WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La problématique de la délinquance juvénile en Haà¯ti de 1995 à  2005

( Télécharger le fichier original )
par Joseph Théofils René
Université d'état d'Haà¯ti - Licencié en droit 2007
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.1.2-Les causes politiques et économiques

1.1.2.1-La situation politique du pays

Le pays a été plongé au cours de ces dix dernières années dans une grave instabilité politique qui n'en finit pas. La lutte pour le pouvoir a placé aux derniers plans les intérêts supérieurs de l'État. Les conflits se succèdent les uns après les autres. Certains politiciens, avides de pouvoir, embrigadent de jeunes enfants et adolescents dont ils exploitent la pauvreté. Ils les utilisent comme machine à tuer, mettant à leur disposition un lourd armement.

Des groupes de jeunes criminels dits « baz » sont ainsi constitués à travers le territoire national. Plusieurs infractions leur sont reprochées : assassinat politique, meurtre, voies de fait, trouble à l'ordre public, vol de voitures, viol, enlèvement et séquestration de personnes, détention illégale d'armes à feu, association de malfaiteurs, etc.

Le lendemain du 29 février 2004, ces jeunes délinquants lourdement armés, ont redoublé d'activités. Tandis que par le passé la minorité délinquante était individuelle et rarement collective, avec pour seuls reproches des délits rarement graves, s'il en était, aujourd'hui elle évolue à l'inverse et est surtout utilisée comme instrument placé au service d'un activisme politique généralisé et systématique.

1.1.2.2-La situation économique du pays

Haïti est le pays le plus pauvre des Amériques avec 80 % des Haïtiens vivant, en effet, sous le seuil de la pauvreté. Notre économie formelle24(*) a été très affectée par la suspension de l'aide économique en 2000. Celle-ci a très partiellement repris en 2003 en dépit de l'absence d'ouverture.

La part de l'agriculture dans le PIB est passé de 44 % en 1950 à 28 % en 1990, alors que notre patrie a long temps été considéré comme un pays essentiellement agricole. Quant à la part de la drogue, elle tend à dépasser celle de l'ensemble des secteurs conventionnels. Selon une récente étude25(*) Haïti serait devenu, après Puerto Rico, la plaque tournante de la drogue. Le maintien d'un embargo injustifié sur l'aide humanitaire envers Haïti, l'un des pays les plus pauvres du monde, par les États-Unis26(*) a fait geler plusieurs milliards d'euros d'aide tandis que la population souffre encore et voit diminuer son espérance de vie radicalement.

Le secteur informel, quant à lui, grossit le gagne-pain des plus démunis et de certains riches qui en profitent à bon compte. Sur 100 emplois en milieu urbain, 6627(*) relèvent de ce secteur. Une enquête à but multiple de L'IHSI a révélé que le taux de croissance du PIB est passé à 0 % en 2002. Le chômage s'est accentué de l'ordre de 30% au courant de la même année, alors que l'inflation a atteint le taux de 8.7 %28(*). Le prix des loyers s'est accru en dépit de la loi du 14 septembre 1947 et celle du 29 janvier 1959 sur la réduction du coût des loyers.

La dégradation de l'environnement en milieu rural a considérablement accentué l'exode rural. L'IBESR, en référence à ces travaux, soutient que les familles, fuyant la misère des campagnes, abandonnent leur milieu d'origine, arrivent à Port-au-Prince des régions du Nord-Ouest, du Nord, du Sud, de l'Artibonite, de l'Ouest pour s'y installer. Cet institut a dénombré, pour l'année 1973, près de 43 157 ruraux à la capitale. Environ 20.764 ont laissé la capitale peu de temps après leur arrivée. Le reste, soit 22.390, s'y s'est établit définitivement. Aujourd'hui la capitale compte environ deux millions (2.000.000) habitants, une ville qui, dans le temps, hébergeait près de 150,000 habitants. Population pour laquelle elle avait été construite.

Cette réalité économique, de plus en plus précaire, affecte surtout les couches paysannes qui émigrent et viennent grossir les zones marginales urbaines. Elles y placent leurs enfants en domesticité. C'est de là que proviennent, fort souvent, certains enfants ou mineurs délinquants qui habitent surtout les ghettos des grandes villes, principalement à Port-au-Prince.

D'après les statistiques de l'IHSI, ce sont les familles des classes moyennes qui recrutent la plus grande quantité d'enfants domestiques à leur service. Actuellement, Port-au-Prince, à elle seule, contient les 2/3 des enfants placés en domesticité. 60 à 80% sont des filles. Ils se sont fait appeler : « restavèk ». Selon le rapport d'enquête de l'IBESR, la population d'enfants domestiques d'Haïti est estimée à environ 130.000 jeunes. 82% d'entre eux vivent en milieu urbain.

Les mauvais traitements subis dans la famille d'accueil, la malnutrition sont autant de facteurs criminogènes pouvant inciter les jeunes à la délinquance. Selon le Centre de Recherche Caraïbe Sociologique de la Famille Antillaise29(*), il est fait mention qu'une bonne quantité d'enfants des rues, de prostitués et de prisonniers de chez nous sont d'anciens « restavèk ».

* 24 Les usines de sous-traitance

* 25 Ses études ont été faites et rendues publiques par l'UNDCP

* 26 Courrier International, février 2003

* 27 Source : IHSI

* 28 Bulletin de la République d'Haïti # 20, septembre, 1990.

Exercice 89-90. Voir aussi les statistiques en ligne de la BRH

* 29 Centre de Recherche Caraïbe, « Sociologie de la Famille Antillaise », op. cit. p. 45-46.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway