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Transition démocratique dans le monde arabo-musulman : le cas de la Tunisie

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par Mourad Ben Abdallah
Université de Genève - licence ès sciences politiques 2006
  

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Ben Abdallah Mourad ( leaders_chtu@yahoo.fr) 12 mars 2006

Transition démocratique dans le monde arabo-musulman : le cas de la Tunisie

1. Problématique 2

2. Cadre théorique 5

2.1. Hypothèse culturelle 7

2.2. Hypothèse économique 7

2.3. Hypothèse politique 7

2.4. Hypothèse diplomatique 8

3. Méthode 8

4. Dimension culturelle 9

4.1. Culture politique 9

4.2. Religion 13

5. Dimension économique 17

5.1. Clientélisme 17

5.2. Mondialisation 20

6. Dimension politique 25

6.1. Contrôle de la société 25

6.2. Rôle du président 29

7. Dimension diplomatique 31

8. Conclusion 33

9. Bibliographie 37

1. Problématique

La question du développement de la démocratie à travers le monde fait régulièrement la une de l'actualité, en particulier depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Ainsi, depuis le renversement du régime irakien de Saddam Hussein en avril 2003, les pays occidentaux, et en particulier les États-Unis, semblent se soucier d'avantage de l'absence de démocratie, en premier lieu dans le monde arabo-musulman1(*). Ils tentent depuis lors de l'implanter, notamment avec la conception d'un plan « Grand Moyen-Orient » destiné à développer la démocratie dans cette région ou, au mieux, à la favoriser en soutenant les forces opposées aux régimes autoritaires en place ou en poussant ces gouvernements à plus d'ouverture. En réponse, la démocratie est parfois décrite comme un phénomène purement occidental2(*), symptôme de velléités impérialistes, et qui ne pourrait donc pas être exporté et introduit dans ces sociétés3(*). Dans ce contexte, on peut légitimement s'interroger sur les raisons pour lesquelles le monde arabo-musulman est l'une des rares régions du monde où la démocratie ne parvient pas à s'implanter de façon durable4(*), bien que la situation n'y est de loin pas homogène, allant des élections pluralistes du Liban à l'absence totale d'élections comme aux Émirats arabes unis ou à Oman.

Si l'on se penche sur la littérature qui traite aujourd'hui de la démocratie dans le contexte des pays du Maghreb et du Proche et Moyen-Orient, on peut constater que quelques études ont d'or et déjà été menées, notamment celle effectuée sous la direction de Ghassan Salamé, et dont ont peut tirer un certain nombre de conclusions pertinentes dans le cadre de cette recherche. Ainsi, l'étude avance que la stratégie des États affecte de façon importante l'existence et le rythme d'un éventuel processus de démocratisation de leur régime politique. Ceux-ci, en fonction des contraintes qui peuvent s'exercer sur eux, de l'intérieur ou de l'extérieur, peuvent mettre en place ce processus mais dans le but d'assurer leur propre survie dans un environnement international devenu défavorable d'un point de vue économique (avec l'accélération de la mondialisation) ou stratégique (avec la lutte contre le terrorisme islamiste et les pressions étrangères en faveur de la démocratisation)5(*). Cette instrumentalisation de la transition démocratique par l'État peut également être une tactique adoptée par les autres acteurs politiques, opposés à celui-ci, dans une optique de contestation du pouvoir en place et dans l'espoir de le remplacer. Toutefois, cette théorie s'inscrit dans une approche comparative destinée à dessiner les contours d'une explication globale et ainsi à analyser les conditions générales qui peuvent ralentir ou accélérer l'émergence de la démocratie dans le monde arabo-musulman. Il est donc plus rare que ce type d'analyse se concentre sur un pays déterminé qui dispose par définition de caractéristiques qui lui sont propres, qui peuvent ne pas se retrouver dans d'autres contextes nationaux et qui peuvent en conséquence ne pas être prises en compte dans une étude plus générale. Or, lorsque c'est le cas, la problématique de la transition démocratique n'est souvent pas développée à part entière mais est incluse dans une analyse plus large de la trajectoire historique d'un pays donné et incorpore aussi les dimensions économiques, sociales et politiques. Assurément, le problème de la démocratie ne peut être considéré comme une problématique cloisonnée des autres sphères de la société. Pourtant, une étude sur le processus de démocratisation centrée sur un pays donné pourrait permettre d'affiner la théorie générale telle qu'énoncée plus haut en prenant en compte les éléments particuliers qu'une analyse générale délaisse par définition.

