Paragraphe 2 : L'apport des Organisations Non
Gouvernementales et
Associations dans la protection des droits de l'tre humain
en RCA
Nous analyserons ici les Organisations non gouvernementales et
Associations nationales (A) et les organisations et Associations
internationales (B) qui interviennent en RCA pour protéger les droits
humains.
A/ Les Organisations Non Gouvernementales et les
Associations nationales
La question de la protection des droits de tout un chacun
touche vraisemblablement les centrafricains. Ceci s'explique par la
volonté de la création de nombreuses Associations et ONG ayant,
pour la plupart, des objectifs entre autres de protéger et de promouvoir
les droits humains en République Centrafricaine.
Depuis le retour du multipartisme, une presse privée
indépendante s'est développée, des institutions et ONG
chargées de la protection et de la défense des droits de l'homme
se sont constituées16.
En effet, la multiplicité des Associations et ONG
nationales qui protègent les droits de la personne humaine a fait que
nous ne pouvons toutes les énumérer. On présentera
quelques-unes parmi tant d'autres. Il s'agit là de la Ligue
Centrafricaine des Droits de l'Homme (LCDH), de l'Observatoire Centrafricain
des Droits de l'Homme (OCDH), de l'Association des Femmes Juristes de
Centrafrique (AFJC) et du Réseau des Journalistes Centrafricains pour
les Droits de l'Homme (RJCDH).
15 Art.11 de la Loi n°09.004 portant code du
travail de la république centrafricaine dispose : « Tout emploi
doit être justement rémunéré. La
rémunération doit être suffisante pour assurer au
travailleur et à sa famille un niveau de vie décent. Celle-ci ne
doit pas être inférieure aux seuils minima fixés par les
barèmes et grilles salariales en vigueur. Les différents
éléments de la rémunération doivent être
établis selon des normes identiques pour les hommes et pour les femmes
».
16 Document du dialogue politique inclusif.
De facto, certaines de ces Associations et ONG assistent les
victimes de droits violés lorsque celles-ci les font connaitre, d'autres
dénoncent les violations de ces droits une fois constater les faits et
avoir les informations réelles. Certaines cumulent ces deux
modalités de protection pour mieux protéger les droits
humains.
Par assistance aux victimes, on entend le secours ou bien
l'appui apporté à la personne qui a subi une violation de ces
droits fondamentaux.
La protection des droits de la personne humaine signifie le
fait de mettre à l'abri de toute atteinte les droits de la personne
humaine. Cette protection non juridictionnelle, faite par les institutions non
étatiques par voie d'assistance aux victimes, s'exerce sur deux
modalités : on note une assistance juridique réalisée par
certaines Associations ou ONG et une assistance judiciaire ou extra judiciaire
réalisée par d'autres.
S'agissant de l'assistance juridique, elle est exercée
par les Associations ou ONG et se réalise dans le cadre de la
conciliation, accord amiable qui s'effectue directement entre les
intéressés sans l'intervention de la justice ou de la police. On
relève les procédés de l'AFJC et ceux de LCDH.
L'AFJC, en plus de son action consistant à une
assistance judiciaire ou extra judiciaire, assiste également les
victimes des droits violés sous l'angle d'assistance juridique. Avec la
présence d'un centre d'écoute, une fois que la victime se
présente et se fait écouter, alors, la machine d'assistance
juridique peut être mise en place pour essayer de trouver un compromis
à l'amiable par la méthode de conciliation.
Comme l'AFJC protège, en général, que les
droits de la femme, cette assistance se base beaucoup plus sur les litiges
touchant aux relations familiales et conjugales. La plupart du litige
relève des questions de pension alimentaire, de coup et blessures.
De même, la LCDH exerce pour sa part aussi bien une
assistance juridique en vue de trouver une solution non juridictionnelle, mais
qui a force plus ou moins contraignante pour les parties au litige qui
acceptent de lui confier la résolution du litige. Cette assistance ne
peut s'exercer que par la saisine de celle-ci et non la saisine d'une
juridiction.
En conséquence, le non-respect de la décision ou
bien d'accord à l'amiable par le coupable peut toutefois ouvrir une
autre procédure dite juridictionnelle. Ce qui permettra à la
victime de trouver une solution juridictionnelle devant les juridictions
compétentes.
Alors, dans le cadre d'assistance juridique qui engendre la
procédure de conciliation, l'Association ou bien l'ONG saisie doit
pouvoir respecter le principe de confidentialité pour ne pas divulguer
le secret de la victime.
En ce qui concerne l'assistance judiciaire ou extrajudiciaire, la
procédure n'est pas la même que celle de l'assistance juridique
formulée sous l'angle de droit.
D'ailleurs, la procédure devant les instances de
justice surtout est très complexe, alors il est important de se
familiariser avec pour bien la maitriser ; l'apport de celui qui la maitrise
est nécessaire. Si les droits sont violés et qu'on est profane en
la matière, il importe de recourir à une tierce personne de la
matière pouvonsnous guider.
En cela, l'assistance judiciaire ou extra judiciaire des ONG
ou Associations se formule comme étant l'aide apportée aux
victimes (personnes à qui ses droits sont violés) par les voies
de justice. Par leurs avocats, l'assistance a pour but de canaliser ou bien de
guider la victime sur la procédure juridictionnelle, sur la
procédure à entreprendre pour saisir la juridiction
compétente. Elle consiste également soit à secourir la
victime devant les juridictions, soit devant les instances extra judiciaires.
