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La presse quotidienne nationale européenne peut-elle tirer profit du Web 2.0 ?

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par Marc LEIBA
Institut des hautes études en communications sociales de Bruxelles - DESS de Journalisme Européen 2007
  

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Annexes

Tableau 13 : Top 15 des sites d'information en novembre 2006 selon Médiamétrie NetRatings

Sites d'information

Visiteurs uniques mensuels (en milliers)

Pages vues mensuelles

(en milliers)

1. Orange Actualités

2 416

38 746

2. Le Monde

2 137

46 722

3. Yahoo Actualités

1 985

54 988

4. Google Actualités

1 868

24 320

5. Le Nouvel Obs

1 840

18 044

6. Le Figaro

1 598

21 055

7. TF1 Actualités

1 564

16 768

8. Libération

919

14 094

9. L'Express

888

5 269

10. Ouest France

811

29 213

11. MSN News and Weather

737

4 399

12. Free Actualités

576

12 510

13. 20 Minutes

571

6 858

14. AOL Actualités

531

5 837

15. L'Humanité

504

1 203

Tableau 14 : classement Médiamétrie CybereStat de l'Internet français, juillet 2007

Tableau 15 : Les usages du net par les internautes européens, d'après Eurostat, en 2004

Tableau 16 : Corrélation entre le taux de pénétration d'Internet et la diffusion des journaux dans le monde, d'après Association mondiale des journaux, World press trends 2005

Juillet 2007

La crise de la presse vue par Olivier Bomsel

(P.248) Une autre conséquence (du déploiement de Google), horizontale celle-là est la crise de la presse écrite d'opinion. La fonction de moteur de recherche s'étend en effet à l'agrégation de contenus rédactionnels d'actualité. Ainsi, la plupart des journaux ayant développé une présence en ligne dans une logique de portail se trouvent concurrencés par les revues de presse des moteurs dont, en outre, le modèle publicitaire est bien plus efficace. Cette concurrence qui institue la gratuité dans l'accès à l'information écrite suscite l'apparition de quotidiens gratuits pour lesquels la subvention total du contenu par la publicité est la seule réponse possible à la concurrence d'Internet. (P.249) Les quotidiens d'opinion doivent donc faire face à une double concurrence, tant sur le lectorat que sur la publicité. Certains tombent déjà en deçà de la masse critique. Seuls pourront demeurer sur le modèle payant les quotidiens dont le contenu rédactionnel est suffisamment dense et différencié pour que le lecteur consente à soutenir leur richesse éditoriale. Laquelle pourra être relayée comme on l'observe déjà, par la vente de contenus joints sur d'autres supports matériels : suppléments, livres, DVD. Néanmoins, la disparition de quotidiens payants, associés dans le cas de la France, à un système de fabrication monopoliste - le Syndicat du livre - figé depuis soixante ans, ne peut s'apprécier comme une destruction nette. Elle correspond, de fait, au transfert vers Internet d'une activité informationnelle régulièrement concurrencée.

Gratuit !

Du déploiement de l'économie numérique

1. « Une autre conséquence, horizontale celle-là est la crise de la presse écrite d'opinion » Est-ce à dire que les revues de presse en ligne sont à l'origine de la crise de la presse écrite d'opinion ?

O.B. Dès 1997, Internet a été investi par les grands titres de presse qui n'ont pu prendre le risque de ne pas y apparaître. A cette époque, des journaux gratuits en ligne comme Wired ou l'Industry Standard menaçaient de les concurrencer. Dès lors le contenu des journaux est devenu accessible aux internautes dans une version gratuite financée par la publicité. Le foisonnement de ces contenus en ligne a incité les moteurs de recherche à proposer des utilités d'agrégation.

2. En quoi les journaux en ligne sont-ils concurrencés dans leur modèle publicitaire alors que Google News est une utilité gratuite supplémentaire qui n'affiche pas de publicité ?

O.B. Les journaux en ligne vivent de leur trafic. La navigation sur leur site pilotée par leur portail permet d'augmenter les pages vues et le nombre de clics. La fonction d'agrégation proposée par Google fait de ce dernier l'outil de navigation, non pas sur un seul site, mais sur plusieurs. Difficile alors pour un titre de fidéliser l'internaute.

3. Google News n'est-il pas un deal gagnant gagnant, certes conclu unilatéralement par Google, dans la mesure où il apporte un trafic supplémentaire aux sites des journaux qui eux affichent de la publicité ? Qui plus est, les éditeurs belges qui ont obtenu leur déréférencement du service veulent à présent trouver un accord financier avec Google pour rendre disponible de nouveau leurs articles sur Google News.

