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Discriminations et conflits, Contribution à l'étude de la « conscience de condition » de la population de Ngaba

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par Jean Pierre Mpiana Tshitenge wa Masengu
Université de Kinshasa - D.E.A en sociologie 2004
  

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4.5.2. L'auto-phagie sociale.

La promotion du paraître au détriment de l'être comme stratégie de distinction sociale plonge la population de Ngaba, ce qui, du reste, est vrai pour l'ensemble de la société congolaise, dans un cannibalisme social singulier, dont la proie est la société elle-même. Ce processus d'auto-consumation consiste pour la société à s'auto-détruire en détruisant toutes les valeurs cardinales sur lesquelles reposent les sociétés éprises du progrès. Cette autophagie se réalise par le biais de plusieurs pratiques, à savoir :

1. La socialisation de l'anomie et de la déviance sociale.

Nous avons vu que dans le contexte de pauvreté de Ngaba, la majorité de la population accorde une importance capitale à l'avoir matériel, et spécifiquement à la parure. Cette recherche effrénée de l'avoir matériel et du paraître engendre des conduites déviantes, enfreignant les normes sociales. Les réactions à l'anomie et à la déviance ainsi provoquées sont mitigées. Elles vont, de manière générale, de la simple dénonciation, à l'indifférence, à la tolérance en passant par la plébiscite. C'est ainsi que la mégestion et le détournement des biens publics pour l'enrichissement personnel reçoivent les ovations dans la populations. Ils sont perçus comme le signe de bravoure et de clairvoyance (miso makasi) de la part même des victimes que sont les bénéficiaires. Par contre, les gestionnaires assumant leur mandat public ou l'ayant achevé dans l'honnêteté sans chercher à accumuler illicitement la fortune sont criblés des réprimandes pour n'avoir pas pu « profiter de leur temps ». La question qui revient, dans ce cas, sur toutes les lèvres est celle de savoir si ces gestionnaires « yuma », c'est-à-dire insensés et nonchalants, croient, de par leur honnêteté, redresser le pays qui a sombré dans le chaos depuis la nuit des temps. Ainsi, la vertu, la probité loin de susciter l'admiration de la communauté déclenche, par contre, un étonnement (négatif bien entendu) et passent pour les anti-valeurs dans une société d'obsession pour le confort matériel et le paraître et du gain facile.

L'essentiel aux yeux de cette population c'est l'argent et l'argent à tout prix, quelle que soit la voie par laquelle on l'obtient. C'est dans cette même perspective qu'il convient d'inscrire des pratiques rétrogrades telles la prostitution, l'escroquerie, etc. qui sont tolérées par la plupart des parents, pour autant qu'elles rapportent de l'argent.

L'hyper religiosité constaté dans cette Commune, comme partout ailleurs dans la Ville de Kinshasa, ne rentre-t-elle pas dans cette perspective de la recherche de l'avoir matériel et d'enrichissement facile. Au lieu de s'investir dans le travail créateur du bonheur, les responsables et fidèles des églises de réveil passent le plus clair de leur temps dans les cultes et veillées de prière et caressent le rêve et les illusions des mapamboli (bénédictions matérielles) que dispenserait Dieu, ce faiseur de miracle.

2. L'investissement improductif.

La promotion de paraître conduit ceux qui peuvent se procurer de l'argent à l'investir dans l'ostentation. La plupart des gens préfèrent placer leur argent dans ce qui peut accroître leur prestige social, notamment dans l'habillement et les bijoux coûteux, dans les femmes et dans les libéralités ostentatoires et, si la bourse le permet, dans des voitures de luxe, la réfection ou la construction des villas. Dans ce contexte, dès qu'une personne, surtout dans le rang des bana Lunda, connaît une promotion sociale, liant la distance à la distance spatiale, elle quitte la Commune de Ngaba pour s'installer à Righini, à Salongo ou à Macampagne pour y louer une maison coûteuse, digne de son nouveau status, ou encore va loger dans des hôtels fuyant la « crasse » de leurs habitations habituelles, s'achète des habits avec « griffes », une voiture Mercedes, etc. De manière générale, cette mobilité sociale ascendante ne dure que l'espace d'un matin. En effet, ces prétendus promus sociaux se maintiennent difficilement dans le nouveau status acquis à cause notamment des exigences financières que requiert le rang social qu'ils pensent avoir atteint et, par conséquent, retombent dans leur situation antérieure et soldent tous les emblèmes publics de distinction sociale qu'ils s'étaient procurés. Ils liquident parcelles, voitures, équipements ménagers, habits, etc. et retirent tous les enfants des écoles prestigieuses où ils étaient inscrits à cause de l'incapacité à continuer d'honorer les frais de scolarité. Ainsi, se maintient et se renforce la spirale du développement du sous-développement dans lequel est pris en étau la population de Ngaba.

Ce déclassement social ne s'explique autrement dans la population que par la source mystique dont on soupçonne l'avoir de la plupart des « gens fortunés ». On estime, dans l'imaginaire collectif, que les puissances occultes reprennent de la main gauche ce qu'elles avaient donné de la main droite pour diverses raisons, notamment la non observance des interdits. Et pourtant, les éléments objectifs justifient bien ce déclassement, à savoir la gabegie financière, l'invasion de la famille et le mauvais placement de fonds dans des secteurs non rentables (maisons, mobiliers, par exemple).

3. L'aliénation.

Nous avons indiqué ci-haut que l'avoir matériel, particulièrement l'habillement et la parure constituent les valeurs essentielles de notre univers d'enquête. Dans ce contexte, la perception et l'évaluation d'un individu procède d'abord et principalement de son avoir matériel. Les composantes culturelles de sa personnalité telles l'éducation, l'instruction, la moralité, son rôle social par le biais de sa profession, relèvent d'un critérium de la seconde zone ou, à la limite, ne sont pas pris en considération. Cette réification de l'homme conduit la plupart des démunis à s'auto-déprécier, à se sous-estimer, à développer un complexe d'infériorité. Par conséquent, ils se considèrent comme moins importants et ne peuvent entreprendre quoi que ce soit pour la promotion sociale tant d'eux-mêmes que de la collectivité. Par contre, elle survalorise les « gens fortunés », même si eux-ci sont d'une nullité culturelle avérée ou d'une moralité publique douteuse.

La promotion du paraître trouve sa plus forte expression dans l'exaltation et la fétichisation de tout ce qui est importé de l' « Occident ». La fascination qu'exercent les biens importés de l' « Occident » sur l'imaginaire collectif des habitants de Ngaba est si prégnante que leur acquisition est perçue comme signe de distinction sociale. Des expressions telles que « ewuta poto », etc. (ça vient de l'Europe) suffisent pour convaincre toute personne, même la plus parcimonieuse , à débourser un montant colossal pour acheter un produit même s'il est de moindre qualité.

L'aliénation se traduit par ce que S. Shomba dénomme « mythe de l'Occident » comme voie royale de promotion sociale ainsi que nous l'ont révélé les enquêtés. Nombreux nous ont déclaré que dans leur projet de mobilité sociale, de la même manière que pensent la plupart de gens de leurs quartiers, voyager en « Occident » serait l'unique moyen d'améliorer la situation sociale. La pérennisation de la crise socio-économique et son accentuation, constatent Claude Sumata, Théodore Trefon et Serge Cogels, ont contribué à alimenter davantage l'imaginaire collectif congolais en dépeignant les pays occidentaux comme une source d'enrichissement sûre, facile et illimitée111(*). Le rêve de tout jeune et toutes les familles de Ngaba est à ce jour d'aller ou d'avoir un membre de famille en « Occident ». La seule présence d'un membre de famille dans l'outre-mer (quoi qu'il fasse) est une espèce d' « assurance-vie », un motif de fierté et accroît le prestige social des ceux restés au pays. C'est à ce titre que les familles qui tiennent d'avoir un représentant en « Occident » consentent d'énormes sacrifices jusqu'à se dépouiller de tous les patrimoines (liquidation de parcelle, voiture équipements ménagers, bijoux, etc.) laissant les autres membres dans une insécurité totale. Leur espoir est que les transferts des fonds qu'effectuera ce représentant une fois arrivé en « Occident » aideront la famille à recouvrer le patrimoine aliéné et à assurer la survie. Ainsi donc, la famille qui a réussi à « pousser » (kotindika) l'un des siens en « Occident » l'évoque et le clame en toute circonstance pour montrer qu'elle est différente des autres.