C'est pourquoi le but de cette recherche est de participer à l'enrichissement de l'analyse des transitions démocratiques dans le monde arabo-musulman par une étude sur les raisons affectant l'avènement ou non d'un tel type de régime dans un cas précis. Le choix du cas se porte ici sur la Tunisie pour deux raisons principales : d'une part, parce que ce pays m'est familier, qu'il m'a été possible de suivre de façon régulière sa vie politique depuis de nombreuses années et ainsi d'en appréhender les divers enjeux. D'autre part, parce que ce cas présente un certain nombre de critères qui rendent son analyse particulièrement appropriée dans l'optique de ce travail. En effet, faisant partie du monde arabo-musulman, la Tunisie se distingue sur trois plans :

D'une part, elle est un pays modèle en matière de développement. Disposant du PIB par habitant le plus élevé du Maghreb (3572 dinars tunisiens en 2004 soit près de 2650 dollars US6(*)), il est aussi l'un des pays les plus avancés du monde arabo-musulman tant du point de vue social (notamment dans les domaines de l'alphabétisation et de la place des femmes dans la société) qu'économique (taux de croissance soutenu et inflation maîtrisée). Dans ce contexte, la classe moyenne, dont le développement s'est accéléré au cours des dernières décennies, continue de se renforcer dans un environnement marquée par la libéralisation de l'économie.

D'autre part, la Tunisie est caractérisée par une cohérence aussi bien sur le plan ethnique que religieux et linguistique (98% d'Arabes et 98% de musulmans7(*) de confession sunnite). Or, beaucoup de pays du monde arabo-musulman connaissent une grande diversité sur une voire plusieurs de ces dimensions (populations kabyles en Algérie et berbères au Maroc, Kurdes et Arabes de confession sunnite ou chiite en Irak et en Syrie, majorité d'étrangers au sein de la population aux Émirats arabes unis, etc.). Ces facteurs peuvent affecter une éventuelle transition démocratique car les acteurs politiques auront tendance à représenter leur communauté respective au détriment d'une recherche de l'intérêt général8(*) et à faire valoir leurs revendications dans des contextes nationaux marqués par le nationalisme et une importante centralisation du pouvoir autour de l'exécutif.

Enfin, le régime tunisien produit un discours sur la démocratie et l'état de droit et ce depuis près de vingt ans, contrairement à d'autres régimes de la région (comme la Libye, l'Arabie saoudite ou la Syrie) qui ont adopté cette rhétorique plus récemment et sous des pressions internes et externes. À l'appui de ces discours, le gouvernement tunisien a pris plusieurs mesures institutionnelles, dès l'arrivée au pouvoir de l'actuel président Zine El Abidine Ben Ali le 7 novembre 1987, afin d'aller dans le sens d'un régime plus démocratique (fin de la présidence à vie instaurée pour son prédécesseur Habib Bourguiba en 1974, légalisation de plusieurs partis politiques ou encore ouverture de la scène médiatique au secteur privé). Toutefois, les critiques régulières des opposants tunisiens de diverses tendances, relayées par des ONG occidentales comme Reporters sans frontières, Amnesty International ou Human Rights Watch9(*), laissent penser que le processus, malgré la rhétorique officielle, n'est pas arrivé à son terme, c'est-à-dire l'instauration d'un régime permettant la compétition équitable des différentes conceptions de la société tunisienne.

* 1 CAMAU, Michel et GEISSER, Vincent, Le syndrome autoritaire. Politique en Tunisie de Bourguiba à Ben Ali, éd. Presses de Science Po, Paris, 2003, p. 37-38

* 2 EL-AZMEH, Aziz, « Populisme contre démocratie. Discours démocratisants dans le monde arabo-musulman », in SALAMÉ, Ghassan [sous la dir. de], Démocraties sans démocrates. Politiques d'ouverture dans le monde arabo-musulman et islamique, éd. Fayard, Paris, 1994, p. 242

* 3 SALAMÉ, Ghassan, « Où sont donc les démocrates ? », in SALAMÉ, Ghassan [sous la dir. de], Démocraties sans démocrates. Politiques d'ouverture dans le monde arabo-musulman et islamique, éd. Fayard, Paris, 1994, p. 29

* 4 LUCIANI, Giacomo, « Rente pétrolière, crise fiscale de l'État et démocratisation », in SALAMÉ, Ghassan [sous la dir. de], Démocraties sans démocrates. Politiques d'ouverture dans le monde arabo-musulman et islamique, éd. Fayard, Paris, 1994, p. 199-200

* 5 EL-AZMEH, Aziz, op. cit., p. 237

* 6 MAGHREB ARABE PRESSE, « La Tunisie a réalisé un taux de croissance de 6% en 2004 », 3 mars 2006, http://www.jeuneafrique.com/pays/tunisie/gabarit_art_afp.asp?art_cle=MAP70806latunneedec0, consulté le 4 mars 2006

* 7 FREEDOM HOUSE, « Country Report - Tunisia », Freedom in the World, http://www.freedomhouse.org/template.cfm?page=22&year=2005&country=6850, consulté le 11 janvier 2006

* 8 EL-AZMEH, Aziz, op. cit., p. 240

* 9 FREEDOM HOUSE, « Country Report - Tunisia », Freedom in the World, http://www.freedomhouse.org/template.cfm?page=22&year=2005&country=6850, consulté le 11 janvier 2006

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