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Pour quelle(s ) histoire(s ) d'être(s ) ? Associations 1901, inter relations personnelles et interactions sociales, un art de faire

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par Jean- Marc Soulairol
Université Lumière Lyon 2  - Diplôme des hautes études des pratiques sociales D. H. E. P. S.  2002
  

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2.3 Ce qui se joue : Caractéristiques des maturations

Après avoir décrit en quoi il pourrait y avoir configuration au Compu's Club, ce qui joue300(*) nous présentons, dans ce troisième chapitre, ce qui se joue. C'est-à-dire, quelles sont les maturations qui s'effectuent chez le membre à l'occasion de son expérience vécue au sein du Compu's Club ? Pour ce faire, nous avons pu mettre en exergue trois grandes caractéristiques de ces maturations. La première, concerne l'affirmation des rêves, des besoins, des attentes du membre dans ses relations. Ceci, afin de relever les repères d'identité sociale de l'adhérent et de comprendre la construction de ses identifications et de ses représentations dans son engagement. La seconde, établit la primauté du sens, sujet empirique par excellence parce qu'inobservable. Il semble exact que le sens n'est pas forcément perceptible et conscient pour le membre du Compu's Club qui l'installe dans son comportement et son discours301(*). Mais il est seulement question de montrer que le sens devient une "forme" justement par les comportements et les discours des membres. La troisième, explore les processus de changement des membres pour nous fournir les capacités d'insertions socioprofessionnelles que le membre s'est construit, ses capacités à se "socialiser".

2.3.1 Grandir son engagement ou se positionner dans le groupe

Sept personnes sur dix entendues sont assurément des individus qui dépensent une énergie considérable, sacrifiant une part de leurs loisirs et vacances pour le Compu's Club.

3è entretien « Et donc, euh, bon ben, ma vie se résumée à 39 heures par semaine, mon travail et puis, bon après je partageais mes loisirs entre, entre ma vie conjugale, donc, et... l'association. » (l.71)

7è entretien « Pour emménager au club c'est vrai qu'il y a eu [...] pas mal de personnes qui sont venues nous aider, [...] A (1er entretien, ndlr) qui avait pas mal de travail... [...] est venu quand même pas mal de temps au club pour aider. C'est vrai que bon... il aurait été au chômage etc., ok, mais [...] donc il a passé pas mal d'heures. » (l.938)

Tout se passe comme s'ils voulaient un changement chez eux (sinon pourquoi ne resteraient-ils pas tranquille ?) mais sans bien savoir lequel comme si le changement était une fin en soi, qu'il fallait absolument "bouger", "évoluer".

1er entretien « Le changement, oui. Le dépaysement, beinnnn, oui le dépaysement par rapport à, au travail. » (l.603)

2è entretien « Je suis contre le phénomène associatif tout en y participant. parce-que je trouve que c'est instituer. La misère entre guillemets est bien nationalisée, bien instituée. [...] Mais je fais partie de ces gens qui le pense et que on continu à faire du bénévolat, on continu à avoir des gens dans les associations sous payés. parce-que ça arrange tout le monde et si tout le monde boycottait çà, peut-être que l'Etat se bougerait. Mais, comme personne ne se bouge, je pense que j'ai ma place a avoir là dedans et mon rôle à jouer comme je le fais. » (l.137)

8è entretien « C'est vrai, finalement, pourquoi est-ce que je viens ou pas ? Putain, mais j'ai aucune raison ! » (l.480)

Héros des temps modernes (en fut-il) sur des tâches incommensurables voire impossibles si nous nous référons aux propos suivants auprès desquels nous retrouvons l'énoncé d'une envie récurrente du Compu's Club, celle de posséder du matériel informatique performant. Or, ce qui gêne à la réalisation de cette envie se trouvent être les financements.

5è entretien « Pour moi, je pense, c'est le manque de matériel performant. » (l. 786)

6è entretien « Ce que j'aimerai, c'est faire évoluer le matériel de Compu's Club, euh... vers le haut, donc, essayer de se mettre à jour tout doucement. » (l.629)

Bref, le membre de cette association serait-il une "curieuse figure indigène" qu'on ne pourrait évoquer qu'avec des contradictions : "je veux changer mais je ne sais pas lequel", "je veux le changement mais je ne sais pas combien" ? Pour faire apparaître une cohérence nous avons pu décrire deux attitudes de base qui déterminent ce changement et le rendent possible. Dans un premier lieu, au niveau de l'individu, ce qui le pousse à s'engager dans la dynamique de l'association : ses représentations de l'atmosphère de l'association que nous allons appeler "la part symbolique". Ensuite, au niveau de l'association, les repères d'identité et les identifications qui permettent au membre de se justifier mentalement son engagement et que nous appellerons "la part réelle".

2.3.1.1 Les représentations ou la part symbolique

Nous avons déjà relevé dans le chapitre précédent302(*) que le membre percevait symboliquement le Compu's Club à partir de "préjugés positifs" et de subjectivités. Nous avons souligné qu'il ne connaissait pas précisément l'infrastructure de l'association. Dans ce cas, comment construit-il, pense-t-il, structure-t-il sa connaissance des autres membres ? Les personnes interviewées nous ont fourni un certain nombre de réponses. D'abord, il semblerait que la perception soit simplifiée par des représentations exprimées à partir d'un "codage" abrégé, personnel et implicite. Par exemple, comme nous l'avons précisé plus avant303(*), l'activité informatique de l'association ne semblait pas être la seule motivation des adhérents. De même, pour exprimer l'activité perçue au sein du Compu's Club les membres semblent interpréter par des expressions périphériques et des mots communs leur propre projection mentale. Pour arriver à cette analyse, nous avons considéré le discours de notre premier interlocuteur à la ligne 116 :

« Ce qui me plaît le plus, c'est l'amitié, c'est les gens. Çà, c'est déjà la première chose... ensuite il y a les discussions. »

Il nous renseigne par là de sa perception codée des interrelations pour l'interpréter plus loin à la ligne 267.

« De toute façon quand on rentre dans le Club il y a toujours quelqu'un qui bricole un ordinateur pour le réparer. Çà c'est quand il y a quelque chose qui va pas. Euh, y a autre chose aussi, c'est qu'on trouve souvent des gens en train de discuter entre eux. [...]Il peuvent discuter d'informatique mais ils discutent d'autres choses. Justement, c'est un peu l'avantage d'une association comme çà c'est qu'on discute de tout sans parler obligatoirement d'informatique. »

Ce qu'il est intéressant de relever chez cette personne c'est son énoncé personnel de l'amitié qui semblent se matérialiser par le constat positif des discussions qu'il effectue. Il semblerait, ainsi, qu'il s'agisse là d'une articulation mentale, d'une projection de sa perception des interrelations : l'amitié ; bref, d'un "codage mental résumé", d'une représentation. Nous avons, ainsi, pu relever, auprès de tous nos interlocuteurs, sans exception, le même processus de "codage". Pour citer un seul autre exemple : lors du quatrième entretien, le couple interviewé se représentait mentalement le Compu's Club comme une multitude d'associations désunies construites autour d'une personne, son Pilote.

« Ph : ...Non mais, c'est organisé, en fait, il y a la partie Bourse. parce-que si t'y vas en dehors de ces... ces associations... enfin, de ces branches, tu vas pas trouver... on va trouver qu'une personne autour... Par exemple, Lau (notre premier salarié, ndlr) à l'époque et c'est, c'est... ça fait isolé un peu, quoi. [...] Il y avait Échap. Il y avait la nôtre, euh... les juniors, aussi. On n'a pas eu beaucoup de monde donc euhhh... (l.227)

Cela pourrait expliquer la raison pour laquelle, ce couple, au sein de sa branche, s'est senti isolé. De plus, le discours suivant, à propos des juniors, semble faire émerger une dissonance de son interprétation de l'association : vient-on au Club pour l'informatique, seulement, ou pour autre chose, aussi ?304(*)

Ph : ...Ouais, la branche des juniors, donc, les juniors quand ils venaient, bon, apparemment Lau voulait leur faire faire quelque chose, eux ils y venaient pour le jeux. Ils étaient content d'y venir parce qu'ils jouaient. Euh... En fait, c'est trouver les points communs des branches et ces points communs de plusieurs personnes qu'i viennent y rechercher. Euhmmm... Na : C'est sur le thème de l'informatique mais c'est bien diversifié. En fait, à la fin y a certaines branches... Ph : ...ouais mais même les jeunes i z'y venaient pas que pour... Bon, i z'y jouaient beaucoup sur les ordinateurs mais deux, quand j'y suis allé, i jouaient aux cartes. Donc i z'étaient contents de se retrouver ensemble, quoi. » (l.229)

Pour résumer, dans ses énoncés le membre semble nous indiquer une construction de sa connaissance des autres par un "codage mental" simplifié et intime : une représentation.

Avoir pu repérer ce "codage mental" est primordial pour la suite de nos analyses et commentaires parce qu'il va nous permettre de comprendre les processus d'identifications des individus. C'est ce que nous allons aborder dans la section suivante. Mais, au préalable nous souhaitons préciser que nous percevons les limites de cette analyse. En effet, bien que nous soyons prudent de ne pas attribuer abusivement la cause d'un comportement, d'une expression au membre plutôt qu'à la situation nous avons décidé de surestimer, tout de même, le rôle des attitudes des membres. Ceci, parce qu'elle nous paraît être l'orientation la plus pertinente pour notre hypothèse.

* 300 C'est-à-dire, la perception de l'association par le membre, les conditions favorables à sa relation et les niveaux de sa relation.

* 301 Nous avons déjà abordé ce propos dans un autre contexte, celui des interrelations (Cf. la section 2.2.3 Du rapport à la relation sociale). Ici nous l'abordons dans celui du sens.

* 302 Page 87, 2.2.1 Perception de l'environnement associatif par le membre.

* 303 Section 2.1.2.2 Circonstances d'adhésion, p. 75.

* 304 Nous rappelons que ce couple n'est plus membre de l'association. Il y avait adhéré pour l'informatique (cf. section 2.1.2, p. 74) et avait été identifié comme Pharisien-prestige (cf. section 2.1.3, p. 80).

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand