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L'intervention de l'état constitue-t-elle un fait justificatif de l'entente ?

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par François VOIRON
Paris II Panthéon Assas - Master II Droit européen des affaires 2010
  

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2. L'exigence d'un lien de causalité entre le texte et la pratique

Ainsi que la lettre de l'article L.420-4 I 1° du Code de Commerce l'indique, la pratique anticoncurrentielle doit résulter du texte invoqué pour la justifier. Cette exigence impose à l'auteur des pratiques qui entend se prévaloir d'une exemption pour ordre de la loi de démontrer en quoi son comportement était la conséquence immédiate et nécessaire de l'application du texte en question. En l'absence d'une telle démonstration, l'exemption est tout simplement inapplicable86.

Tout d'abord, la démonstration de ce lien de causalité exige que le texte justificatif ait été concu spécialement comme une dérogation au principe de libre concurrence. Cette dérogation doit être l'objet du texte et en ce sens, le texte en question doit revêtir un véritable objet anticoncurrentiel. Ainsi, si une disposition n'a pas été concue comme une dérogation explicite aux regles normales de concurrence interdisant les ententes, en aucun cas elle ne peut servir de base à une exemption, même si le comportement anticoncurrentiel

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a été adopté par les entreprises afin de faire application de cette disposition . Cette exigence implique encore que le comportement adopté par l'entreprise ait été spécialement prévu par le texte invoqué. Ainsi, l'interdiction de vente à perte n'oblige en aucun cas un groupement de producteurs à mettre en Ïuvre une entente sur les prix: tel n'est pas

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l'objectif du texte qui n 'a, au surplus, pas prévu de légitimer un tel comportement . Il en est de même lorsque le comportement adopté dépasse le champ d'application de l'exemption prévue par le texte 89 .

85 Cour d'Appel de Paris, 4 février 1997, Conseil regional de l 'ordre des architectes d 'Auvergne et de M. Dragoljub Pavlovic.

86 Conseil de la Concurrence, décision n°01-D-07 du 11 avril 2001 relative à des pratiques mises en Ïuvre sur le marché de la répartition pharmaceutique.

87 Conseil de la Concurrence, décision n°91-D-45 du 29 octobre 1991 relative à la situation de la concurrence sur le marché de l'exploitation des films dans les salles de cinéma.

88 Conseil de la Concurrence, décision n°07-D-50 du 20 décembre 2007 relative à des pratiques mises en Ïuvre dans le secteur de la distribution de jouets.

89 Conseil de la Concurrence, décision n°87-D-53 du 1er décembre 1987 relative à la situation de concurrence dans le domaine des honoraires d'architectes.

DÕautre part, le comportement anticoncurrentiel doit etre la consequence directe et nécessaire du texte invoqué comme justification. En d Õautres termes, le texte ne doit laisser aucune latitude à lÕentreprise pour decider de commettre ou non une pratique anticoncurrentielle : lÕautonomie de decision de lÕentreprise doit etre anéantie. Le comportement incriminé doit donc etre la seule solution pour appliquer le texte en cause. Il ne doit donc pas exister de comportement non-incriminé permettant de répondre efficacement aux exigences du texte. Dans le cas contraire, le comportement litigieux trouve son origine à la fois dans le texte en question mais également dans la decision de lÕentreprise et l'exception ne peut alors fonctionner.

Ainsi, le Conseil de la Concurrence a rendu un nombre important de decisions à propos des mesures spécifiques imposées aux pharmaciens en matiére de sante publique, considérant que les obligations imposées ne rendaient pas obligatoires et automatiques les ententes mises en Ïuvre entre les officines. Le Conseil

a par exemple considéré que le plafonnement des remises pouvant etre consenties par les grossistes aux officines nÕétait pas une cause directe et nécessaire de lÕentente visant à geler les parts de marché ou à entraver l'entrée dÕun nouveau concurrent90. De même, le Conseil de la Concurrence a jugs que l'obligation de garde le dimanche ne légitimait en rien les ententes entre officines afin que seule la pharmacie de garde soit effectivement ouverte91.

LÕexigence dÕun lien de causalité nécessaire et ineluctable est donc trés difficile

à

surmonter pour les entreprises qui souhaitent se prévaloir de l'exemption de l'article L.420-

4 I 1 du Code de Commerce, particuliérement devant les autorités de concurrence.

Même si elles parviennent à effectuer la demonstration de l'existence du lien de causalité direct et nécessaire, leurs efforts sont parfois anéantis par lÕinterprétation que font les juridictions nationales du droit communautaire.

90 Conseil de la Concurrence, decision n01-D-07 du 11 avril 2001 relative à des pratiques mises en Ïuvre sur le march& de la repartition pharmaceutique.

91 Conseil de la Concurrence, decision n90-D-08 du 23 janvier 1990 relative à des pratiques constatées en matière de fixation de la durée dÕouverture des pharmacies libérales.

L'intervention de l'État constitue-t-elle un fait justificatif de l'entente?

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