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L'effectivité des droits de l'enfant en Cote d'Ivoire


par Arsène NENI BI
Université Jean Moulin Lyon 3 - Doctorat en droit public 2018
  

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CONCLUSION GENERALE

Cette étude a permis de renouveler le débat autour de la trop controversée notion de droits de l'enfant à cette époque où les droits de l'homme connaissent un regain d'intérêt. Elle a abouti à l'appréhension de son sens et de son contenu aussi bien théorique qu'empirique.

Tels que définis et encadrés par les instruments internationaux les concernant et précisés par les textes nationaux, les droits de l'enfant ont fait l'objet d'une adaptation nationale à la suite de leur ratification ou de l'adhésion de la Côte d'Ivoire à ces instruments.

L'architecture actuelle de la protection de ces droits telle qu'elle est élaborée par les autorités nationales permet d'en donner une vision formelle susceptible de rendre crédible l'exercice d'une telle protection. Des mécanismes de garantie prescrits par les normes internationales mises en oeuvre à travers un dispositif institutionnel complexe et souvent fort éloignée de la dimension concrète de ces droits , renforce le formalisme de cette protection. La recherche tente de montrer que, par le simple effet de la participation de la Côte d'ivoire à ces normes et de leur réception nationale selon les procédures requises et au moyen de garanties appropriées, l'effectivité des droits de l'enfant pourrait être considéré comme réalisée.

Il n'en est rien. Certes, l'un des grands enjeux de la question de l'effectivité des droits de l'enfant en Côte d'Ivoire réside d'abord dans la reconnaissance nationale de l'ensemble des normes proclamant ces droits et assurant leur protection. Les analyses qui viennent d'être développées se sont dès lors attachées à suivre le « fil d'Ariane » que représente la question fondamentale de l'intégration dans le droit national ivoirien de ces normes internationales de protection.

Les deux moments essentiels de cette intégration qui constituent autant de « cailloux blancs » pour le petit poucet observateur ressortent clairement de ce qui vient d'être dit, à savoir : une phase de participation internationale de la Côte d'Ivoire aux divers instruments internationaux, universels et régionaux, et une seconde dite de détermination nationale, au cours de laquelle les

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droits internationaux font l'objet d'une transcription nationale, placée sous le respect des exigences constitutionnelles du pays. De même, des mesures nationales d'accompagnement, notamment d'un point de vue juridique et institutionnel sont prises pour traduire la réalité juridique de l'existence de ces droits dans le droit ivoirien.

Il n'est pas contestable pour autant que cette « image juridique » qui peut attirer le respect devant l'importance des engagements et la volonté de leur concrétisation n'est pas des plus nette. Ne permettant qu'une présentation théorique, elle est marquée par d'importantes limites quant à l'impact de ce système juridique des droits de l'enfant sur la réalité de leur respect.

L'analyse par l'étude du jeu des divers acteurs de la protection, étatiques et non étatiques, le contexte de crise qui a profondément et probablement, durablement marqué le pays au cours des dernières années, conduisent dès lors à soumettre cette approche formelle aux constatations du terrain. A cet égard, les manifestations diverses des atteintes multiformes aux droits de l'enfant, que celles-ci soient d'ordre général comme la banalité du quotidien le montre souvent, ou qu'il s'agisse plus gravement des violations envers des droits particulièrement protégés, c'est le constat d'ineffectivité qui tente à s'imposer. Il est vrai que pour une catégorie vulnérable du droit telle que l'est celle des enfants, tous les droits qui leurs sont reconnus, soit directement, soit par la voie d'obligations à la charge des Etats, tous les droits doivent être considérés comme protégés. Néanmoins, le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant concernant l'implication des enfants dans les conflits armés, envisage une protection spéciale soumise au contrôle international et qui devrait à ce titre être respecté. L'on est cependant en cette matière, au vu de l'histoire récente de la Côte d'Ivoire et des soubresauts sociopolitiques d'une grande partie de l'Afrique de l'ouest, très loin de la réalité concrète. Il en est de même de la situation évoquée au plan régional par la charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant qui prévoit également une protection spéciale élargie aux cas très divers d'enfants en conflit avec la loi, enfants des rues ou enfants dans les rues selon les conceptions, enfants subjugués par des situations décrites dans l'étude, à l'extérieur ou à l'intérieur des institutions d'encadrement et en tant que tels susceptibles d'être en danger, devraient conduire à une protection renforcée.

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Or, cette réalité d'ineffectivité traduit le fait que des lacunes importantes existent toujours dans la prise en charge des enfants en Côte d'Ivoire, dans le cadre de leur famille relativement instable ou démunies, dans le cadre des établissements d'accueil, dans la rue, et même lorsque l'Unicef intervient dans certaines circonstances, dans le centre de transit et de réinsertion qui sont mises en place. Les scandales d'agression sexuelle d'enfants ou d'enlèvement et assassinats d'enfants continuent de défrayer la chronique et l'on ne peut faire que le constat de l'impuissance de l'ensemble de la société à agir.

Le second enjeu de la question étudiée apparait donc ici clairement dans la mesure où elle conduit à apprécier l'effectivité des droits de l'enfant à l'épreuve des réalités locales. Les manifestations que décrit la recherche montrent les limites de cette effectivité mais, elles conduisent également au crible du concret de préconiser un certain nombre de mesures qui pourraient renforcer l'application efficace des règles de protection et renverser ainsi le prisme négatif de l'ineffectivité.

Le « fil d'Ariane » qui aura servi de fil conducteur de l'analyse débouche ainsi, à la manière du théâtre d'ombre que constitue le « mythe de la caverne » de Platon à une nouvelle étape qui marquerait, dans le cadre de nouvelles institutions politiques et sociales de la Côte d'Ivoire, un nouveau départ pour les droits de l'enfant. Du moins, peut-on l'espérer !

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