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L'impact macroéconomique d'un consortium d'exploitation pétrolière : le cas de l'unité de production de Doba au Tchad

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par Siniki BOPABE
Université Catholique d'Afrique Centrale - Maitrise 2007
  

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Sommaire

DÉDICACE II

REMERCIEMENTS III

SIGLES ET ABRÉVIATIONS IV

LISTE DES FIGURES, TABLEAUX ET GRAPHIQUES VII

GLOSSAIRE IX

AVANT PROPOS XI

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

PREMIÈRE PARTIE : LES EFFETS DE L'EXPLOITATION DU PÉTROLE AU NIVEAU DE L'ÉQUILIBRE INTERNE 9

CHAPITRE 1 : LE COMPORTEMENT DU SECTEUR PRODUCTIF ET DES MÉNAGES 10

SECTION 1 : LES MÉNAGES 10

SECTION 2 : LE SECTEUR PRODUCTIF 23

CHAPITRE 2 : LA PRISE EN COMPTE DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 40

SECTION 1 : LE CADRAGE BUDGÉTAIRE DE L'ETAT 40

SECTION 2 : LE COMPORTEMENT DE L'ETAT À TRAVERS LES DÉPENSES PUBLIQUES 51

DEUXIÈME PARTIE : LA PRISE EN COMPTE DE L'EXTÉRIEUR ET PERSPECTIVES D'AVENIR 69

CHAPITRE 3 : EVOLUTION DU COMMERCE EXTÉRIEUR DU PAYS 70

SECTION 1 : LES EXPORTATIONS 70

SECTION 2 : LES IMPORTATIONS 82

CHAPITRE 4 : LES LIMITES AU NIVEAU DES PERFORMANCES EXTÉRIEURES DU TCHAD ET PERSPECTIVES D'AVENIR 92

SECTION 1 : LES LIMITES DES PERFORMANCES EXTÉRIEURES DU TCHAD 92

SECTION 2: LES PERSPECTIVES D'AVENIR 103

CONCLUSION GÉNÉRALE 111

BIBLIOGRAPHIE 115

ANNEXES 118

TABLE DES MATIERES 119

Dédicace

A feu SINIKI SOUILLANRIBA Paul.

Remerciements

Ce travail est le fruit des efforts conjugués d'un certain nombre de personnes dont nous ne pourrions taire les noms. En effet, nos remerciements vont :

v A notre Dieu, qui est notre roc ; nous nous réfugierons en lui (Psaumes 18 : 2) ;

v Aux autorités de la Faculté de Sciences Sociales et de Gestion (FSSG) et du bureau de stage ;

v A la Coordination d'Economie de Gestion, notamment au Coordonnateur, Professeur Hubert NGNODJOM et son assistante, Mme Laetitia AKUE ;

v A M. Thomas DEFO qui nous a encadré dans cet exercice ;

v A la coordination du GRAMP/TC, particulièrement au Coordonnateur, M. Gilbert MAOUNDONODJI, à la Chargée des Programmes, Mme Céline MAIPEUR et au Chargé de Département Socioéconomique, M. DOUDJIDINGAO Antoine qui nous ont aidé dans notre démarche stagiaire ;

v A nos collaborateurs du GRAMP/TC: Maxime NELNGAR, Vincent MOUTEDE et Eugène TONE pour leurs différents suivis;

v A notre mère, Mme SINIKI née MATALET TEZERE Sarah pour toute son assistance de mère ;

v A tous nos frères et soeurs : Danielle, Ange, Romial, Alexandre, Fandebnet, Layebet, Teyabet, Gen-serbé et Hyppolite pour leurs diverses collaborations;

v A tous nos amis, nos camarades et nos condisciples de l'UCAC pour leurs différents apports ;

v Et pour tous ceux qui de près ou de loin ont contribué d'une manière ou d'une autre à la réalisation de ce document.

Sigles et abréviations

AFD : Agence Française de Développement

AN : Assemblée Nationale

APD : Aide Publique au Développement

BDL : Brasseries Du Logone

BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale

BEI : Banque Européenne des Investissements

BGT : Boissons et Glacières du Tchad

BM : Banque Mondiale

BTP : Bâtiment et Travaux Publics

CCIAMA : Chambre de Commerce, d'Industrie, d'Agriculture, des Mines et de l'Artisanat

CCSRP : Collège de Contrôle et de Surveillance des Ressources Pétrolières

CDMT : Cadre de Dépenses à Moyen Terme

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CF : Contrôle Financier

CID : Cadre Informatisé des Dépenses  

CIMA : Conférence Interafricaine des Marchés d'assurances

CN : Comptabilité Nationale

COTCO : Cameroon Oil Transportation Corporation

CotonTchad : Société Cotonnière du Tchad

CST : Compagnie Sucrière du Tchad

DAAFM : Direction des Affaires Administratives, Financières et du Matériel

DCPE : Document Cadre de la Politique Economique

DEP : Direction des Etudes et de la Prévision

DGB : Direction Générale du Budget

DGDDI : Direction Générale des Douanes et Droits Indirects

DGT : Direction Générale du Trésor

DO : Direction de l'Ordonnancement

DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

ECOSIT : Enquête sur la Consommation et le Secteur Informel au Tchad

FASR : Facilité d'Ajustement Structurel Renforcé

FBCF : Formation Brute de Capital Fixe

FCFA : Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale

FSSG : Faculté de Sciences Sociales et de Gestion

GBM : Groupe de la Banque Mondiale

GRAMP/TC : Groupe de Recherches Alternatives et de Monitoring du Projet Tchad-Cameroun

GUNT : Gouvernement d'Union Nationale du Tchad

ICY : Institut Catholique de Yaoundé

INSEED : Institut National de Statistiques et des Etudes Economiques et Démographiques

IPPTE : Initiative des Pays Pauvres Très Endettés

MCT : Manufacture de Cigarettes du Tchad

MEG : Maîtrise d'Economie de Gestion

MPS : Mouvement Patriotique du Salut

OSC : Organisation de la Société Civile

OHADA : Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PIB : Produit Intérieur Brut

PME/PMI : Petite et Moyenne Entreprise ou Industrie

PNB : Produit National Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PPT/RDA : Parti Progressiste du Tchad/Rassemblement Démocratique en Afrique

PVD : Pays en Voie de Développement

RCA : République CentrAfricaine

RDC : République Démocratique du Congo

RDM : Reste Du Monde

SFI : Société Financière Internationale

SNER : Société Nouvelle d'Etudes et de Réalisations

SNRP : Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté

STAR : Société Tchadienne d'Assurances et de Réassurances

STEE : Société Tchadienne d'Eau et d'Electricité

TOFE : Tableau des Opérations Financières de l'Etat

TOTCO : Tchad Oil Transportation Corporation

TRI : Taux de Rentabilité Interne

UCAC : Université Catholique d'Afrique Centrale

UDEAC : Union Douanière des Etats de l'Afrique Centrale

UNIR : Union Nationale pour l'Indépendance et la Révolution

VAN : Valeur Actuelle Nette

Liste des figures, tableaux et graphiques

Figure 1 : Fonction de consommation 15

Figure 2 : Fonction de consommation avec c>C/Y 15

Figure 3 : Fonction de consommation générale 17

Figure 4 : Fonction d'investissement 30

Figure 5 : Répartition des ressources pétrolières 60

Tableau 1: Seuils de pauvreté alimentaire et globale en 1995-1996 par tête et par jour 19

Tableau 2 : PIB par habitant au Tchad entre 1995-2005 19

Tableau 3: Consommation des ménages et revenu global au Tchad entre 1995-2005 20

Tableau 4 : FBCF global au Tchad entre 1995-2005 36

Tableau 5 : Dépenses effectuées par ESSO auprès des entreprises tchadiennes dans la phase de construction de l'oléoduc 39

Tableau 6 : Liste des programmes économiques au Tchad 58

Tableau 7 : Investissements et dépenses publics au Tchad entre 1995 et 2005 59

Tableau 8 : Taux de pression fiscale au Tchad entre 1995 et 2005 63

Tableau 9 : Emprunts au Tchad entre 1995 et 2005 65

Tableau 10 : Quantité et redevance pétrolières 77

Tableau 11 : Exportations des biens et services et du pétrole entre 1995 et 2005 79

Tableau 12 : Symboles des agrégats et multiplicateurs des pays A et B 84

Tableau 13 : Importations des hydrocarbures en 2002 87

Tableau 14 : Importations des biens et services entre 1995 et 2005 88

Tableau 15 : Liste des biens et services fournis par les entreprises locales dans la phase de construction du pipe line 90

Tableau 16 : Liste des biens et services fournis par les entreprises locales dans la phase de production 91

Tableau 17 : Liste des régimes politiques au Tchad de 1960 à nos jours 102

Graphique 1 : Evolutions de la consommation finale et du revenu global 21

Graphique 2 : Evolution du PIB par habitant 22

Graphique 3 : Evolutions de la FBCF totale et de la FBCF pétrolière 37

Graphique 4 : Evolution FBCF/PIB 38

Graphique 5 : Evolution des dépenses publiques 61

Graphique 6 : Evolution de l'investissement public 62

Graphique 7 : Evolution de la pression fiscale 64

Graphique 8 : Evolution des encours de la dette par rapport aux recettes budgétaires 67

Graphique 9 : Ventilation sectorielle des branches d'activités en 2000 75

Graphique 10 : Evolutions des exportations totales et des exportations pétrolières 80

Graphique 11 : Evolutions du PIB global et du PIB pétrolier 80

Graphique 12 : Evolution des importations 89

Graphique 13 : Evolution de la production de coton-graine 98

Glossaire

Agrégat : une grandeur synthétique qui mesure le résultat de l'activité de l'ensemble de l'économie. Les principaux agrégats sont le PIB, le revenu national, la consommation, la FBCF et l'épargne.

Chômage : les personnes supposées chercher du travail mais dépourvues d'emplois.

Comptabilité nationale : une technique statistique qui donne une vision synthétique et macroéconomique de l'économie nationale pendant une période donnée (généralement l'année) ; elle décrit la manière dont est produite, investie, consommée et distribuée la richesse d'un pays ; elle cherche également à donner de l'économie nationale une représentation simplifiée et chiffrée du fonctionnement d'un ensemble économique.

Consommation intermédiaire : elle correspond à la valeur des biens et services transformés ou entièrement consommés au cours du processus de production.

Consortium : un ensemble d'entreprises chargées de la mise en valeur des champs pétrolifères ; nous utilisons souvent le vocable unité pour designer la même chose.

Croissance : une augmentation pendant une période donnée d'un indicateur ou d'un agrégat mesurant l'activité économique donnée.

Economie politique : une discipline scientifique qui s'intéresse aux principes (théories) de base de la création de richesse.

Equilibre : il correspond à la résolution des problèmes économiques. C'est la situation dans laquelle les plans, les anticipations, les intentions des différents agents sont compatibles (équilibre ex ante). Ce concept peut également s'exprimer du point de vue comptable à la fin du processus. A cet effet, il est une situation qui constate la réalisation effective des grands plans en fin de processus (équilibre ex post). L'équilibre macroéconomique est le suivant : Y + M = C + I + G + XY, le revenu national ; M, les importations ; C, la consommation ; G, les dépenses publiques et X, les exportations. On distingue deux (2) types d'équilibre : l'équilibre interne (Y = C + I + G) et l'équilibre externe (X = M).

Inflation : une hausse généralisée et continue des prix dans une économie.

Macroéconomie : une discipline qui étudie les comportements de groupe à travers les agrégats de l'économie nationale (différents des comportements individuels).

Pauvreté et sous développement : une situation dans laquelle les besoins fondamentaux de l'individu ne sont pas satisfaits. C'est une situation de manque ou de privation.

PIB (Produit Intérieur Brut): une mesure de la production nationale c'est-à-dire de l'ensemble des biens et services produits au cours d'une période donnée (en général l'année). Le PIB se rattache étroitement à la notion de la valeur ajoutée.

PNB (Produit National Brut) : un agrégat retenu par le système de comptabilité nationale des Nations Unies. Il permet de faire des comparaisons internationales. Il est peu différent du PIB. Pour passer du second au premier, il suffit de prendre en considération les revenus du travail, de la propriété de l'entreprise (intérêts et dividendes) reçus du et versés au Reste Du Monde (RDM).

Politiques économiques : un ensemble de mesures cohérentes que l'Etat prend pour atteindre les objectifs fixés en économie.

Politiques macroéconomiques : un ensemble de mesures de politique économique par lesquelles le gouvernement peut trouver des soutiens aux problèmes économiques.

Production : une activité qui consiste à fabriquer des biens et à fournir des services sous le contrôle et la responsabilité d'une unité institutionnelle.

Taxe : une contribution payée en retour d'un service ou d'une concession d'un patrimoine de la collectivité locale.

Unité institutionnelle : un centre économique élémentaire jouissant de l'autonomie de décision pour exercer ses activités, percevoir des revenus et en disposer, accumuler du capital, prêter et emprunter.

Valeur ajoutée : la différence entre la production totale et la somme des consommations intermédiaires (dans le cadre d'une économie).

Avant propos

Dans le cadre de leur formation, les étudiants de Maîtrise d'Economie de Gestion (MEG) de la FSSG de l'Université Catholique d'Afrique Centrale (UCAC)/Institut Catholique de Yaoundé (ICY) sont appelés à produire un travail de recherche. Ce travail qui tient lieu de mémoire est présenté et soutenu en vue de valider le deuxième certificat. Le mémoire de MEG attendu doit traiter d'un problème ou d'une question de manière scientifique et critique dans la perspective d'une application concrète sur le terrain, que ce soit une entreprise ou une administration.

C'est dans cette optique que nous, soucieux des enjeux que représente l'exploitation du pétrole dans les économies, avons bien voulu traiter de l' « impact macroéconomique d'un consortium d'exploitation pétrolière : le cas de l'unité de production de Doba au Tchad ».

En tout état de cause, ce travail est, sinon une application pratique, du moins la matérialisation des quatre (4) années d'enseignement théorique reçu à l'UCAC.

En outre, il permet d'apporter notre modeste contribution à l'explication des phénomènes macroéconomiques liés à l'exploitation du pétrole au Tchad.

Introduction générale

L'économiste doit être « mathématicien, historien, homme d'Etat, philosophe, dans une certaine mesure...aussi « au-dessus de la mêlée » et incorruptible qu'un artiste et pourtant, parfois aussi proche de la réalité qu'un dirigeant politique. »

John Maynard Keynes

CONTEXTE GÉNÉRAL DE L'ÉTUDE

Matière première stratégique par excellence, le pétrole a été durant la deuxième partie du 20ème siècle et reste à l'aube de la mondialisation triomphante, un enjeu majeur des conflits politiques et économiques internationaux. La course vers la spécialisation des grandes firmes, pour son exploration ou son exploitation, a mis de l'eau dans le gaz entre les Etats exportateurs et /ou consommateurs potentiels. C'est pourquoi, à l'intérieur de certains pays d'Asie ou d'Afrique, notamment en Angola et en République Démocratique du Congo (RDC), la découverte de cet or noir a conduit à l'instabilité politique et même, paradoxalement, à la paupérisation des populations déjà pauvres tel le cas du Nigeria.

Ainsi, dans le contexte mondial de l'énergie, le pétrole peut être appréhendé d'abord comme une réalité économique du fait qu'il est indispensable à la plupart des opérations industrielles et ensuite comme une réalité politique. En effet, les conséquences qui ont découlé du premier choc pétrolier (1973) et du second (1979) sont considérables non seulement à l'égard des pays industrialisés, mais aussi pour ceux qui ne le sont pas, qui, bien entendu, a priori n'ont pas de ressources énergétiques propres. Aussi a-t-il transformé le Moyen-Orient en un véritable paradis de milliardaires. Politiquement, il a donné aux grandes compagnies pétrolières les véritables rênes du pouvoir et enfin, il fait figure de potion magique pour les systèmes politiques défaillants des Pays en Voie de Développement (PVD), qui finissent très souvent par y laisser des plumes.

Par ailleurs, situé au coeur du continent africain dans la zone intertropicale, entre les 8éme et 23éme degrés de latitude nord et les 14éme et 24éme degrés de longitude est, le Tchad, dépositaire de cette manne est un territoire vaste de 1 284 000 km² avec une population estimée en 2004 à 8,6 millions d'habitants selon le rapport annuel de la Banque Mondiale (BM). Il est limité à ses frontières par la Libye au Nord, par le Soudan à l'Est, par la République CentrAfricaine (RCA) au Sud et par le Niger, le Nigeria et le Cameroun à l'Ouest. Sa situation géographique lui fait subir les effets de la désertification et de l'assèchement progressif. Enclavé de par cette situation géographique le séparant à plus de 1000 km du port maritime le plus proche c'est-à-dire celui de Douala (Cameroun), le Tchad est classé parmi les pays les plus pauvres de la planète occupant à ce titre la 167ème place sur 177 pays selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dans son rapport annuel de 2004. Entre temps, le PIB du Tchad est estimé à 2,6 milliards de dollars en 2003 selon un rapport de la Banque Mondiale (BM) paru en 2004.

En outre, depuis son accession à l'indépendance en 1960 et malgré l'avènement de la démocratie au début des années 1990, le Tchad a peu connu la stabilité politique en raison de multiples conflits qui ont jalonné son histoire.

Sur le plan économique, en revanche, en raison des mutations internationales et régionales ainsi que des mesures ou réformes qui les accompagnent, les changements font apparaître deux (2) types de problèmes pour ce pays. Il s'agit des problèmes exogènes et de ceux endogènes. En effet, les problèmes d'ordre exogène sont le poids de la dette extérieure et la diminution de l'Aide Publique au Développement (APD). Dans l'ordre endogène, la paupérisation croissante de la population depuis les indépendances caractérisée par le plus bas niveau des indicateurs socioéconomiques du pays démontre l'échec des multiples programmes parmi lesquels le Programme d'Ajustement Structurel (PAS).

Ces programmes, somme toute, n'ont pas abouti à une transformation substantielle des structures de l'économie nationale toujours caractérisée par une très faible productivité, une vulnérabilité extrême aux chocs intérieurs et extérieurs, une absence d'un secteur privé dynamique et des contraintes conjoncturelles devenues structurelles (crise énergétique, eau, etc.).

En somme, c'est dans ces contextes politique, économique et social que le Tchad est entré dans le club des pays exportateurs de pétrole et cela, comme il fallait s'y attendre, offre de nouvelles perspectives en terme de croissance. Et par voie de conséquence, l'exploitation du pétrole au Sud du pays dans les champs de Doba inscrit dorénavant le pays dans une nouvelle donne de l'économie internationale.

CONTEXTE SPÉCIFIQUE

 

Amorcées depuis 1969, les recherches pétrolières au Tchad ont révélé l'existence des gisements dans le Sud en 1975. Elles ont abouti à l'identification de cinq (5) zones pétrolifères potentielles: le bassin de Doba, le bassin de Dosséo, le bassin du Salamat, le bassin de Bongor et le bassin du Lac-Tchad. Les bassins du Salamat et de Bongor, n'étaient pas considérés à l'époque comme viables pour le développement. En 1981, suite à la guerre civile de 1979, les travaux d'exploration ont été suspendus. En 1988, le cadre juridique du projet pétrolier de Doba sera mis en place, et ce à la faveur d'un retour de la paix civile au Tchad. En 1993, d'importantes ressources pétrolières ont été confirmées dans la région de Doba. L'exploration sismique réalisée entre 1993 et 1996 a permis de définir plus précisément la taille et l'emplacement des gisements du pétrole.

Hésitant à donner sa caution morale et politique au début du projet, la BM engagée avec la Banque Européenne des Investissements (BEI) ont finalement financé la participation du Tchad et du Cameroun au capital des deux (2) compagnies responsables de l'oléoduc à savoir la TOTCO (Tchad Oil Transportation Company) et la COTCO (Cameroun Oil Transportation Company). En réalité, la contribution de la BM a été de 92,9 millions de dollars américains (39,5 millions de dollars américains pour le Tchad et 53,4 millions de dollars américains pour le Cameroun). La Société Financière Internationale (SFI), une filiale de la BM, a financé le projet sous forme de prêts à hauteur de 100 millions de dollars versés aux deux (2) sociétés : TOTCO et COTCO. En plus de cet apport direct, la SFI a mobilisé 100 millions de dollars sous forme de prêts syndiqués.

En gros, ces financements du Groupe de la Banque Mondiale (GBM) ont permis de mobiliser un total de 4,3 milliards de dollars, nécessaires pour les travaux de la construction de l'oléoduc qui relie Doba au Tchad à Kribi au Cameroun d'une longueur de 1 070 Km et d'une durée de vie estimée à 25 ans.

Le Projet pétrolier Tchad-Cameroun, communément connu sous l'appellation de « Projet d'Exportation Tchadien », vise le développement de 300 puits des champs pétrolifères de Komé, Miandoum et Bolobo dans le bassin de Doba au Sud du Tchad.

La production du brut est assurée par un consortium composé de trois (3) entreprises : Exxon Mobil, Petronas et Chevron. Il a été formé en mars 2000 avec, comme chef de file et opérateur, la filiale ESSO Tchad (Exxon Mobil, États-Unis) pour une part de 40 %. Le reste appartient à la compagnie américaine Chevron (25 %) et la compagnie malaisienne Petronas (35 %).

En outre, l'exploitation du pétrole tchadien obéit à la logique de la réduction de la pauvreté au Tchad. Cadre dans lequel s'est inscrite son exploitation. Ce qui a permis, par ailleurs, la mobilisation d'un certain nombre d'acteurs parmi lesquels les gouvernements tchadien et camerounais, le GBM, les Organisations de la Société Civile (OSC) et les compagnies pétrolières représentées par le consortium.

La date du 10 octobre 2004 a marqué l'entrée officielle du Tchad dans le club des premiers producteurs de pétrole en Afrique subsaharienne. L'exploitation des gisements pétroliers de Doba devrait permettre au Tchad de figurer, au cours de cette décennie, « parmi les cinq (5) premiers producteurs d'Afrique subsaharienne, probablement en quatrième position derrière le Gabon mais avant le Congo »1(*). Au total, le Tchad devrait mettre sur le marché international une production comprise entre 12 et 15 millions de tonnes par an, et ce, pendant environ 20 ans.

En même temps, le cadrage macroéconomique et financier proposé par le Ministère du Plan, du Développement et de la Coopération dans le cadre de la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (SNRP) prévoit une croissance des recettes pétrolières qui pourraient culminer jusqu'à 220 milliards FCFA en 2009 avant de décliner de 2010 à 2013 pour retrouver le niveau escompté entre 2004 et 2008. Le revenu total escompté par le Tchad est de 5 100 milliards de FCFA.

L'augmentation de l'assiette fiscale à travers les revenus distribués dans le secteur pétrolier doit relever substantiellement le niveau des recettes fiscales. Ce qui, toutes choses étant égales par ailleurs, doit compenser la baisse prévisionnelle des revenus pétroliers entre 2009 et 2013. La progression actuelle des dépenses budgétaires de 42,51% devrait se stabiliser à 9% dans les prochaines années selon les prévisions du Ministère du Plan. En outre, les dépenses budgétaires prévues dans le cadre de la SNRP devraient croître à un rythme soutenu de 7% jusqu'à 2015 mais resteront inférieures à celui des recettes fiscales.

Eu égard à ce qui précède, l'introduction des revenus pétroliers dans l'économie tchadienne marque une rupture dans les finances publiques et permet au Tchad de se situer durablement sur le sentier de croissance à deux (2) chiffres.

En fin de compte, on remarque qu'au Tchad, les indicateurs sociaux et les agrégats macroéconomiques qui semblent virer au rouge - fruit d'une faiblesse structurelle - auront un coup de pouce avec l'avènement des revenus pétroliers. C'est pourquoi, à ce niveau et dans le cadre de l'exploitation de ses champs pétrolifères de Doba, l'on se demande quel peut être « l'impact macroéconomique de cette unité de production pétrolière pour le Tchad? »

EXPOSÉ DE LA PROBLÉMATIQUE

La macroéconomie est l'approche théorique qui étudie l'économie à travers les relations existant entre les grands agrégats économiques c'est-à-dire le revenu, l' investissement, la consommation, le taux de chômage, l' inflation, etc. En tant que telle, elle constitue l'outil essentiel d'analyse des politiques économiques des États ou des organisations internationales. Partie de relations très simples, à l'image du modèle IS /LM reliant le marché des capitaux et celui de la monnaie ou de la courbe de Phillips reliant inflation et chômage, la macroéconomie a évolué vers la construction de modèles économiques complexes incluant à la fois des relations supposées entre variables et des relations comptables servant à définir les agrégats.

En considérant d'emblée les relations entre les grands agrégats de l'économie, la macroéconomie cherche à expliciter ces relations et à prédire leur évolution face à une modification des conditions, qu'il s'agisse d'un choc (augmentation de prix du pétrole) ou d'une politique économique délibérée.

Ainsi, l'injection de la rente pétrolière dans l'économie tchadienne par le canal budgétaire sera accompagnée d'un choc de la demande aussi bien publique que privée. Un choc de demande qui se matérialisera d'une part, pour la demande intérieure, par une forte progression de la consommation totale et des investissements bruts et d'autre part, pour la demande extérieure, par une nette tendance haussière des exportations. Ce qui permettra en conséquence, d'améliorer les grands équilibres macroéconomiques.

Fort des effets macroéconomiques que peut provoquer l'introduction d'une rente dans une économie et du cadre de notre travail qui se propose de montrer l'impact macroéconomique de l'unité de production pétrolière de Doba, nous nous efforcerons de répondre à la question centrale suivante : «les revenus issus de l'exploitation des champs pétroliers de Doba contribuent-ils à améliorer la stabilité macroéconomique au Tchad ? »

OBJECTIFS

Nos objectifs de travail se déclinent en deux (2) principaux et quatre (4) spécifiques.

OBJECTIFS PRINCIPAUX

Avant d'énoncer nos objectifs de travail, il convient de préciser quelques fondamentaux. Par conséquent, nous nous proposons de donner un bref aperçu des principaux éléments qui définissent la stabilité macroéconomique au sein d'une économie. Car, toutes les économies sont définies par un ensemble complexe de relations entre des individus et des institutions effectuant des opérations économiques. En effet, la Comptabilité Nationale (CN) dénombre généralement deux (2) types d'équilibres en macroéconomie. Il s'agit de l'équilibre interne et de l'équilibre externe. Au niveau interne, certes ils sont très nombreux, les acteurs ou agents économiques encore appelés en macroéconomie unité institutionnelle sont regroupés en trois (3) catégories: les entreprises, les ménages et les administrations souvent appelées aussi Etat. Au niveau externe, on prend en compte tous les agents résidents à l'étranger et ayant des relations avec l'économie nationale via les importations et les exportations.

A ce titre, notre travail peut se forger deux (2) objectifs principaux :

Ø Dans un premier temps, étudier l'équilibre interne du Tchad avant l'exploitation du pétrole et l'effet que produit cette dernière sur les différentes unités institutionnelles considérées;

Ø Dans un second temps, et dans la même optique que précédemment, prendre en compte la stabilité externe avant l'avènement de la rente pétrolière et l'impact de celle-ci sur le comportement du commerce extérieur.

Cet objectif général nous emmène sur les pistes de réflexion secondaires suivantes :

OBJECTIFS SPÉCIFIQUES

ü Analyser la situation des ménages tchadiens avant l'ère pétrolière et montrer l'impact de l'exploitation du pétrole sur la conduite de ceux-ci;

ü Analyser l'environnement du secteur productif durant la période pré pipe line et comprendre la contribution du pétrole à l'amélioration ou à la dynamisation de ce secteur;

ü Comprendre l'évolution du budget de l'Etat et le pilotage de ce dernier à travers les dépenses publiques et montrer l'importance de l'exportation du brut tchadien depuis 2003 impliquant l'entrée des revenus issus de la manne pétrolière dans les différents canaux budgétaires dès 2004 sur celles-ci et leurs modes de financements ;

ü Etudier enfin la structuration du commerce extérieur avant le début de la construction de l'oléoduc et montrer l'effet des exportations pétrolières sur la structure des exportations tchadiennes constituées traditionnellement pour l'essentiel par l'activité agro-pastorale et la pèche.

HYPOTHÈSES

Notre travail convoque trois (3) hypothèses principales :

Hypothèse 1 : l'exploitation des champs pétrolifères au Tchad permet l'observation d'une relation positive entre l'évolution de la consommation des ménages et du revenu national.

Hypothèse 2 : l'installation sur le territoire tchadien du consortium et des sociétés sous-traitantes dynamise les entreprises tchadiennes autant dans le secteur public que dans le secteur privé.

Hypothèse 3 : l'injection des ressources pétrolières dans les différents canaux budgétaires augmente le volume des dépenses publiques et renforce les performances liées au commerce extérieur.

MÉTHODOLOGIE

Pour rendre opératoire notre recherche, nous la construisons suivant les démarches méthodologiques qui respectent les canons scientifiques. A partir de cela, notre recherche entre dans une optique hypothético-déductive c'est-à-dire nous déduisons de nos observations, du moins de nos hypothèses de travail en vue d'une formalisation. Dans ce sens, le processus de la recherche débute avec les analyses théoriques, traduites par des hypothèses testables. Aussi peut-elle être dans une moindre mesure clinique en ce sens que l'on observe sur un temps plus ou moins long pour suivre les évolutions naturelles ou les changements provoqués. C'est notamment le cas de certaines recherche-actions où le chercheur enregistre toutes les variations, les adaptations et les transformations du sujet.

SOURCES DE DONNÉES

Nous avons travaillé avec les données recueillies dans le cadre de nos trois (3) mois de stage académique au sein du GRAMP/TC. Le stage en question s'est déroulé du 22 juin au 22 septembre 2006.

En effet, le GRAMP/TC est une Organisation Non Gouvernementale (ONG) sans but lucratif autorisée à fonctionner par le ministère de l'Intérieur le 05 décembre 2001 sous le folio N°1226. Il a été créé au début de l'exploitation pétrolière et constitue pour cela un dispositif alternatif susceptible de jouer le contrepoids en vue de la réelle prise en compte des préoccupations des populations locales de la zone d'exploitation. Le GRAMP/TC dispose d'un réseau de partenariat très riche aussi bien au niveau national qu'au niveau local. C'est au niveau national que nous avons pu tirer les données de l'Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED). Ce dernier est le seul sur le plan national habileté à fournir toutes les statistiques concernant le Tchad. Il est sous la tutelle du Ministère du Plan et de la Coopération.

En outre, nous nous sommes servi des informations fournies par la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC) et par ESSO.

De manière pratique, nous avons utilisé la documentation proposée par le GRAMP/TC et ses réseaux, la bibliothèque de l'UCAC et tout autre apport électronique. La conception des textes et des figures est réalisée au moyen des logiciels WORD, EXCEL et INFOSTAT. Nous nous sommes servi également des autres outils d'OFFICE telle que la calculatrice pour effectuer certaines opérations.

En somme, les informations recueillies à l'issu de ce stage au sein de cette structure nous permettent de mettre en évidence notre stratégie d'accès au réel et de répondre ainsi aux questions soulevées par ce travail.

PREMIÈRE PARTIE : LES EFFETS DE L'EXPLOITATION DU PÉTROLE AU NIVEAU DE L'ÉQUILIBRE INTERNE

D'entrée de jeu, en économie fermée, il faut déjà postuler que les secteurs institutionnels concernés sont les ménages, les entreprises et les administrations. Notre étude prend ainsi en compte chacun d'eux en essayant de les approcher théoriquement au moyen de la CN. De manière pratique et en vue de déterminer l'impact de l'exploitation pétrolière sur chaque agent économique considéré, le travail s'organise en deux (2) temps : la période pré pipe line et la période avec ou post pipe line. Nonobstant cette organisation, nous agençons cette partie en deux (2) articulations :

Ø Chapitre 1: le comportement du secteur productif et des ménages

Ø Chapitre2 : la prise en considération des administrations

* 1 Ministère des Affaires Etrangères, Direction Générale de la Coopération Internationale et du Développement (Septembre 2003), Rapport d'Evaluation de la Coopération Française au Tchad 1992-2003, dme, SERES, N'Djaména, p. 46.

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