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Changements climatiques et production agricole dans les pays de la CEEAC


par Blaise Ondoua Beyene
Université de Yaoundé 2 - Master Degree 2019
  

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SOMMAIRE

Introduction générale 1

Première partie : Influence des changements climatiques sur le rendement agricole des pays de la CEEAC 13

Introduction de la première partie 14

Chapitre 1 : Revue de la littérature sur les effets des changements climatiques sur le rendement agricole 16

Section 1 : Enseignement théorique des effets des changements climatiques sur le rendement agricole 17

Section 2 : La littérature empirique des effets des changements climatiques sur la production agricole 24

Chapitre 2 : Analyse des effets des changements climatiques sur le rendement agricole dans les pays membres de la CEEAC 31

Section 1 : Analyse descriptive des effets des changements climatiques sur le rendement agricole 32

Section 2 : Changements climatiques et productivité agricole: analyse du sens de la causalité 41

Deuxième partie : Appréciation de l'efficacité des stratégies d'adaptations agricole aux effets des changements climatiques sur le rendement dans les pays de la CEEAC 52

Chapitre 3 : Enseignement de la littérature sur les stratégies d'adaptation aux effets des changements climatiques 55

Section 1 : Enseignement de la littérature sur les stratégies d'adaptation 56

Section 2 : Stratégies d'adaptation aux changements climatiques mises en oeuvre en agriculture 62

Chapitre 4 : Analyse de l'efficacité des stratégies d'adaptation agricole aux effets des changements climatiques sur le rendement dans les pays de la CEEAC 71

Section 1 : Analyse descriptive des stratégies d'adaptation aux effets changements climatiques et du rendement agricole dans les pays de la CEEAC 72

Section 2 : Effets des stratégies d'adaptation agricole aux changements climatiques sur le rendement agricole: analyse du sens de la causalité 78

Conclusion générale 90

Références bibliographiques 103

Table des matières 103

Introduction générale

1-Contexte

La relation entre la croissance et l'environnement a été mise en évidence par Nordhaus (1977, 1974). Il a étudié les conséquences de la recherche de la croissance économique dans la conservation de l'environnement, les moyens par lesquels les ressources naturelles pourraient freiner la croissance et la question des changements climatiques. Nordhaus (1993), a également développé un modèle Dynamique Intégré desChangements climatiques et de l'Economie (DICE), qui a étendu le modèle néoclassique de Ramsey (1928), avec des équations représentant les phénomènes géophysiques et leurs relations avec les résultats économiques(Aghion et al., 2009).

Selon Kolstad et Moore (2019) les premières études évaluant les dommages économiques que causent les changements climatiques ont été effectuées par Smith et Tirpak (1989), ils utilisaient des modèles de processus pour simuler les effets de variables climatiques changeantes. Les travaux récents se sont concentrés sur les approches statistiques utilisant des données historiques.Ces approches utilisaient un point dans le temps, exploitant la variation transversale du climat pour estimer l'effet marginal des changements à long terme dans la distribution de la température et des précipitations. C'est notamment le cas de Mendelsohn, Nordhaus et Shaw en 1994. Plus récemment, de nombreuses recherches ont été effectuées pour mettre en évidence les effets de la variation interannuelle de la météo sur l'activité économiques.C'est le cas de Carleton et Hsiang (2016)ou de-Roy et Haider (2019).

Stern (2007)a présenté les approches novatrices de la question du changement climatique et de l'économie. Elle a apporté une nouvelle dimension à l'analyse conventionnelle du changement climatique en créant le débat sur la question en relation avec l'économie(Roy et Haider, 2019).

Selon le cinquième rapport du GIEC1(*),les changements climatiquessont définis comme étant « une variation de l'état du climat qu'on peut déceler par des modifications de la moyenne et/ou de la variabilité de ses propriétés et qui persiste pendant une longue période, causée par des processus naturels ou des modifications anthropiques persistantes »(GIEC et al., 2014). PourLemoine (2018), les changements climatiquessont les transformations du climat qui regroupent tous les facteurs qui constituent le temps, à savoir les températures, les précipitations et les vents. Au sens plus étroit,Werndl (2016)définit le changement climatiquecomme le temps moyen ou plus rigoureusement, la description statistique en terme de moyenne et de variabilité des quantités pertinentes2(*) sur une période allant de quelques mois à des milliers ou des millions d'années. La période classique de calcul de la moyenne de ces variables est de 30 ans telle que définie par l'Organisation Météorologique Mondiale.

La Convention Cadre de Nations Unies sur les Changements Climatiques dans son article premier définitles « changements climatiques », comme des changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables (CCNUCC, 1992). Pour mieux appréhender le concept de changements climatiques dans le cadre de notre travail, nous privilégieronsla définition donnée par le GIEC, car elle s'intéresse plus aux manifestations qu'à leurorigine.

Dans la littérature, les coûts économiques du changement climatique avaient été estimés par la perte de la production due à l'impact des changements de température moyenne et des précipitations. Par exemple, Dell et al.(2012)montrent qu'une hausse de la température de 1°C au cours d'une année donnée entraîne une baisse de 1,4% du revenu par habitant. Dans un rapport,Ruth et al. (2007)ont estimél'impact économique du changement climatique aux États-Unis sur la base de la perte de la production actuelle due aux incendies de forêt, aux inondations, à la sécheresse et à l'élévation du niveau de la mer entre autres. Le rapport deStern (2007) sur l'économie du changement climatique montre que les coûts et les risques globaux du changement climatique équivaudront à perdre au moins 5% de PIB chaque année. Garnaut(2011) fournit des discussions sur l'influence des changements climatiques sur l'agriculture, les infrastructures, la biodiversité et les écosystèmes en Australie(Roy et Haider, 2019).

Selon Sheng et Xu (2019), les changements climatiques et la stagnation des investissements public dans la recherche et ledéveloppement sont des facteurs contribuant au ralentissement de la productivité agricole. D'après 'Bunn et al.(2015),les changements climatiques affectent tous les secteurs de l'économie,mais bien plus le secteur agricole. Les changements climatiques sous forme de températures à la hausse et des précipitations devraient réduire la superficie totale consacrée à la culture du café de près de 50% d'ici 2050. Cette réduction drastique pourrait avoir un impact négatif sur 25 millions de producteurs, principalement les petits exploitants et 125 millions de moyens de subsistance dans plus de 70 pays qui dépendent du café. De plus, le rendement diminuerait d'au moins 5% et les caféiers sauvages pourraient disparaître d'ici 2080 (Davis et al., 2012a).

Hanslow et al.(2014), constatent que les modifications des températures et des précipitations affectent négativement la croissance des pâturages.Ainsi, la production dans les principales régions productrices de produits laitiers décroît. Yang(2008)montre qu'unetempête plus forte engendre des pertes de la production agricole plus importante. En Afrique de l'Ouest,Blanc et al. (2008) ont montré l'influence qu'ontles pluies et les températures sur le rendement du coton au Mali.Doukpolo (2014)révèle que les changements climatiques constituent une menace sérieuse pour le développement agricole dans l'Ouest de la Centrafrique; les tendances futures des précipitations indiquent une baisse pouvant atteindre 20 à 42% de la production.''--''Molua(2008) en examinant les effets du changement des moyennes climatiques surla production agricole au Cameroun révèle que l'agriculture subit l'influence des variables climatiques.Belloumi (2014) dans ses études en Afrique du Sud-est montre que la variable précipitation affecte positivement la production agricole tandis que l'augmentation globale de la température moyenne annuelle la fait diminuer.

Les changements climatiques limitent la production dans le secteur de l'agriculture. Cette baisse des rendements nécessite des stratégies d'adaptation3(*) plus appropriées pour réduire la vulnérabilité agricole des populations. La gestion des plantations et la disponibilité des éléments nutritifs peuvent aussi contribuer à réduire les effets de ce phénomène. Dans le climat tropical humide, l'excès de pluies constitue un frein au développement de la production agricole à cause du lessivage des nutriments, de la multiplication des champignons et autres facteurs comme les bactéries, les insectes, les ravageurs et les adventices. L'utilisation des produits phytosanitaires permet de lutter contre ces menacesopportunistes qui nuisent audéveloppement de la production(Doukpolo, 2014b).

Dans le cadre de la réponse aux effets des changements climatiques, plusieurs mesures sont prises, mais celles-ci ont pour objectif d'atténuer les effets des changements climatiques. Au niveau international, la communauté internationale à travers la Conférence des Parties de Paris4(*) (COP21), s'est fixéepourobjectif de maintenir le réchauffement global en dessous de 2°C. L'Afrique se trouve dans l'une des zones au mondelesplus exposées aux changements climatiques bien qu'elle ne soit responsable qu'à 4% des émissions totales de CO2 ;ce qui ne l'empêche pas de s'impliquer dans le processus d'atténuation et d'adaptation '''''(BAD, 2016). Au niveau régional, la COMIFAC est la plateforme fédératrice des réponses au changement climatique. Pour cela,elle devrait prendre en compte les initiatives scientifiques et opérationnellesavec pour souci l'adaptation aux changements climatiques ; la REDD+ avec deux axes stratégiques : le premier (REDD) qui vise la réduction de l'émission de CO2, le second (+) qui vise l'absorption des gaz à effet de serre.Au plan national,à l'exemple duCameroun, certaines actions ont été menées par les pouvoirs publics sur desquestions environnementales.C'est notamment ce qui a permis à ce paysces 20 dernières années de se doter dedeux documents stratégiques sur les questions environnementales à savoir le Plan National de Gestion de l'Environnement et le Plan National d'Adaptation aux Changements Climatiques du Cameroun, adoptés respectivement en 1996 et 2015(Bodjongo, 2018).

Les changements climatiques entravent la productivité agricole enAfrique.Les pays de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) ne sont pas en reste. Cette communauté économique régionale, constituée de 11 pays5(*),s'étend sur une superficie de 6,7 millions km2 et comptait près de 185 millions d'habitants en 2017. De 2010 à 2017, le secteur agricole a été la principale source d'emploi en Afrique centrale au sens de la CEEAC représentant près de 70% de l'emploi contre 30% pour le reste des secteurs6(*).La hausse des exportations de matières premières et de la production agricole a favorisé la croissance de ces pays,en plus, la CEEAC dispose d'un potentiel agricole important avec des atouts certains tels que d'abondantes ressources en eau douce, la disponibilité des terres fertiles ainsi qu'une main d'oeuvre jeune et abondante(BAD, 2019). Cependant, cette sous-région qui abrite le second grand espace forestier au monde fait face à plusieurs manifestations et conséquences des changements climatiques-'``'''( Ly, 2014).

L'agriculture est la principale source de revenu des populations des zones rurales de l'Afrique centrale -'(Lambi et Forbang, 2009a; Tingem et al., 2008). Aussi, les produits agricoles représentent une source de devises et une opportunité pour le développementdes pays de la CEEAC.

Tableau 0-1: Classement des pays de la CEEAC dans la production de banane, cacao, café et coton (2013-2017).

Pays

Produit

Angola

Burundi

Cameroun

RCA

RDC

Banane

1er

3ième

4ième (1eren 2015)

19ième

12ième

Cacao

16ième

 

5ième (4ième en 2013)

18ième

14ième

Café

44ième

8ième

6ième

36ième

29ième

Coton

1er

4ième

2ième

5ième

6ième

Source : FAO(2017)

En 2013 l'Angola occupait la place du plus grand producteur de banane en Afrique avec près de 3,09 millions de tonnes,le Burundi 3ième avec ses 2,23 millions de tonnes,le Cameroun avec 1,53millions de tonnes occupait la 4ième place (en 2015 il a occupéla 1ière),la République Démocratique du Congo venait en 12ièmeposition avec 0,323 millions de tonnes et enfin la république Centrafricaine avec 0,129 millions avait la 19ième place.A l'analyse, l'Angola, le Cameroun et le Burundi font partie des 3 pays de la CEEAC qui enregistrent le plus haut niveau de production de banane en Afrique.

Entre 2014 et 2015, le Cameroun occupait le 5ième rang des pays producteurs de cacao en Afrique, alors qu'en 2013 il occupait la 4ième place. Il fait donc partie des pays de la CEEAC qui enregistrentunfort niveau de production de cacao en Afrique,la Centrafrique se trouvant presqu'au dernier niveau de l'échiquier.

En 2016, le Cameroun a occupéla 6ieme place des plus grands producteurs de café en Afrique,aucun pays de la CEEAC ne se figurantparmi les 5 pays les moins producteurs du continent. Concernant le coton, suivant le classement des 11 pays de la CEEAC, l'Angola occupaitle premier rang suivi du Cameroun en 2017.

Ainsi,l'on constate que l'agriculture revêt une place primordiale dans les économies de la CEEAC, ce qui justifie notre intérêt àétudier l'influence des changements climatiques sur laproduction agricole ainsi que l'efficacité des stratégies d'adaptation des agriculteurs.

Le problème que soulèvecette étude est celui de la vulnérabilité de la production agricole face aux effets des changements climatiques dans les pays membres de la CEEAC. Il amène le scientifique à étudier le phénomène afin de garantir la souveraineté alimentaire et le développement économique durable des nations.

2-Problématique de l'étude

La plupart des études qui estiment les coûts économiques des changements climatiques utilisentdeux approches : l'approche dynamique qui intègre différentes spécifications des modèles de croissance dans sa fonction de dommage7(*), elle est utilisée pour analyser l'impact des changements climatiques sur la croissance économique et l'approche énumérative quant à elle,s'applique secteur par secteur pour identifier les effets distincts des changements climatiques sur l'économie, des chercheurs tels que Nordhaus (1991), Tol (1995), Cline (1993)Fankhauser et Tol(2005), Stern (2007), Pindyck(2011), Ashraf et al. (2014), etcont appliqué cette méthode(Roy et Haider, 2019).

Depuis l'étude de Rosenzweig et Parry (1994) qui met en évidence les effets des changements climatiques sur l'agriculture, un débat considérable s'est construit autour de l'ampleur des conséquences que pourraient avoir les changements climatiques sur l'agriculture(Ochou et Quirion, 2019). Dans ce débat deux approches s'opposent, d'une part celle basée sur un modèle agronomique, qui vise à mettre en évidence l'impact des changements climatiques sur le rendement des cultures, d'autre part celle dite ricardienne qui vise quant à elle à déterminer l'impact du climat sur le rendement,précisément sur l'indicateur économique comme la valeur de la production, la marge brute de l'exploitation agricole ou la valeur de la terre (Sheng et Xu, 2019).

L'analyse faite par Nordhaus (2006) met en évidence les effets des changements climatiques sur l'activité économique, plus particulièrement sur l'agriculture, le tourisme et la santé humaine-----(Geng et al., 2019).

Carleton et Hsiang (2016)ont interrogé sur la nature du lien entre les pertes de rendements agricoles et les changements climatiques.Ils considèrent quecette relation est non linéaire. Les pertes de rendement sont en majorités dues à un climat plus chaud, ce résultatest retrouvé aux États-Unis, en Afrique, en Europe, en Asie du Sud-Est et en Inde. Les cultures ici sont souvent plus sensibles aux températures durant certaines phases du cycle de production(Carleton et Hsiang, 2016).

Dans la même veine, Sultan et al. (2013)ont scrutéégalementla relation entre les variations du climat et le rendement du sorgho et du mil. Lorsque les températures sont élevées, les impacts négatifs observés ne peuvent être compensés par un accroissement de pluie. Les auteurs montrent que les possibilités d'une réduction de la productivité agricole semblent plus élevées dans la région soudanienne en raison d'une sensibilité exacerbée aux changements de température par rapport à la région sahélienne, où les rendements agricoles sont plutôt sensibles au changement de précipitations (Sultan et al.,2013).

Fishman (2016)va plus loin en s'intéressantaux saisons.Selonl'auteur, au cours d'une même saison de production, les exploitations qui connaissent moins de jours extrêmement pluvieux présentent des rendements endommagés par rapport à la même quantité de pluie répartie uniformément sur les jours de production. Ces diverses fonctions de réponse des cultures ont été récupérées et répliquées pour les principales cultures mondiales telles que le maïs, le riz, le soja et le blé (Fishman, 2016).

Karn (2014)met en évidence la sensibilité de la production rizicole au Népal face aux changements climatiques. Selon l'auteur, le rendement par hectare augmente lorsqu'il y'a accroissement des températures, or elle baisse pendant les périodes très chaudes. Les précipitations quant à elles,semblent avoir un effet négatif sur la productiondans la mesure où elles tombent lorsque les plants de riz sont en phase de maturation (Karn, 2014).

Mwongera et al. (2014)montrentque le risque d'échec d'une culture après la germination est plus élevé au cours des longues pluies qu'au cours des courtes pluies en raison de la difficulté à prévoir le début, l'irrégularité des jours de pluie et la durée des périodes de sécheresse pendant la phase d'émergence de la culture.En plus, ils constatent également que les pertes de semences sont dues majoritairement aux variations des précipitations, ensuite à la sécheresse et enfin aux conditions d'humidité (Mwongera et al.,2014).

Schlenker et al. (2013) se penchent quant à eux sur les capacités d'adaptation des agriculteurs tels que l'extension de l'agriculture sur des terres auparavant non-exploitables et l'ajustement des cultivateurs en réponse à la sécheresse. Ces deux conceptions de l'adaptabilité de l'agriculture restent non réconciliées et l'identification des obstacles à l'adaptation tels que des incitations insuffisantes ou des coûts d'adaptation élevés constituent une contrainte pour les producteurs du secteur (Schlenker et al.,2013).

Selon Mendelsohn et al. (1994)les effets des changements climatiques pourraient avoir été surestimés à la fois dans la littérature théorique et empirique.Probablement, au cours des cinquante prochaines années, la menace à l'échelle mondiale serait moins importante que ce qui est actuellement projeté. L'auteur en se projetant jusqu'en 2100 constate que les impacts annuels nets des changements climatiques sur l'activité économique ne représentent que 0,1 à 0,5% du PIB mondial. Des estimations qui sontfaiblespour avoir un impact significatif dans la période la plus immédiate (Mendelsohn et al.,1994).

Le débat scientifique sur l'ampleur des effets, la nature de la relation entre changements climatiques et rendement agricole reste d'actualité et semble ne pas avoir pris fin.On a peu d'évidences empiriques au sujet de l'efficacité des stratégies d'adaptationmises en oeuvre dans le cadre des pays de la CEEAC. Pour combler cette insuffisance, on se propose de répondre à la question de savoir :quelle est l'influence des changements climatiques sur la production agricole dans les pays de la CEEAC?

Cette question peut être subdivisée en deux questions spécifiques:

· Quelle est l'influence des changements climatiques sur le rendement agricole dans les pays de la CEEAC?

· Les stratégies d'adaptations agricoles aux changements climatiques sont-elles efficaces dans les pays de la CEEAC?

3-Objectif de l'étude

L'objectif principal de ce travail est d'évaluer l'influence des changements climatiques sur la production agricole dans les pays de la CEEAC;

D'une façon spécifique, nous allons :

· Evaluer les effets des changements climatiques sur le rendement agricole dans les pays de la CEEAC;

· Apprécier l'efficacité des stratégies d'adaptation agricole auxchangements climatiquesdans les pays de la CEEAC.

4-Hypothèses de recherche

Dans le but d'atteindre les objectifs susmentionnés, nous formulons l'hypothèse selon laquelle : Les changements climatiques ont une influence négative sur la production agricole des pays de la CEEAC.

Par conséquent, il en découle les deux hypothèses secondaires suivantes :

H1 : Les changements climatiques influencent négativement le rendement agricole dans les pays de la CEEAC;

H2 : Les stratégies d'adaptations agricoles aux changements climatiquessont inefficaces dans les pays de la CEEAC.

5- Revue de la littérature

L'influence des changements climatiques en tant qu'objet d'étude obtient toute sa caution scientifique dès lors que le chercheur l'inscrit dans le champ approprié.

Dans la littérature, l'analyse théorique sur le plan économique de l'effet du climat sur l'agriculture s'est faite suivant plusieurs approches, notamment l'approche par fonction de production(Rosenzweig et Parry, 1994)et l'approche ricardienne8(*)''(Ashraf et al., 2014; Dinar et al., 1998; Jeder, 2012; Mendelsohn et al., 1994).

C'est à la suite de l'approche par fonction de production que Mendelsohn et al. (1994)ont développé l'approche ricardiennedans le but de corriger le biais présenté par l'approche par fonction de production à savoir : la surestimation des dommages du changement climatique sur la production en omettant les diverses possibilités d'adaptation des agriculteurs en réponse aux conditions socio-économiques et environnementales. Ainsi, cette approche permet d'examiner les déterminants des rendements agricoles en tenant compte des facteurs climatiques et des facteurs non climatiques. Toutefois, l'approche ricardienne de base laisse place à des critiques. Comme limite :

(i) il lui est reproché de considérer les prix comme constants (Deressa et al., 2005);

(ii) il lui est également reproché de ne pas décrire les types et coûts des mesures d'adaptation au changement climatique (Elbehri et Burfisher, 2015).

Dans la littérature empirique, pour estimer les effets du climat sur le rendement agricole, on distingue trois approches à savoir :

(i) l'approche basée sur les indices agro-climatiques : elle permet d'estimer de manière prévisionnelle les effets des variations climatiques sur l'agriculture dans le temps---(Trnka et al., 2011) ;

(ii) les modèles de simulation de culture basés sur les processus, notamment les modèles climatiques et les modèles de culture : ils permettent de comparer l'impact du changement climatique selon les localités ou les périodes. Il existe une quinzaine de modèles climatiques développés par des équipes pluridisciplinaires, à l'instar des modèles HadCM3, IMPACT, SARRA-H, etc(Sultan et al., 2013) ;

(iii) les modèles économétriques : ils présentent l'avantage de prendre en compte simultanément tous les facteurs susceptibles d'influer les rendements agricoles et sont utiles pour évaluer l'impact du changement climatique dans les conditions réelles des paysans qui sont caractérisés par une gestion sous-optimale de leurs activités agricoles.

Dans les modèles économétriques on retrouve :

(i) les modèles de régression linéaire multiple(Ouedraogo, 2012) ;

(ii) les modèles en données de panel-(Medeiros et al., 2019; Quan et al., 2019);

(iii) la méthode de Heckman'(Maddison et al., 2007).

Dans le cadre de cette étude, l'estimation de l'influence des changements climatiques surle rendementagricole et l'estimation de l'efficacité des stratégies d'adaptation nous convie à fairerecours à des modèlesen données de panel. L'un des avantages des données de panel est la prise en compte des caractéristiques chronologiques et spatiales propres aux individus étudiés(Engoung et al., 2018).

Démarche méthodologique de l'étude

Afin d'atteindre nos objectifs, répondre aux questions de la problématique et vérifier nos hypothèses, notre méthodologie consistetout d'abord àfaire une analyse descriptive à travers laquelle nous présenteronssuccinctement les données ainsi que l'évolution des différentes variables.Ensuite,nous procéderons à une analyse économétrique qui consistera à établir des modèles de données de panel qui mettront en relation : le rendement agricole et changements climatiques -(Medeiros et al., 2019) pour vérifier la première hypothèse ;le rendement agricole et stratégies d'adaptation '''''(Quan et al., 2019) pour vérifier la seconde hypothèse.

L'influence des changements climatiques sur le rendement agricole dans les pays de la CEEAC est mise en évidence par des panels statiques à effets aléatoires estimés par la méthode des Moindres Carrés Généralisés. Quant à l'efficacité des stratégies d'adaptation agricole aux effets des changements climatiques sur le rendement dans les pays de la CEEAC, nous avons estimé deux panels statiques à effets aléatoires9(*) par la méthode des Moindres Carrés Généralisés ensuite, un panel simple à effets fixes10(*)a été estimé par la méthode de Moindres Carrés Ordinaires en fin, un panel simple à effets aléatoires11(*) estimé par la méthode des Moindres Carrés Ordinaires. Pour ces deux méthodes, nous avons effectué au préalable le test de spécification de Hausman (1978) pour décider de la forme du modèle12(*) à retenir, le test de Wooldridgepour l'autocorrélation de premier ordre et le test de Wald pour l'hétéroscédasticité. Le plus intéressant avec ces deux méthodes d'estimation réside sur le fait que, celle des Moindres Carrés Généralisés nous permet de corriger simultanément les problèmes d'autocorrélation de premier ordre et d'hétéroscédasticité tandis que, la méthode des Moindres Carrés Ordinaires permet de corriger les problèmes d'hétéroscédasticité détectés.

Par ailleurs, notre échantillon est constitué de 04 pays13(*)de la CEEAC observés sur une période de 09 ans de 2003 à 2011. Les données utilisées dans l'analyse descriptive et économétrique proviennentdes sources secondaires. Il s'agit de la base des données de la Banque Mondiale sur les changements climatiques (CCKP, 2018), de la base de données de la Banque Mondiale sur l'indicateur du développement dans le monde (WDI, 2018) et de la base de données de Food and Agriculture Organization (FAOSTAT, 2018).

6-Organisation du travail

Au vu des enjeux du secteur agricole dans le développement économique des pays de la CEEAC, nous tenons à nous saisir des facteurs qui peuvent constituer un obstacle à la production agricole dans cette sous-région. Dans le cadre de ce travail, nous nous intéressons donc aux changements climatiques,aux rendements agricoles ainsi qu'aux stratégies d'adaptation. De ce fait, notre analyse s'organise autour dedeux parties relativement à nos sous-objectifs énoncés plus haut. Ainsi, la première partie porte surl'influence des changements climatiques sur lerendementagricole dans les pays de la CEEAC. Elle est constituée de deux chapitres relatifs à notre première hypothèse. Le premier traite de la revue de la littérature des effets des changements climatiques sur le rendement agricole (chapitre 1), le second analyse l'influence des changements climatiques sur le rendement agricole dans les pays de la CEEAC (chapitre 2).La deuxième partie, organisée également en deux chapitres relatifs à notre deuxième hypothèse, traite de l'appréciation de l'efficacité des stratégies d'adaptation agricole aux effets des changements climatiques sur le rendement dans les pays de la CEEAC. Le chapitre inaugural de cette partie s'appesantit sur l'enseignement de la littérature sur les stratégies d'adaptation aux effets des changements climatiques (chapitre 3), le deuxième quant à lui renvoieà l'analyse de l'efficacité des stratégies d'adaptation agricole aux effets des changements climatiques sur le rendement dans les paysde la CEEAC (chapitre 4).

* 1Rapport du groupe international d'expert sur le climat (2007).

* 2Les quantités pertinentes sont le plus souvent des variables de surface telles que la température, les précipitations et le vent.

* 3 Augmentations des surfaces cultivées, mettre en place des systèmes d'irrigation.

* 4 La Cop est une Conférence Internationale sur le Climat qui réunit chaque année les pays signataire de la CCNUCC. L'édition 2015 (COP21) a été organisée par la France. Cette COP21 engage tous les pays du monde à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à maintenir le réchauffement sous la barre des 2°C d'ici 2100.

* 5 Angola, Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatorial, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe et le Tchad.

* 6 Soit 20% pour les services et 11% pour l'industrie.

* 7Les modèles notables de cette approche sont le modèle de Solow (1956), le modèle de Ramsey-Cass-Koopmans, le modèle de Mankiw, Romer et Weil, etc.

* 8Cette technique a été baptisée méthode ricardienne car elle est basée sur l'observation de Ricardo (1817), selon laquelle la valeur des terres reflète la productivité de ces terres sur un site soumis à une concurrence parfaite.

* 9 Pour le rendement du cacao et du café.

* 10 Le rendement de la banane.

* 11 Le rendement du coton.

* 12Modèle à effets fixes ou à effets aléatoires.

* 13 Angola, Cameroun, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo.

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