L'assistance judiciaire peut être faite dans l'exercice de recours ou
bien de la saisine d'une juridiction, d'appel ou de pourvoi en cassation. Elle
est valable soit par la mise à disposition de la victime d'un avocat,
s'il en a besoin. Or, l'assistance extra judiciaire est l'aide ou appui qui se
fait en dehors des instances judiciaires. Elle se réalise au niveau de
commissariat, brigade, gendarmerie, mais aussi au niveau d'organe ou
d'institution de l'Etat qui peut être concerné. On illustre comme
exemple l'intervention de la LCDH pour la libération de Monsieur Armel
KAMGOUE, sujet Camerounais arrêté et détenu au Commissariat
Central pour une affaire civile le 19 août 2011 ; la restitution des
documents de voyage d'un opposant, confisqués par le
Pouvoir17.
Ainsi donc, une fois assistées la victime de droits
violés, les Associations et ONG doivent, en plus de cela,
dénoncer ces cas de violations au public. Car, c'est en
dénonçant qu'on peut connaitre s'il y a des violations massives
ou moindre dans tel ou tel pays, dans telle ou telle zone pour en blâmer
si possible.
La dénonciation, dans ce cadre-là, qui est
l'action de dénoncer, a pour mobile de critiquer
sévèrement et ouvertement, de signaler à l'autorité
compétente les violations des droits de la personne humaine comme
coupables à la justice.
Cependant, les ONG et Associations utilisent beaucoup plus ce
procédé pour faire savoir au public national comme international
les violations de tels ou tels droits de l'homme. C'est en cela qu'on peut
jauger le niveau du respect des droits de l'homme dans un pays donné de
telle ou telle époque (espace de temps) et période (moment de
l'histoire marqué par des évènements ou des personnes
importantes).
17 Cf. Rapport d'activités (1er
semestre 2011) de la Ligue Centrafricaine des Droits de l'Homme.
Pour dénoncer les violations, les ONG ou Associations
doivent prouver les faits en les décrivant tels qu'ils sont
réellement présentés. De même, la
dénonciation doit être faite publiquement.
Ainsi donc, de tout ce qui précède, la
dénonciation des violations des droits de l'homme faite par ces ONG et
Associations doit exclusivement se borner sur les faits réellement
existants et non sur des faits imaginaires ou fictifs. La dénonciation
doit se faire dans l'idéologie de la description des faits
réellement avérés (authentique).
Pour la protection de l'être humain, toute atteinte
à ces droits doit être dénoncée dans le but de
céder la place à la répression, car toute violation des
droits de l'homme doit être obligatoirement réprimée. C'est
en ce sens qu'on observe de multiple dénonciation faite, par la LCDH sur
les droits de l'homme, par l'AFJC sur la violation des droits de la femme, par
le RJCDH sur la violation des droits des journalistes et autres. L'analyse de
la dénonciation de l'OCDH sur les conditions de détention des
prisonniers de Berberati nous pousse à se demander s'il y a
effectivement respect des droits humains.
En effet, l'OCDH à déploré publiquement
sur les ondes les conditions de détention des prisonniers de Berberati
qui ont vu imposé le versement de 500 FCFA et de 100fcfa à chaque
famille de prisonnier. La première somme couvre les frais de torture que
devrait subir le prisonnier et la seconde somme permet à la famille du
prisonnier d'avoir accès à celui-ci et de lui amener du repas si
possible18. Ce cas est vraiment frappant et prouve d'ailleurs le
mauvais traitement de ces prisonniers.
Alors, l'action de signaler les violations des droits de la
personne humaine ne doit pas se faire en coulisse. Dénoncer les
violations des droits humains ne veut pas dire que signaler ces violations
comme coupables à la justice, à l'autorité
compétente en privé, ni de manière confidentielle (fait en
secret). Elle doit se faire publiquement et au regard de tout le monde. En
cela, on note le rôle important des médias. Le média,
étant tout support de diffusion de l'information (radio,
télévision, presse imprimée, livre, ordinateur,
vidéo gramme, satellite de télécommunication...)
constituant à la fois un moyen d'expression et un intermédiaire
transmettant un message à l'intention d'un groupe, est le cordon qui
permet le passage de l'information de violation des droits au public. Une fois
faire constater la culpabilité à la justice, à
l'autorité compétente, la répression ne doit que suivre
cette dénonciation dans l'optique de renforcer la protection des droits
humains.
Avec l'appui de celui-ci, les ONG et Associations
dénoncent publiquement au vu et au su de tout le monde et
indistinctement, c'est-à-dire sans distinction.
18 Cf. Information de 19H du 24 février 2012 de
la radio Ndéké luka sur la dénonciation de l'Observatoire
Centrafricain des Droits de l'Homme
Ainsi, nous ne pouvons que citer quelques dénonciations
fermes et publiques faites par la LCDH : sur le cas de violations des droits
humains orchestrée par les éléments de BABA LADE le 21
décembre 2011 à 35 km de Sibut, le cas de TELLO Prince qui a
été froidement amputé de l'oreille gauche par un certain
ABDOULAYE, militaire au grade de Lieutenant en activité au sein des
Forces Armées Centrafricaines (FACA)19. On note
également la prise de position de la LCDH, notamment en publiant un
communiqué de presse pour dénoncer la décision des
autorités centrafricaines interdisant la sortie du territoire aux
opposants après la proclamation des élections groupées de
2011. Elle a aussi dénoncé et condamné, sur les ondes des
radios nationales et internationales, les meurtres et les actes de vandalismes
(saccage gratuit du bien d'autrui) perpétrés lors des
évènements du Km5 suite aux assassinats des deux enfants au mois
d'avril 2011.
L'AFJC, quant à elle, dénonce publiquement la
violation des droits de la femme, en dénonçant les cas d'inceste,
de lévirat, de violences faites aux femmes. Le RJCDH dénonce la
violation des libertés de la presse et même le cas d'arrestation
ou de détention arbitraire des hommes de média.
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