O.B. Google adresse aux journaux des lecteurs d'articles isolés. Les sites de journaux ont, quant à eux, besoin de fidéliser. Comparez la navigation de Google News avec celle du site de 20minutes.fr. Vous verrez que ce dernier site est conçu pour scotcher le lecteur. Les journaux peuvent trouver utile d'accueillir des lecteurs venus de Google, mais il leur faudra ensuite les retenir et les faire revenir systématiquement.

4. Pouvez-vous revenir sur cette phrase : « l'apparition de quotidiens gratuits pour lesquels la subvention totale du contenu par la publicité est la seule réponse possible à la concurrence d'Internet. » Or, en France, l'apparition des quotidiens gratuits 20 Minutes et Metro date respectivement de février et mars 2002. Et, Google News est lancé dans sa version anglophone en septembre 2002 et francophone en mai 2003. En outre, Schibsted (l'éditeur de 20 Minutes) et Modern Times group (actionnaire majoritaire de Metro) sont deux groupes de médias. Ce ne sont donc pas des pure players Internet qui ont suscité la création de journaux gratuits. De plus, ni la radio, ni la télévision, médias quasi gratuits, n'avaient entraîné la disparition du papier.

O.B. Google News résulte de la présence de nombreux titres en ligne sur un modèle à deux versants, laquelle remonte au moins à 1997. Il n'y aurait pas eu d'agrégateur sans contenu à agréger. Les quotidiens gratuits -- voir les sites de 20minutes et de Metro -- ont l'avantage de ne pas mettre en concurrence la version papier et la version en ligne puisque ces deux versions sont tarifées sur le même modèle. Les versions en ligne peuvent alors être plus utiles que la version papier en offrant l'actualisation en temps réel du contenu et l'interactivité. Le gratuit papier résulte de la nécessité de versionner en ligne. L'abonnement mensuel au Monde coûte 26 euros, soit l'équivalent du prix du service de Canal+: à ce prix, le journal ne peut donner gratuitement plus de services à aux Internautes, sous peine de perdre des abonnés. L'avantage concurrentiel de la presse gratuite est qu'elle diffuse très rapidement sa marque et peut versionner* profitablement sur Internet.

5. « la disparition de quotidiens payants », phénomène qui n'est plus arrivé en France depuis la disparition d'Info Matin en janvier 1996, est-elle inéluctable du fait du « transfert vers Internet d'une activité informationnelle régulièrement concurrencée » ? Dans ce cas, quid des aides de l'Etat qui reconnaît le pluralisme comme « un objectif de valeur constitutionnel depuis 1984 » ? L'érosion des tirages de la presse quotidienne nationale ne suit-elle pas une tendance planétaire et antérieure à la diffusion massive d'Internet ?

O.B. Entendons nous, je ne prédis pas la disparition de la presse payante, mais celle de titres qui ne justifieront pas leur utilité par rapport au gratuit. Il est ainsi possible que Libération qui semblait moribond trouve dans la refondation de la gauche un viatique éditorial susceptible d'attirer des lecteurs.... Par ailleurs, les agences de presse et de photo se sont déjà très fortement concentrées. Le pluralisme sera servi autrement (y compris par les blogs associés à la presse en ligne). Les aides d'Etat s'adapteront le moment venu. La presse écrite existe depuis le 17e siècle. Elle a vécu 4 siècles et continuera tant que le support papier sera nécessaire à la lecture et que le journal gardera des utilités d'accès au contenu. Ces utilités son toutefois, depuis 30 ans, concurrencée par la radio et la télévision. L'apparition de chaînes de news spécialisées est une concurrence très forte à la presse écrite. En fait, au fur et à mesure que d'autres versions de l'info (news) apparaissent, c'est l'ensemble de son versionnage qui doit être repensé.

6. Si on reprend l'objet de votre livre qui démontre que derrière l'apparence de gratuité en économie numérique se trouve toujours une source de financement, plus ou moins directe et plus ou moins volontaire, on peut alors se demander qui paie pour la gratuité des informations sur la majorité des sites d'information politique et générale ?

