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I.INTERNET, REVOLUTION CULTURELLE ET SOCIALE OU SIMPLEMENT REVOLUTION TECHNIQUEMa première hypothèse, mise en avant dans cette partie, concerne Internet dans sa globalité. Elle émet qu'Internet est un outil de communication qui va dans l'avenir révolutionner notre société en y modifiant les activités et les relations de notre population mondiale. 1. La révolution d'Internet
Le réseau Internet a bientôt un quart de siècle. En effet, c'est en 1969 que le ministère de la défense américain entreprend de construire un réseau de communication informatique pouvant résister à une attaque nucléaire. C'est encore dans la période de la guerre froide et il importe donc pour le gouvernement et pour les militaires de pouvoir continuer à faire communiquer, dans tous les cas de figures, tous les organismes de la défense. L'architecture originale du réseau s'explique pour cette raison : il ne faut pas créer un noeud central, un centre de commande, qui risquerait, s'il était touché, de bloquer l'ensemble du système. Dans le système Internet, tous les ordinateurs se connectent à travers des milliers de réseaux. Aussi si un réseau ne fonctionne plus, s'il est anéanti par une puissance adverse ou si tout simplement, il souffre d'un engorgement d'appels, alors les informations suivent un autre cheminement pour parvenir à son destinataire. En un mot, Internet est un réseau de réseaux. Ce mode de construction a facilité le développement du système. Dés 1972 le réseau « ARPANET » est mis en place. Il permet la connexion d'une vingtaine de centres militaires et universitaires. Pour qu`Internet devienne un moyen de communication plus large, il faudra attendre 1982, date à laquelle, l'accès aux réseau est accordé gratuitement. L'année suivante la National Science Fondation (NSF) américaine finance la mise en réseau de soixante universités américaines et de trois européennes. En 1985, le réseau de la NSF est intégré à Internet. On estime alors à 5000 le nombre d'utilisateurs du réseau. Surtout la vitesse de transmission augmente progressivement et, en 1986, le réseau est branché sur les lignes publiques. Dés lors, Internet touche l'ensemble de la communauté scientifique. En 1987, 100 000 ordinateurs sont connectés et plus de 3000 centres de recherches dialoguent sur Internet. Progressivement Internet a été détourné de sa fonction militaire pour intéresser les chercheurs et les universitaires. Une communauté d'utilisateur est née, qui dispose de sa propre culture où se mêlent goût pour l'informatique, délire de chercheur et plaisir du dialogue. L'apparition de logiciels d'accès à Internet, sous Windows, pour les micro ordinateurs, facilite l'approche du net. Le plus connu, mosaïc, sera distribué gratuitement à tous les utilisateurs du réseau. En outre, avec le progrès de la compression numérique, la vidéo fait son entrée sur Internet. Les réseaux en ligne se rapprochent ainsi de la qualité graphique du CD-ROM. Mais, c'est surtout à partir de 1992, que le coup d'accélérateur est donné. Les conditions à Internet, pour les entreprises privées, s'assouplissent, de sorte que tous ceux qui possèdent l'équipement nécessaire peuvent proposer des services. Des sociétés commerciales s'installent sur le réseau pour vendre des services et du temps de connexion. Dés lors, de nouveaux acteurs apparaissent sur le réseau, des milliers de personnes se connectent. Internet devient un phénomène de société. 1.2 Lien entre progrès technique et changement social :Je tiens tout d'abord à préciser que ces réflexions faites pour vérifier cette hypothèse ont été théoriquement puisées dans les ouvrages de Dominique Wolton « Internet et après » mais aussi de Philippe Breton « Le culte de l'Internet. Depuis trente ans s'opère une valse de progrès des outils de communication. Les hommes face aux techniques de communication sont pressés, toujours en retard et cherchent le progrès rapide. On a donc, à présent, des moyens de communications qui sont rapides et sans frontière. Internet est depuis quelques années un outil qui est mis en avant. Beaucoup de personnes le considèrent comme un outil qui va bouleverser positivement et radicalement la société. Il doit nous permettre par une meilleure communication d'être plus libre, plus solidaire et de diminuer les inégalités sociales. C'est un outil qui va augmenter le pouvoir de notre démocratie, de par son interactivité possible, mais c'est aussi une porte vers une unification mondiale. On assiste donc à une course du progrès technique pour arriver à une meilleure société. La presse, organe qui est facilement sceptique, est, lui aussi, dans cette optique de la course au progrès. Depuis une dizaine d'années, elle a publié un nombre incalculable de suppléments écrits ou audiovisuels sur les nouvelles technologies, citant constamment les Etats-Unis comme le modèle à suivre et dénonçant le retard des mentalités françaises. L'idée de Dominique Wolton1(*) est de relativiser cette révolution. Selon lui « ces visions technicistes du futur sont toutes fondées sur l'idée, dominante aux Etats-Unis, de la primauté de la technologie sur la société. Leur plus grand défaut est de méconnaître l'histoire... Obnubilés par la technologie, ils ne savent pas que les sociétés humaines ont toujours été plus compliquées que les technologies les plus sophistiquées. » En effet il pense que le progrès technique ne suffit pas à lui seul à faire apparaître une mutation de la communication et de la culture. Il pense que si une technique de communication joue un rôle essentiel, c'est parce qu'elle symbolise une rupture radicale existant simultanément dans l'ordre culturel dans la société. Ce n'est pas l'imprimerie, qui en soi a bouleversé l'Europe, mais c'est le lien entre l'imprimerie et le profond mouvement de remise en cause de l'église catholique. C'est la réforme qui a donné son sens à la révolution de l'imprimerie et non l'imprimerie qui a permis la réforme. De même la radio, puis la télévision n'ont eu cet impact que parce qu'elles étaient liées au profond mouvement en faveur de la démocratie de masse. Si les techniques sont l'élément visible de la communication, l'essentiel est le modèle culturel qu'elles véhiculent, et le projet concernant le rôle et l'organisation du système de communication d'une société. Un autre exemple qu'a cité Dominique Wolton2(*) dans sa théorie est ce qu'il appelle le désert européen de la communication. Il nous explique que s'interroger sur l'intercompréhension européenne ne se limite pas à une interrogation technique. En effet l'Europe est composée de 370 millions d'habitants et ce n'est pas en plaçant des ordinateurs et des télévisions interconnectés que l'on résoudra le problème de la cause européenne. Il va falloir réexaminer l'histoire, les symboles, les représentations, les idéologies, les stéréotypes... et la performance des outils paraît dérisoire. Les pays européens ont tous une forte culture et identité mais s'ils venaient à avoir une volonté de vraiment vivre en commun alors les techniques se joindraient pour effectuer ce lien mais on en revient à la dépendance des techniques par rapport à un modèle culturel et à un projet social. Internet n'est donc pas, à son analyse, une révolution comme beaucoup le déclarent mais il est clair que les nouvelles technologies ont des atouts qui sont incontestables et qui attirent un public essentiellement jeune. * 1 Dominique Wolton ; Internet et après ; ED. Flammarion ; 2000 * 2 Dominique Wolton ; Internet et après ; Ed. Flammarion ; 2000 |