Ce mythe produit des comportements irrationnels, surtout dans les milieux juvéniles. Il conduit certaines filles, et même certaines femmes, à des illusions ou à la déviance sociale. Il y a des filles qui brisent leurs fiançailles ou qui rejettent les sollicitations locales parce que soit elles ont reçu les promesses d'un nouveau amant qui est ou qui compte voyager en « Occident », soit parce qu'elles attendent indéfiniment un fiancé parti en « Occident » sans écho. Et pourtant rares sont ces promesses de mariage qui aboutissent.

Le rêve d'un « Occident prodigue » engendre, par ailleurs, la fainéantise dans le chef de certains jeunes de Ngaba. Espérant ou rassuré de s'envoler pour l'Occident qu'ils appellent affectueusement Lola ou Mikili (Ciel ou monde), ils renoncent à tout entreprendre localement et conjecturent déployer leur savoir-faire, rien que quand il s'y seront rendus. Ils abandonnent études, refusent de travailler, croisent le bras et excellent dans une fanfaronnade oratoire les projetant dans ce monde où l'on mange les pommes de terre (mbala) en lieu et place de l'indigène « fufu ».

Ce mythe se fait également observer à l'occasion d'un deuil d'un membre de famille dont le décès est survenu en « Occident ». La famille éprouvée se comporte comme si elle était honorée du fait d'accueillir le corps du défunt venant de l'étranger. Et tout doit être mis en place pour attester réellement que ce deuil est celui d'une personne morte en « Occident ».

4. La négation de la méritocratie

La promotion de l'avoir et du paraître comme fondement de l'évaluation sociale pose la problématique de l'instauration d'une société méritocratique en RDC. Nous savons à la suite de M. Tumin que tout système de stratification sociale obéit à des valeurs qu'une société s'est donnée à réaliser. Bien plus, la classification hiérarchique des status sociaux est tributaire des conséquences sociales ou des fonctions sociales du rôle attaché à chaque status, du caractère simple ou complexe du rôle et des compétences requises pour exécuter ce rôle. Ainsi, dans la société américaine fondée sur le progrès économique, M. Tumin observe que la qualification et les réalisations (qui se constate plus par la profession exercée) conditionne le rang social d'un individu et que l'acquis n'est qu'une conséquence logique de ces deux premières. Ici, c'est la profession exercée, évaluée en fonction de sa contribution à l'avancement de la société, qui conditionne la position d'une personne dans la hiérarchie des status. Et que ce sont les qualifications personnelles ou les compétences acquises qui déterminent l'entrée dans telle ou telle autre profession. Et donc, la place occupée dans la hiérarchie des status est corrélative au mérite d'un chacun.

Tel n'est pas le cas dans la Commune de Ngaba. Ici, comme déjà dit ci-haut, l'avoir matériel n'est pas un indice du status social mais le crée. Il suffit, quel que soit son profil social, d'avoir de l'argent pour se voir attribuer un rang honorifique dans la société. En être dépourvu, même si on accomplit des tâches nobles dans la société, conduit au déshonneur social. Ainsi est la condition des enseignants, des agents de l'Etat, médecins, etc. qui sont la risée de la société face aux « bana lunda », aux « mikilistes » et aux autres malfrats qui accumulent l'argent à la suite du détournement des deniers publics. Dans ces conditions, le mérite dû à la qualification et aux réalisations professionnelles ne peut peser dans la balance d'estimation de la valeur sociale d'un individu.

Ceci est compréhensible dans le contexte congolais. Dans ce pays où n'existent pas des valeurs cardinales qui pourraient orienter la société dans son ensemble, les secteurs les plus fondamentaux pour la vie d'un Etat moderne sont les plus négligés et mal dotés en ressources tant humaines, matérielles que financières. La spontanéité et l'intuitionnisme étant les principaux socles de l'action des gouvernants, centrée essentiellement sur l'enrichissement personnel au détriment de la communauté nationale, il est tout à fait logique que le mérite en termes de compétence, de performance, de réalisation et d'apport au progrès de la société ne soit pas célébré et reconnu comme mesure d'évaluation sociale. Le déshonneur auquel sont contraints les opérateurs des autres secteurs de la vie nationale, réduits au rang de nécessiteux du fait des mauvais traitements subséquents à la déconsidération de leurs métiers par l'instance politique, justifie l'invasion du champ politique par leurs rescapés au point que même ceux qui n'en ont pas l'habitus, les capitaux indispensables pour jouer dans ce champ s'y déferlent dans le seul but de gagner l'argent et autres profits matériels et ainsi accroître leur prestige social.

La conséquence, c'est l'implosion dans laquelle se trouve plongé le pays, aujourd'hui, du fait de l'inconséquence des actions menées par une classe politique caractérisée par un habitus de jouissance, de satisfaction des intérêts individuels ou corporatistes, au détriment de ceux de la population, comme le constate André Lubanza Mukendi112(*). A cause d'eux, « l'Etat fonctionne aujourd'hui comme lieu d'émergence d'hommes vides, d'affirmation d'une humanité gaspillée, de consécration de l'absence d'obligation de montrer la vérité, (dans ce contexte), alors l'autorité perd sa noblesse et cesse d'être le siège de l'humanité. »113(*)

Ainsi, les énergies sociales s'investissent non pas dans ce qui peut promouvoir toute la société dans son ensemble; mais dans ce qui peut permettre à chacun d'amasser la fortune même contre ses enfants, ses frères, sa communauté et sa nation. Cette recherche de la gloire personnelle n'est-elle pas aux racines du chaos actuel du Congo qui fait suite à la trahison de certains de ses fils qui se sont vendus aux étrangers juste pour avoir l'argent ?

CONCLUSION GENERALE

Depuis plus d'une décade, il s'observe, dans les sciences sociales en générale et en sociologie en particulier, une apathie vis-à-vis des études touchant aux inégalités, particulièrement celles consacrées aux classes sociales. Et pourtant, elles ont mobilisé des chercheurs de divers horizons au cours de vingt années qui ont précédé la décennie 90. La chute du mur de Berlin, la « fin » de la guerre froide, le triomphe du libéralisme ou de l'américanisation et le discours sur la démocratie et les droits de l'homme semblent avoir sonné le glas du marxisme et/ou du matérialisme historique qui ont servi de cadre théorique général de leur analyse. On a dès lors considéré que la société démocratique rend superfétatoire l'étude des inégalités sociales dans la mesure où son essence même en constitue non seulement une négation mais aussi une lutte acerbe. Ce qui plaide en faveur de ce mutisme. Mais la réalité vécue quotidiennement renseigne que les inégalités persistent et constituent encore la toile de fond des différents conflits et violences enregistrés sur l'ensemble de la planète.

Nous avons voulu, à travers cette étude, ressusciter ce débat qui demeure de tous les temps au centre des préoccupations de la sociologie, notre discipline, et y participer. Comme l'écrivait M.Tumin « l'étude des sources, des modes et des conséquences des inégalités sociales est un domaine privilégié de la recherche en sociologie. C'est un domaine qui gardera toute son importance aussi longtemps que subsisteront les inégalités sociales, dans la mesure tout au moins où celles-ci influenceront les possibilités de réalisations et les modèles de vie des diverses couches sociales qui constituent toute société. »114(*)

Tout en nous situant dans le prolongement de nos prédécesseurs, nous avons bifurqué en rompant avec le cadre théorique général dans lequel ils ont élaboré leurs travaux, à savoir le matérialisme historique qui a fait ses preuves dans la saisie du fonctionnement des systèmes sociaux, spécialement ceux générés par le capitalisme. Cette rupture a résulté de la nécessité de prise en compte du nouvel ordre des phénomènes socio-économiques, à savoir l'émergence du secteur informel qui porte par devers lui d'autres formes d'inégalités ou de stratification sociale non saisissables par l'orthodoxie marxiste. Elle a été, par ailleurs, imposée par le nouveau regard que nous avons jeté sur la société en tant qu'espace multidimensionnel, où circulent plusieurs capitaux (économique, culturel, social et symbolique) que les tenants du marxisme réduisaient à la seule dimension économique.

Cette rupture et le caractère exploratoire de notre étude nous ont suggéré une approche nominaliste dans la saisie des inégalités sociales. Cette approche, comme l'indique E.D.O. Longandjo, cerne le social (socius), objet de la sociologie, à partir des éléments de la conscience sociale115(*). Nous avons, pour ce faire, accordé une importance capitale au décryptage que l'agent social fait de la structure de la société dans laquelle il vit. Dans le cas d'espèce de notre étude, cette conscience sociale est rendue par les discriminations socio-économiques qui se formalisent par les labelages aussi bien mélioratifs que péjoratifs en tant qu'un système de classement des individus dans des catégories sociales(supérieures ou inférieures). Il s'agit en fait, des « classements que les agents eux-mêmes ne cessent de produire dans l'existence ordinaire et par lesquels ils tentent de modifier leur position dans les classements objectifs ou les principes mêmes selon lesquels ces classements sont produits116(*).

Ainsi, l'hypothèse principale qui a sous-tendu cette étude s'articule autour de l'affirmation selon laquelle les discriminations sociales que charrient les labelages dans la Commune de Ngaba induisait à la fois une stratification ou un classement des individus dans les rangs sociaux et une lutte symbolique dont tout champ social est le siège. Cette hypothèse fait suite à nos questions sur le sens que revêtiraient ces labelages.

L'hypothèse ainsi formulée a été confrontée aux données récoltées pendant nos enquêtes dans la Commune de Ngaba à l'aide d'un questionnaire administré à un échantillon de 200 unités extraites d'une population mère de 204.449 habitants nationaux. Les résultats obtenus au cours de ces enquêtes ont été mis au crible de la méthode dialectique (à travers ses quatre lois) sous les auspices de la théorie de champ social. La gestion de l'intelligence de ces résultats nous a imposé une articulation de l'ensemble du travail. C'est pourquoi, après avoir discuté des travaux antérieurs ayant exploré notre domaine d'investigation et esquissé notre modèle d'analyse, nous avons été amené à situer notre univers d'enquête dans le tissu urbain de Kinshasa, reflet de la stratification sociale induite par la colonisation. Toutefois, il sied de mentionner que la logique ségrégationniste à la base de l'agencement de ce tissu urbain a été, toute proportion gardée, défaite à la suite de la détérioration des conditions socio-économiques de la majorité de la population habitant cette ville et à l'inadéquation des infrastructures de cette dernière. Ainsi constatons-nous une sorte de brassage des couches sociales au point qu'il est difficile de leur attribuer de manière exclusive les quartiers. Ayant ainsi situé notre terrain d'investigation, nous avons, par la suite, présenté le cheminement des enquêtes, les difficultés rencontrées ainsi que les résultats obtenus. Ceux-ci ont été, en dernier lieu, discutés à la lumière de la théorie de champ social pour en extraire toute la substance.

Il résulte des nos enquêtes que la distribution des positions sociales, mieux le classement social, est principalement corrélative au confort matériel d'un individu et subsidiairement de son niveau d'instruction traduisant son capital culturel. Le confort matériel ou le capital économique se reflète, dans l'optique de nos enquêtés, à partir du train de vie d'un individu, principalement dans le domaine de l'alimentation, de l'habillement, et de transport qui sont, en fait, les maillons forts de la chaîne des problèmes vécus au quotidien. Ainsi, la différence des trains de vie, comme l'ont affirmé nos enquêtés, induits la différence des rangs sociaux appréhendés dans une logique binaire ou dualiste. Ce faisant, l'espace social est découpé en deux positions. D'une part les gens fortunés, c'est-à-dire qui sont pourvus du capital économique et placés au sommet de la hiérarchie sociale et, d'autre part les démunis occupant le bas de l'échelle. Dans chacune de strates ainsi délimitées, le capital culturel réconforte la position d'un individu par rapport aux homologues de condition. Comme nous pouvons le constater, ces résultats contrastent d'avec ce que P. Bourdieu avait remarqué dans sa société où l'intelligentsia constitue la fraction dominée de la classe dominante. Ici, par contre, les gens fortunés pourvus du capital culturel jouissent d'un plus grand prestige que les homologues de condition qui en sont dépourvus.

L'assignation d'un individu à un status dans les interactions quotidiennes se réalise par une attribution inégalitaire de la considération sociale qui, dans le cas d'espèce, est en faveur des gens fortunés et en défaveur des démunis. C'est pourquoi, la considération, l'honneur social ou le prestige constitue un enjeu majeur à la conquête duquel les agents sociaux déploient leurs capitaux. Il est, par conséquent, le capital symbolique qui détermine la forme des luttes qui ont cours dans le champ social. La distinction sociale pour jouir de ce capital symbolique se réalise, comme nous l'ont affirmé les enquêtés et tel qu'il ressort de nos observations quotidiennes, dans l'ostentation esthétique qui permet d'assurer la domination sur les autres habitants du quartier. Cette ostentation esthétique prend généralement l'allure d'un duel de fringue au cours duquel sont exhibés les beaux habits, les bijoux, la parure et d'autres biens matériels tels que la voiture, le téléphone, etc. Ce duel prend un relief particulier dans les milieux féminins et chez les exploitants des diamants appelés bana lunda. En définitive, en lieu et place d'indice d'un status social, le confort matériel en constitue même l'essence. Il s'agit là d'une attribution patrimoniale du status social.

Par ailleurs, c'est par la manipulation exclusive de certains biens valeureux que les gens fortunés exercent (ou espèrent exercer) leur domination sur les démunis. Cette domination symbolique rencontre la résistance des autres habitants du quartier. Ce qui génère des conflits qui marquent de leur empreinte la quotidienneté dans la Commune de Ngaba. Nous avons souligné dans ce travail que ces conflits épousent la nature de leur enjeu, le prestige qui, rappelons-le, est le capital symbolique. Dans la plupart des cas, les conflits s'expriment sous forme des violences symboliques et langagières avant de déboucher sur la violence physique à travers la bagarre. Nous les avons qualifiés des conflits de condition étant donné qu'ils procèdent de la conscience des différences des conditions de vie entre les habitants du quartier.

Cette forme de lutte symbolique a été jusqu'ici ignoré de la plupart des études congolaises des inégalités sociales d'orientations objectivistes.

La recherche de la gloire, de l'honneur ou du prestige par le confort matériel est à l'origine de ce que nous avons nommé l'autophagie sociale, une sorte de cannibalisme social dont la proie est la société elle-même. Par celle-ci, il faut entendre toutes les pratiques par lesquelles la société contribue à sa propre destruction en renonçant aux valeurs fondatrices du progrès dans les autres sociétés. Il s'agit de ce que d'aucuns appelleraient les antivaleurs, notamment la corruption, le détournement des deniers publics , la prostitution, le vol, etc. auxquels se livrent certaines personnes pour accroître son capital économique, par ricochet, son prestige. La dégénérescence actuelle du Congo n'est-elle pas subséquente à cette pratique sociale ?

Notre prétention dans ce travail n'est pas d'avoir réalisé une oeuvre achevée ni d'avoir inventé les nouveaux faits moins encore des nouvelles théories. Nous pensons, c'est là peut-être le mérite de ce travail, avoir, grâce aux matériaux fournis par nos enquêtes, apporté un nouvel éclairage aussi bien sur la problématique de la stratification sociale, une matière trop dynamique, que sur les théories y relatives. Ainsi, à travers cette étude, il se dégage que contrairement aux marxistes qui n'accordent de l'importance qu'à l'économique, la présente étude a révélé qu'en toutes circonstances, il n'est pas déterminant en dépit de sa prépondérance. Le capital culturel et le capital social dans le contexte congolais jouent aussi un rôle important dans le classement statutaire d'un individu.

D'autre part, les Catégories Sociaux Professionnelles (CSP) qui ont servi des critères de découpage de la société en différentes classes sociales ne sont pas opérationnelles dans le contexte de notre univers d'enquête. Ici, comme nus l'avons montré, le rang social d'individu est principalement subordonné à son train de vie. Dire qu'on est médecin, avocat, ouvrier n'est pas aussi révélateur du status social que le standing de vie. Ceci tient de l'informalité qui marque de son sceau toute la société congolaise.

Par ailleurs, C'est une autre contribution de cette étude, la lutte dans le champ social, traduite par des conflits analysés dans ce travail, ne s'articule pas autour des intérêts matériels spécifiques et n'a pas pour finalité la révolution ou la transformation de la société globale, mais plutôt vise l'accumulation du capital symbolique, à savoir le prestige ou l'honorabilité sociale.

Une telle perspective, fondée sur la promotion de l'avoir au détriment de l'être, a comme incidence la dégénérescence de toute une société investissant dans l'irrationalité.

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III. MEMOIRES, THESES ET NOTES DE COURS

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TABLE DES MATIERES

DEDICACE..................................................................................................................I

AVANT PROPOS.............................................................................................................II

INTRODUCTION GENERALE 2

1. Problématique 2

2. Hypothèse 5

3. Méthode 6

4. Techniques 8

4.1. L'observation directe 8

4.2. La technique documentaire. 8

4.3. Le questionnaire 8

4.4. L'entretien 9

4.5. L'échantillonnage. 9

5. Intérêt du travail 9

6. Contenu du travail 11

CHAPITRE I : TRAVAUX ANTERIEURS ET ESQUISSE D'UN MODELE D'ANALYSE 12

SECTION 1 : REVUE DE LA LITTÉRATURE 12

1.1 Repères théoriques. 12

1.2. Etat des lieux des études congolaises de classes sociales. 15

1.2.1. La constitution de la classe organique à la colonisation 16

1.2.2. Classes sociales et émancipation nationale 17

1.2.3. La sociologie de l'impérialisme 19

1.2.4. Des études évaluatives 26

1.2.5. Des nouvelles perspectives. 29

SECTION 2. SITUATION DE CLASSE, CONDITION SOCIALE ET HIÉRARCHIE SOCIALE À KINSHASA/NGABA 34

SECTION 3. ELABORATION DU MODÈLE D'ANALYSE 35

1.3.1. Espace social comme lieu de différenciation. 35

1.3.2. Propriétés générales des champs sociaux. 40

SECTION 4. DES CONCEPTS 42

1.4.1. Stratification sociale. 43

1.4.2. Habitus. 46

1.4.3. Perception sociale 47

1.4.4. Conflits sociaux. 49

1.4.5. La ville 50

CHAPITRE II. KINSHASA. MORPHOLOGIE ET CLIVAGES SOCIAUX 53

INTRODUCTION 53

SECTION 1 : QUELQUES CONSIDÉRATIONS GÉO-DÉMOGRAPHIQUES SUR LA VILLE DE KINSHASA 54

2. 1. 1. Milieu physique 54

2.1.2. Données démographiques 55

SECTION 2 : ARCHITECTURE DE LA VILLE DE KINSHASA 57

2.2.1. La ville et les quartiers résidentiels. 58

2.2.2. Les premières cités noires. 58

2.2.3. Les cités planifiées. 59

2.2.4. Les cités d'autoconstruction. 60

SECTION 3. QUELQUES PROBLÈMES DE LA VILLE DE KINSHASA. 62

2.3.1. Emploi et chômage dans la ville de Kinshasa 62

2.3.2. Problèmes d'équipement sanitaire. 65

2.3.3. Problèmes d'accès à l'éducation 67

2.3.4. Problèmes de transport. 68

2.3.5. L'insécurité alimentaire. 73

CHAPITRE III : DE L'ORGANISATION DE LA RECHERCHE ET DE LA PRESENTAION DES RESULTATS. 76

SECTION 1 : DU CADRE CONTEXTUEL. 76

3.1.1. Quelques aspects géo-historiques. 76

3.1.2. Quelques caractéristiques socio-économiques de la population de Ngaba. 76

3.1.3. Quelques aspects relatifs à l'habitat 78

SECTION 2. ORGANISATION DE LA RECHERCHE 78

3.2.1. Univers d'enquête et échantillon. 78

3.2.2. Collecte des données 83

3.2.3. Difficultés rencontrées. 87

SECTION 3 : PRÉSENTATION DES RÉSULTATS 89

3.3.1. Eléments d'identification des enquêtés 89

CHAPITRE IV : INTERPRETATION DES RESULTATS 116

SECTION1. DE LA CONJONCTURE SOCIALE DES DISCRIMINATIONS SOCIALES À NGABA 117

4.1.1. Contraintes économiques et restructuration du champ social. 119

4.1.2. Elites matérialistes et ostentation distinctive. 121

SECTION 2. PERCEPTION ET ATTRIBUTION DES POSITIONS DANS LE CHAMP SOCIAL. 123

4.2.1. Assignation de la condition sociale à Ngaba 124

4.2.2. Assignation patrimoniale des status sociaux. 126

4.2.3. Contraintes existentielles, capital social et fluidité des frontières entre groupements sociaux. 133

4.2.4. Reconnaissance et acceptabilité de ces pouvoirs. 137

SECTION 3. JEU ET ENJEU DES DISCRIMINATIONS SOCIALES. 138

4.3.1. Acteurs. 139

4.3.2. Jeu : labelage ou étiquetage. 140

4.3.3. Enjeu des discriminations sociales. 142

4.3.4. Réactions à l'infériorité statutaire. 147

SECTION 4. DISCRIMINATIONS, TENSIONS ET CONFLITS DE CONDITION À NGABA. 151

4.4.1. Fondement des conflits. 152

4.4.2. Manifestation des conflits. 154

SECTION 5 : DISCRIMINATIONS ET DÉGÉNÉRESCENCE SOCIALE. 157

4.5.1. Le Prétentionnisme 157

4.5.2. L'auto-phagie sociale. 158

CONCLUSION GENERALE 165

BIBLIOGRAPHIE 170

TABLE DES MATIERES 175

* 111 SUMATA, C., TREFON, T. ET COGELS, S., « Images et usages de l'argent de la diaspora congolaise : les transferts comme vecteur d'entretien du quotidien à Kinshasa », in TREFON, T., (Sous dir. de), Ordre et désordre à Kinshasa. Réponses populaires à la faillite de l'Etat, L'harmattan, Paris, 2004, p.137.

* 112 LUBANZA, M., « L a problématique du renouvellement de la classe politique à l'épreuve de la crise de légitimité », in Perspective, les cahiers du Potentiel, Vol.01/12/2002, janvier -Février 2003, p.20.

* 113 KAUMBA, L., « Exister, c'est résister », in Conflits et identité, Op-Cit, p.176.

* 114 TUMIN, M., Op-Cit, p.30.

* 115 LONGANDJO, E.D.O. , « Pour une sociologie des conflits », in Conflits et identité, Op-Cit, p.78.

* 116 BOURDIEU, P., « Espace social et genèse des classes sociales », Art-Cit, p.5.

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