SECTION 2 : LE CONTROLE EXERCE PAR LES ORGANES
INDEPENDANTS
Afin de consolider l'Etat de droit et la démocratie au
Cameroun, depuis le début des années 90, certains contrôles
de type nouveau ont vu le jour avec pour but de renforcer les mécanismes
de contrôle existants. C'est ainsi que nous distinguons le contrôle
de la Commission Nationale des Droits de l'Homme et des Libertés -CNDH-
(paragraphe 1) de celui d'autres contrôles informels (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Le contrôle exercé par la
Commission Nationale des Droits de l'Homme et des Libertés (CNDH)
Il faut noter que cette commission est une émanation
des pouvoirs publics. Une loi définit la procédure de
contrôle (A) et comme toute structure étatique, nous constatons
que son efficacité est relative (B).
A- La procédure de contrôle
La CNDH a été créée par la loi
n° 2004/016 du 22 juillet 200476. D'après l'article 2 de
cette loi, « la commission a pour mission principale la promotion et la
protection des droits de l'Homme et des libertés ». Pour atteindre
ces buts, la CNDH doit contrôler l'action des OPJ. En outre, il ressort
de ce même texte que la CNDH reçoit toutes les
dénonciations portant sur les cas de violation des droits de l'Homme et
des libertés et en fait le rapport au Président de la
76 La Commission Nationale des Droits de l'Homme et
des libertés (CNDH) a remplacé le Comité National des
Droits de l'Homme et des Libertés alors régi par le décret
n° 90/1459 du 8 novembre 1990.
République, saisit toutes autorités des cas de
violation des droits de l'Homme et des libertés, peut procéder en
tant que de besoin aux visites de toute sorte d'établissement
pénitentiaire, commissariat et brigade de gendarmerie en présence
du PR compétent ou de son représentant comme le dispose l'art.2
de la loi précitée. La CNDH a attiré l'attention du
gouvernement dès le mois de juin 1992 sur les conditions de la garde
à vue qui étaient préoccupantes. Mais en dépit de
cela, les conditions qui président à la garde à vue des
suspects ont continué à se détériorer. Elles sont
caractérisées entre autres par les effectifs pléthoriques
dans les chambres de sûreté, elles sont étroites et
malsaines. La non existence dans les unités de police et de gendarmerie
des cellules pour mineurs et rarement l'existence des cellules pour femmes
exclusivement. Dans certaines unités, on a des cellules mixtes,
c'est-à-dire composées d'hommes et de femmes.
B- Une efficacité relative
Malgré son pouvoir limité, il faut noter pour le
déplorer, l'absence constante de la CNDH sur le terrain. Ses visites ne
sont pas inopinées et elles sont le plus souvent annoncées en
grande pompe lors des semaines mondiales77 des droits de l'homme.
Après ces jours, la CNDH replonge dans sa léthargie
légendaire dans l'attente de la prochaine année.
La présence des membres du contrôle a souvent
suscité des incidents dans les postes de police et les brigades de
gendarmerie. On a vu le 07 mars 1992, à la légion de gendarmerie
du centre à Yaoundé, les membres de la commission en mission
d'inspection et de contrôle ont été
séquestrés dans une cellule en même temps que le substitut
du PR qui les accompagnait. Certains gendarmes vont même souvent
jusqu'à empêcher l'accès dans leur unité aux membres
de la commission, prenant pour raison que c'est un terrain militaire, donc
interdit d'accès.
77 Les journées commémoratives des
droits de l'Homme ont lieu chaque année du 20 novembre au 10
décembre.
Les contrôles de la commission sont aussi inefficaces
à cause du texte qui la crée78. Ce texte ne lui donne
pas assez de pouvoirs. Ceux-ci se limitent à de simples constatations.
La CNDH ne pouvant adresser ni un blâme à l'OPJ qui s'est rendu
coupable d'atteinte aux droits de l'homme et aux libertés individuelles,
ni lui enjoindre de faire cesser la violation. Il serait donc souhaitable
qu'elle intervienne en amont pour empêcher la violation des droits et
libertés et non en aval, c'est-à-dire quand il y a eu atteinte.
La CNDH gagnerait beaucoup aussi à être plus présente sur
le terrain79. D'autres institutions participent également
à cette entreprise.
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