O.B. Les annonceurs ont toujours financé la presse. Aux Etats-Unis, ils ont permis, dès le début du 19e siècle un développement spectaculaire de ce média. La publicité représentait alors jusqu'à 80% de la surface des journaux. Les américains ont vigoureusement soutenu le déploiement de ceux-ci en subventionnant l'acheminement postal et en passant des commandes publiques. Les Européens ont toujours été dans ce domaine beaucoup plus frileux : ils ont délibérément restreint la diffusion des journaux en taxant le papier et en demandant des cautions aux éditeurs.

Plus précisément, il faut séparer la dimension des coûts de celle des prix ou du modèle tarifaire :

· s'agissant des coûts, l'information est constituée de matière première -- les dépêches d'agence -- fournies par des grossistes rémunérés par abonnement, et de mise en forme rédactionnelle -- le commentaire -- fourni par les éditeurs salariant des journalistes. La part relative de chaque composant dépend du type de journal. De plus en plus de journaux en ligne font aussi appel à des amateurs ou des lecteurs.

· le modèle tarifaire des journaux s'appuie sur de la vente groupée -- les abonnements -- de la vente au détail et du marché à deux versants. Dans la PQN payante, le contenu en ligne est un versionnage* additionnel qui complète la version papier. Ses coûts sont combinés à ceux du journal. Son financement combine les trois tarifs. Dans la presse gratuite et les agrégateurs en ligne, c'est uniquement du marché à deux versants.

*Dans son ouvrage, Olivier Bomsel donne la définition du versionnage dans le glossaire p.301. Versionner consiste à mettre successivement en marché des variantes de qualité et de prix décroissants afin de toucher d'abord les consommateurs les mieux disposés à payer pour le bien ou le service. Le prêt-à-porter est un versionnage de la haute couture. Dans le cas de biens d'expérience, la circulation de versions dégradées et gratuites (bandes annonces, radiodiffusion de titres musicaux) permet de susciter le désir d'achat.

Juin 2007

Entretien avec Bertrand Gié, groupe Le Figaro

1. Quel est l'intitulé de votre poste?

B.G. Je suis directeur adjoint des nouveaux médias du groupe Figaro

2. Lefigaro.fr est-il une entité indépendante au sein du groupe ?

B.G. Non, c'est un département du groupe Figaro qui dispose de ses propres effectifs, budgets et stratégies mais ce n'est pas une filiale.

3. Existe-t-il une rédaction dédiée ? Combien de personnes rédaction et fonctions supports ?

B.G. Le Figaro.fr occupe environ 70 personnes au total. Nous avons voulu construire un portail Internet qui s'organise autour de 5 chaînes / pôles :

· la chaîne actualité, chaîne dominante, c'est la « home page » sur laquelle travaillent une quinzaine de journalistes dédiés. On retrouve la base des contenus produits pour le journal papier qui emploie 300 journalistes, mais également une actualisation des nouvelles, de 07H00 à 23H00 et 7jours sur 7.

· la chaîne sport, avec Sport24 et lefigaro.fr/sport qui comprend 8 à 10 journalistes.

· La chaîne bourse et patrimoine. Alimentée par AG Presse qui fournit également le journal des finances.

· Un pôle féminin, qui fédère l'ensemble des contenus féminins produits par le groupe. C'est-à-dire Madame Figaro et le cahier quotidien Et vous.

· Le pôle culture et loisirs, avec TV Magazine, Evene et TickeTac.

Mis à part le portail, nous sommes également l'actionnaire majoritaire de Adenclassifieds, (53,6%), spécialiste des annonces classées sur Internet issu du rapprochement des sites Keljob, Cadremploi et Explorimmo.

4. Quel est le modèle économique des sites ?

B.G. Aujourd'hui, notre chiffre d'affaires est généré aux 2/3 par la publicité. Mais nous prévoyons une autre répartition à l'horizon 2008.

50 % du chiffre d'affaires issu de la pub

25 % en provenance de la vente des contenus produits par le groupe. C'est par exemple la conception pour RMC d'une chaîne sport, la création de mini sites à l'occasion de la coupe du monde de rugby, des négociations en cours avec d'autres portails pour la fourniture de contenus « féminins », vente d'articles à des agrégateurs (base de données)... On peut se contenter de cendre les contenus, mais on peut aussi assurer la conception des sites.

25 % issus des partenariats comme le service de rencontres, fruits de la collaboration du Figaro et de l'allemand Parship, et du e-commerce comme la commercialisation des « plus produits » (CD, DVD, livres) ou des billets de spectacles.

A l'heure actuelle, le pôle Internet du Figaro en incluant Adenclassfieds contribue à hauteur de 8 à 10 % du chiffre d'affaires du groupe. Notre objectif est d'atteindre les 20 % en 2010. Aujourd'hui, nos contenus sont publiés en accès libre mais nous réfléchissons à en rendre une partie payante comme pour le Journal des finances.

5. Quels sont les indicateurs financiers que vous pouvez communiquez ?

B.G. En 2007, le pôle Internet du Figaro sera globalement à l'équilibre, ça peut être légèrement négatif ou légèrement positif.

6. Considérez-vous le site Internet du Figaro comme un tremplin vers vos sites commerciaux (Bazarchic, Evene et TickeTac) ?

B.G. Non. L'actualité, c'est la base de notre métier, c'est notre image de marque, notre vitrine. Avant de penser aux bénéfices, l'objectif est de diffuser des contenus puis donner une visibilité à nos marques. N'oublions pas que les gens vont de plus en plus chercher de l'information sur Internet. On doit faire venir les gens à la marque.

7. Que signifie la prise en compte par la dernière étude Epic de l'audience Internet des quotidiens ?

B.G. C'est un pas dans la bonne direction vers la mutualisation des audiences. D'autant plus que Le Figaro souffre d'un problème d'image dans les enquêtes déclaratives. Beaucoup de gens n'avouent pas lire Le Figaro, jugeant que le titre est trop marqué à droite. Or, les chiffres de vente et la fréquentation du figaro.fr montre une toute autre réalité statistique.

8. Quels sont vos projets de croissance en ligne ?

B.G. Depuis 18 mois, le groupe Figaro redéroule le pôle numérique après la douche froide que fut l'éclatement de la bulle Internet. Nous préparons un city guide qui se rapprocherait de ce qu'est le Fiagorscope.

juin 2007

Entretien avec Nicolas Rauline, journaliste Internet pour Metro

1. Le site Internet a-t-il été lancé en même temps que la version papier ? Sinon, depuis quand est-il en place ?

N.R. Il y a eu un site Internet dès le lancement de la version papier en 2002, mais cela se résumait à un site vitrine. Seul la version PDF était disponible. Au fil du temps, le site s'est étoffé mais il n'y avait pas de rédaction web dédiée et les mises en ligne s'effectuaient en fonction du temps disponible.

2. Combien de personnes, journalistes et fonctions supports, sont dédiées à la version en ligne de Metro ?

N.R. Le site est alimenté par une équipe de 5 journalistes, renforcée en permanence par un stagiaire. Concernant les fonctions supports, il comprend un responsable des partenariats et bénéficie de l'appui d'un chargé des relations publiques qui travaille aussi pour le papier. Quant à la régie publicitaire, elle est assurée par TF1 actionnaire de notre journal à hauteur de 34,3 %.

3. La version en ligne est-elle un simple décalque de la version papier ?

N.R. Non. On ne se contente plus de rendre disponibles les articles du papier sur Internet. On ajoute des compléments d'information à certains articles quand l'actualité l'exige, on rédige des articles uniquement destinés à être publiés sur la version web et on élargit notre champ de couverture de certains sujets minoritaires dans la version papier. On donne plus de place à l'actualité Internet et High-Tech.

4. Quel est le modèle économique du site Internet ? Pratiquez-vous le e-commerce ou développez-vous des partenariats commerciaux ?

N.R. Le modèle économique de notre site Internet repose à 95 % sur la publicité. Cependant, nous développons les partenariats. Par exemple, un service de rencontre avec Meetic ou encore des petites annonces gratuites avec Vivastreet. Dans le premier cas, nous touchons un pourcentage sur chaque abonnement au service contracté via notre site, dans le second nous sommes rémunérés en fonction des clics des lecteurs.

5. Le site dégage-t-il des bénéfices ?

N.R. Pour l'instant, le site n'a pas encore atteint l'équilibre, ce qui est normal vu les investissements pour recruter une rédaction dédiée.

6. Qu'a apporté le remaniement du site en septembre 2006 ?

N.R. Plus d'interactivité, c'est-à-dire une plus grande exploitation des possibilités techniques offertes par le plurimédia. Nous proposons aux lecteurs des vidéos issues des sites comme Dailymotion ou YouTube. De plus, nous mettons en exergue chaque jour une vidéo par rubrique : extrême, insolite, people, politique pendant la campagne.

7. Le développement du titre sur Internet est-il une priorité stratégique ?

N.R. C'est la priorité numéro un de Metro France. L'essentiel des investissements vont se faire sur le web.

8. Comment envisagez-vous l'avenir du site ?

N.R. Nous devrions lancer une nouvelle version du site pour la fin de l'année 2007. L'idée est de mettre encore plus l'accent sur le user generated content.

9. Ce qui fait votre originalité à l'écrit, entre autres un traitement de l'information politiquement neutre ou la concision des articles, n'est-il pas un handicap sur Internet ?

N.R. Sur le net, on essaie de se démarquer du papier en élargissant notre ligne éditoriale - même si on reste politiquement neutre - et en adoptant un style plus percutant. Nous proposons plus de sports, plus de people, plus de High-Tech mais moins de politique, de sujets institutionnels et d'actualité monde. Le journalisme en ligne relève d'une autre culture, qui surprend parfois les journalistes papier. Les sondages sont très accrocheurs. Par exemple, « pour vous l'environnement c'est très important ou vous n'en n'avez rien à faire ? »

10. Comment attire-vous l'audience sur votre site ?

N.R. Essentiellement en faisant de l'autopromotion dans nos éditions papier. Nous profitions d'une diffusion nationale d'environ 800 000 exemplaires pour insérer des renvois vers notre site dans les colonnes de Metro. Plus marginalement, nous achetons des liens sponsorisés à Google. Par ailleurs, nous fidélisons l'audience au moyen du Club Metro qui existait avant que ne se développe sérieusement le site. L'internaute s'inscrit gratuitement au Club et reçoit quotidiennement une newsletter dans laquelle sont présents les annonceurs de Metro. En revanche, l'internaute bénéficie d'avantages divers comme des réductions sur certains achats ou encore des invitations pour des évènements culturels. L'audience du Club Metro, agrégée avec celle du site Metrofrance.com, compte pour environ un quart de l'audience totale.

11. Comment évolue votre fréquentation ?

N.R. Nous sommes partis de loin et nous sommes arrivés plus tard que les sites de certains quotidiens payants. Cependant, nous connaissons une forte croissance des visiteurs uniques depuis le lancement de la dernière version du site, en septembre 2006. A cette date, nous enregistrions environ 100 000 visiteurs uniques contre pas loin de 600 000 à l'heure actuelle.

Juillet 2007

Entretien avec Serge Guérin, auteur en 1996 de La cyberpresse.

1. A l'époque où le premier vous parliez de cyberpresse, les quotidiens avaient-ils pris conscience des potentialités mais aussi des menaces véhiculées par Internet ?

S.G. A l'époque, les quotidiens percevaient l'arrivée d'Internet uniquement comme une menace pour l'écrit. Les éditeurs se montraient plutôt frileux et n'avait pas mis en place de stratégie audacieuse.

2. Etait-ce de la presse écrite transposée en l'état sur Internet ou bien s'agissait-il d'un nouveau média ?

S.G. Dans la plupart des cas, il s'agissait d'une réplique du papier sur l'écran même si on assistait aux Etats-Unis à des tentatives plus développées. Aujourd'hui, la grande majorité des titres de presse ont cessé de considérer Internet comme quelque chose d'annexe et en ont fait un axe stratégique de développement. Soit c'est une façon d'aller séduire de nouveaux abonnés, soit Internet offre le moyen de développer les activités d'un éditeur. Si Murdoch rachète aussi cher le groupe Dow Jones, ce n'est pas pour l'existant mais pour les opportunités de décliner des activités sur Internet, sur les téléphones mobiles et les assistants personnels. Pour la presse qui cible les publics à fort pouvoir d'achat, l'électronique est un moyen de diversification et de création de valeur. Internet permet donc deux choses : multiplier les supports pour toucher un public toujours plus fragmenté et l'interaction avec le public, donc la création du lien social, fonction historique des médias. On assiste à une augmentation de la valeur sociale de la presse du fait d'une amélioration de l'interactivité rendue possible par Internet.

3. Qu'a changé pour les sites de PQN l'entrée dans une nouvelle phase de l'Internet, participative et communautaire, appelée communément le Web 2.0 ?

