multimédia, allait avoir une meilleure audience. Mais la progression n'est pas aussi forte qu'il ne le pensait, ce qui a amené les quotidiens à se tourner vers d'autres mesures.

La première grosse mesure est de faire payer une partie de leurs contenus mais aussi de licencier des employés qu'ils avaient pris dans l'euphorie d'une montée en puissance de l'Internet.

A cette époque, l'audience des sites ne cessait de croître, ils faisaient figures de poules aux oeufs d'or. Au point que les investisseurs qui sont entrés en 2000 dans le capital de Libération49(*), comme le fonds de capital-risque britannique, étaient surtout alléchés par ses éditions électroniques.

La fin de l'année 2001 a été terrible. Liberation.fr, créé en 1995, a perdu les deux tiers de ses effectifs : il reste 11 salariés sur 32. Le site de Libération n'a récolté que 0,5 million d'euros de recettes publicitaires contre les 2,3 millions prévus au budget. Du coup il a perdu 1,5 million d'euros... Un petit résultat qu'il faut relativiser du fait de l'édition papier qui a perdu, elle, plus de 7,6 millions.

Ailleurs, ce n'est pas mieux : le site du Parisien50(*) s'est séparé de 10 de ses 23 employés. Celui des Echos51(*), d'une dizaine sur 50. Quant au site du Figaro52(*), décapité, il n'a conservé que 3 personnes sur 30.

Les autres sites ont un peu mieux résisté, mais beaucoup d'entre eux, y compris celui du Nouvel Observateur, ont revu leurs budgets et leurs ambitions à la baisse. Même la tribune.fr53(*), qui a dégagé des (petits) profits pour la première fois en 2001, se serre la ceinture en attendant la reprise. « On a été prudent. On a un plan stratégique et on doit rendre des compte tous les mois à notre actionnaire LVMH 54(*)», dit Emmanuel Cacheux, directeur multimédia du quotidien économique. Grâce au soutien de son associé, le groupe Lagardère, le site du Monde , leader du secteur, continue dans une bonne voie, avec une équipe de 55 personnes.

Mais l'ambiance n'est plus à la sérénité. « Il y a deux ans, c'était presque une promotion d'aller travailler sur le web, raconte un journaliste du Monde interactif. Aujourd'hui on se sent menacés55(*) ».

Il faut préciser que les derniers résultats publiés, à l'instant du nombre d'abonnements, fait apparaître 13 000 abonnements ce qui est loin au dessus de l'objectif prévu et qui permet d'envisager une amélioration de l'ambiance.

Le problème ne vient pas seulement de l'audience mais également de la manière très contestée de la vente d'espaces publicitaires en se basant au taux de cliques sur les bandeaux. Ce n'est pas très porteur.

Ainsi, en 2000, l'Express a réalisé 230 000 euros de recettes publicitaires sur son site contre 53 millions d'euros pour la version papier.

Le problème aussi est la gratuité et c'est aussi sur cela que les éditeurs sont en train de réagir.

« Après la gifle de 2001, le défi est de trouver un modèle économique. On ne peut plus espérer tirer 80% des revenus de la publicité »56(*) explique Benoît Lucciani, directeur général du Parisien.com57(*), qui développe le sponsoring. A chacun sa recette: l'Observateur58(*) s'est lancé dans le commerce électronique avec sa boutique « L'objet du mois ». L'Express mise sur les petites annonces. Le site de la Tribune59(*) a échappé au marasme parce qu'un tiers de ses revenus annuels, qui ont dépassé largement les 5 millions de francs , provient de la vente de contenus à des entreprises, essentiellement des banques et des assurances.


Déjà tous les sites, ou presque, font payer la consultation de leurs archives. Une activité peu lucrative, même pour « Le Monde » qui revendique 700 à 1 000 articles vendus chaque jour.

Il est très dangereux pour un quotidien de passer du tout gratuit au tout payant, c'est presque l'effondrement assuré.

Le Monde lui comme d'autres a dorénavant une partie de l'information gratuite et une autre partie à valeur ajoutée payante. Cette partie est à cinq euros le mois ce qui paraît raisonnable.

Le Monde vient de publier ses résultats et il enregistre 13 000 abonnements. Ce résultat est au dessus des objectifs escomptés.

Les échos proposent une partie payante et un abonnement à 299 euros par an qui comprend :

· Tout le Quotidien Les Echos en ligne dès 3 heures du matin
(heure de Paris).

· L'accès à 100 articles par mois au choix extraits des archives.

· Les 10 dernières éditions du quotidien.

En globalisant un peu, Le groupe Innovation International Media a mené en mars dernier une nouvelle enquête pour le compte de la World Association of Newspaper. Cette étude mondiale, réalisée à partir des informations fournies par 429 journaux, se penche sur la stratégie et la viabilité des développements Internet dans la presse. Une viabilité encore fragile, puisque seuls 17 % des journaux interrogés indiquent aborder l'année 2002 en disposant d'une activité Internet rentable. Ils étaient 15 % en 2000. Ce niveau de rentabilité varie selon l'implantation géographique : 39 % des journaux nord-américains indiquent aujourd'hui être rentables sur le Web. Cette proportion tombe à 7 % en Europe et à 5 % en Amérique du Sud.

La rentabilité des activités Internet de la presse en 2002
(source Innovation International Media)

 

Mondial

Europe

Amérique du Nord

Perte

58 %

71 %

35 %

Equilibre

25 %

22 %

26 %

Profitable

17 %

7 %

39 

Reste que parmi les titres interrogés, 2002 apparaît comme une année charnière puisque 25 % des journaux au plan mondial comptent atteindre l'équilibre sur Internet sur l'exercice en cours. Cette perspective est soutenue par la montée en charge des services payants : 46 % des journaux admettent comme "très probable" ou "probable" le lancement d'offres premiums d'ici 2003. Selon l'étude, la marge de progression en la matière apparaît élevée, 84 % des titres présents sur le Net tirant leurs revenus uniquement de la publicité.

Types de services payants proposés sur les sites Internet journaux
(source Innovation International Media, 2002)

.

Mondial

Europe

Amérique du Nord

Abonnements

20 %

19 %

20 %

Services à la carte

70 %

67 %

75 %

Les deux

10 %

14 %

5 %

Sur le plan de l'activité, 48 % des journaux interrogés disposent de deux sites et plus. Ces niveaux d'audience ne semblent pas affectés par l'arrivée de services premiums : 68 % des journaux qui ont lancé des offres payantes n'ont constaté aucune érosion de leur trafic et 14 % une baisse inférieure à 10 %.

* 49 http://www.liberation.fr/

* 50 http://www.leparisien.fr/

* 51 http://www.lesechos.fr/

* 52 http://www.lefigaro.fr/

* 53 http://www.latribune.fr/

* 54 discours cités par stephane Arteta ; « Sale temps pour la presse en ligne » ; Nouvel observateur ; 2002 ; http://www.nouvelobs.com/articles/p1946/a11757.html.

* 55 Idem a la note 1

* 56 Idem a la note 1

* 57 http://www.leparisien.fr/

* 58 http://www.nouvelobs.com/

* 59 http://www.latribune.fr/

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