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3. Du journaliste au cyber-journalisteCette quatrième hypothèse émise énonce que le métier de cyber-journaliste est une profession à part entière. C'est à dire que c'est une profession qui demande une formation et une expérience pour l'exercer. Il ne suffit pas d'être très bon journaliste sur support papier pour aussi être très bon journaliste sur support numérique. 3.1 Une forte déontologieNon seulement le journaliste n'a aucun droit immanent au monopole de l'information, mais il ne doit pas craindre que le public ait désormais accès à des sources brutes d'informations sans passer par eux. Bien au contraire, le nombre quasi illimité d'informations disponibles sur le Web et la difficulté d'évaluer leur crédibilité rend plus nécessaire que jamais la fonction de médiateur que doit jouer le journaliste. Ce dernier doit donc apporter de la valeur ajoutée à l'information disponible en ligne. Et cela ne semble possible que dans un cadre déontologique précis. La surabondance de l'information disponible grâce au Web rend cruciale la fonction de journaliste. Nous l'avons vu, les infos sur Internet sont de diverses qualités. Et sur un sujet que le lecteur connaît mal, il aura le besoin précieux d'un médiateur pour assurer le tri des données, la validation des sources, la remise en perspective des événements... Les journalistes doivent assumer la fonction essentielle de critique du cyber-espace pour qu'il ne s'agisse pas d'un immense fourre-tout, dans lequel chercher un renseignement crédible reviendrait à chercher une aiguille dans une botte de foin. Distinguer le vrai du faux, contrecarrer une intox ou une désinformation de propagande est un travail extrêmement difficile et qui s'avère être d'une grande utilité dans un espace où le contrôle est faible. Internet est un lieu privilégié de la liberté d'expression et il convient de ne pas confondre l'expression d'une opinion avec de l'information brute. Parmi les mille métiers de la communication qui trouvent un terrain propice à leur fonction sur le Web, le journaliste doit assumer la responsabilité de garder un oeil critique sur l'ensemble de leur diffusion et doit pour cela traiter l'information avec plus de soin et plus de rigueur. Ainsi, la valeur ajoutée que le journaliste apporte à l'information devient très précieuse dans ce nouveau contexte. La nécessité d'un triage intelligent se fait plus pressante dans cette pluie d'informations. De nombreux moteurs de recherche assument déjà une fonction de tri fondé sur des critères donnés par l'internaute. Cela permet de se faire livrer rapidement un grand nombre de documents sur un sujet choisi. Cependant, en bonne machine informatique, le moteur de recherche n'est pas à même de distinguer le vrai du faux et de faire une sélection qualitative des données. Il incombe donc au journaliste de classer qualitativement l'information et de la présenter épurée. De cette manière, l'information pourra avoir diverses qualités. Et si aujourd'hui, la faiblesse de la demande, le principe de la gratuité du net empêche en général les journaux en ligne d'être payants, il semble qu'à court terme la valeur ajoutée d'une information devienne onéreuse. Internet risque de devenir un class media. La qualité de l'information aura son prix. Ceux qui pourront payer auront accès à une information triée et remise en perspective; les autres seront livrés à leur propre discernement dans la jungle de l'information commune. Déjà, des sites comme la tribune31(*), les échos32(*) ou le Wall Street journal33(*) proposent des informations financières et économiques onéreuses. Il en est de même avec l'actualité générale avec par exemple le monde34(*) qui vend une partie de son contenu. Quoi qu'il en soit, le journaliste doit pour le moment distinguer son information de la liberté d'expression de tout un chacun. * 31 http://www.latribune.fr/ * 32 http://www.lesechos.fr/ * 33 http://interactive.wsj.com/home.html * 34 http://www.lemonde.fr/ |