S.G. Fondamentalement, le Web 2.0 n'est que la continuité de ce qui existait déjà. C'est l'évolution du comportement des internautes et l'augmentation du niveau moyen de culture électronique du public. Se profile alors la question de qui fait l'information ? Le Web 2.0 laisse entendre que chacun est capable de devenir journaliste. Chacun est dans le vrai en parlant de sa propre expérience. Certains médias jouent avec le feu en donnant par trop la parole au public et en étouffant la valeur journalistique qui vient des fonctions de tri, hiérarchisation et surtout vérification de l'information. Pourtant, on s'aperçoit bien que toute parole n'a pas la même légitimité.

4. Les agrégateurs d'informations comme Yahoo actualités ou Google actualités représentent-ils une source de trafic supplémentaire ou bien exploitent-ils une faille juridique qui obère les recettes publicitaires des éditeurs professionnels ?

S.G. Cela pose un problème d'économie de la production de contenus. Nous sommes ici confrontés à un problème de rémunération et de valorisation du travail d'origine. Idéalement, ces agrégateurs devraient rétribuer les fournisseurs de contenus. De plus, les agrégateurs risquent de lisser et relativiser l'information en ne la hiérarchisant pas.

5. Les lecteurs qui paient - encore - leur presse quotidienne subventionnent-ils les éditions électroniques, le plus souvent gratuites (ou en partie gratuites), des journaux ?

S.G. Il y a quelque chose de cet ordre en effet. Toutefois, le développement sur Internet est à ce jour peu rentable car la valorisation publicitaire est trop faible, même si les choses commencent à évoluer. Rappelons quand même que le lecteur qui achète la version imprimée d'un quotidien bénéficie des avantages liés au papier : principalement confort de lecture et mobilité.

6. Peut-on envisager de lancer et maintenir un site Internet d'information politique et générale sans s'appuyer sur une version papier, comme par exemple Rue89  dont le slogan est Votre révolution de l'info et qui avait révélé le blocage par le JDD du non vote de Cécilia Sarkozy au second tour ?

S.G. Tout à fait. Cependant ces sites n'apportent pas une valeur ajoutée particulière par rapport aux éditeurs traditionnels. Ni en termes de diversité des contenus, d'angles d'attaque des sujets ou même d'affranchissement des pouvoirs. Dans le cas de la presse généraliste, la force de la marque reste prépondérante car le savoir-faire journalistique est difficilement imitable.

7. La presse quotidienne nationale papier, pénalisée par ses coûts fixes industriels, a-t-elle encore un avenir ?

S.G. Oui, à condition d'alléger sa structure et ses coûts car le papier reste un mode d'influence. De toute façon, l'enjeu dépasse le support et réside au niveau des compétences des journalistes. La bonne stratégie, c'est celle du groupe Edipresse qui a fusionné ses rédactions indépendamment du support. Au départ il y a une information qui est la même pour tous les médias et qui nécessite des journalistes pour l'appréhender. Ensuite, libre aux éditeurs de faire intervenir différents métiers pour la mettre en scène en fonction du support.

Table des matières

Remerciements 2

Avant-propos 3

Introduction 4

1. Du modem 56 Kbits au Web 2.0 6

1.1. Une présence historique sur le net 6

1.1.1. La genèse des sites de presse 6

1.1.2. Un modèle économique impératif ? 7

1.1.3. La fin des illusions : l'éclatement de la bulle 8

1.2. Le Web 2.0 ou la revanche du net 10

1.2.1. L'explosion du haut débit 10

1.2.2. La philosophie 2.0 13

1.3. Une crise du papier dans toute l'Europe 15

1.3.1. Une industrie papier déclinante 15

1.3.2. Epoque oblige 18

2. « La tare originelle » 21

2.1. D'où vient la gratuité ? 21

2.1.1. Une idéologie consubstantielle au développement du réseau 21

2.1.2. Justifications théoriques et empiriques 22

2.2. Un phénomène générationnel 24

2.2.1. Vieillissement chronique du lectorat 24

2.2.2. Importance du lectorat en ligne 26

2.3. Des concurrents de poids 29

2.3.1. La conquête du net 29

2.3.2. David contre Google 31

3. Quels modèles économiques à l'ère du Web 2.0 ? 34

3.1. Deux versants, trois possibilités 34

3.1.1. Le tout payant 34

3.1.2. Le tout gratuit 35

3.1.3. L'offre mixte 37

3.2. Construire une stratégie de marque 39

3.2.1. La marque : mieux l'évaluer et la développer tous azimuts 39

3.2.2. Diversifier les modèles économiques 42

3.2.3. Miser sur les spécificités du Web 2.0 45

Conclusion 47

Executive summary 48

Bibliographie 49

Annexes 51

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci